en petits inoiceanx que l’armée mange sur le lien avec une espèce
(le fureur. Quand on a , de part et d’autre, dévoré de cette
manière nn ennemi, la guerre se termine; ou s’envoie respectivement
de jeunes fdles en ambassade; elles sont couronnées de
fleurs et apportent des Iruits en présent. On commence une féte
générale.
Nous avions vainement essayé, pendant plusieurs semaines, de
demander à Kadou ses idées sur Dieu ; il (aisait tous ses efforts
pour nous comprendre, mais inutilement. Enfin, im jour il y
réussit; son visage était enflammé, tout son corps tremblait; « alil
s’écria-t-il, vous voulez savoir le nom de celui ([ne nous ne
voyons ni n’entendons»; en même temps il se bouchait les yeux
et les oreilles •. « son nom est Taoutoup » ; lui ayant demandé où
il demeurait, il montra le ciel.
Kadou croyait beaucoup à la vertu magique de plusieurs chansons
pour calmer les vents. Quel (Vit son étonnement, lorsque
parvenus dans les mers an nord du tropique, en allant aux iles
Aléoutiennes, il vit que les vents, malgré ses longues ballades,
malgré les gestes dont il les accompagnait pour leur montrer de
quel C (J té ils devaient se diriger, malgré ses crachements fréquents,
ne lui obéissaient pas. 11 ne pouvait revenir de sa surprise; «Oh!
nous disait-il, dans les iles d’où nous venons et dans ma patrie,
les vents ne peuvent pas durer plus de temps qu’une chanson »,
L’assertion de cet insulaire n’était [las dénuée de fondement; car
on sait qu’en général, entre les tropiques, les coups de vent ne
durent souvent (pie c[uel([ues minutes, ou an [ilus qneUjues
bem-es.
Le froid gênait beaucoup Kadou, rions en étions incommodés
nous-mêmes; le thermomètre mar([uait i8 degrés, et nous étions
obligés de changer nos vikements légers des tio|)i([nes coiilrc
d’autres [dus chauds. Kadou était aussi vêtu fort cbaiidcmenl ;
il vit pour la première fois tomber de la neige, quand nous
fûmes par le parallèle de 5o" nord; ce phénomène le surprit
beaucoup.
Quand nous le prîmes à bord, nous Ini dîmes que nous serions
deux mois en mer sans voir la terre, il n’en parut pas effrayé ;
mais ayant [lassé plusieurs semaines sans l’apercevoir, d n’ajoiita
plus foi à nos discours; il crut que nous étions, de même que
lu i , poussés loin de son pays par les vents , et que nous le cber-
cbions en vain. Cependant, ayant observé que nous étions tranquilles
et que rien ne manquait à bord, ses ni([uietndes cessèrent
bientôt.
Il portait à son cou un cordon sur lequel il marquait le tenqis
par des noeuds ; mais son calcul mancpiait d’exactitude. Il attachait
un grand prix à sou collier de coc[uillages. Il nous raconta que
dans la dernière guerre, lorsque les insulaires dArno vinrent poui
piller Aonr , il prit part au combat; il avait vaincu un ennemi
et se disposait .à Uii couper le cou avec nn coquillage; tont-à-
coup une jeune fdle éplorée accourt , se jette a ses pieds et lui
demande grace pour son père; ému par ses larmes, Kadou épargna
la vie du père. La jeune fille, éperdue de joie de voir sou
père sauvé, pria Kadou d’accepter sou collier en témoignage de
sa reconnaissance; Kadou le reijut avec plaisir. Le père lui proposa
d’épouser sa fille, et l’invita à venir demeurer à Arno, oii
il l’appellerait son fils. Quoique la jeune fdle plùt beaucoup à
Kadou, il rejeta l’offre, ne voulant avoir rien de (^omimm avec
les ennemis de Radak; mais il promit de porter le collier tonte
sa vie.
Durant les premiers jours qn’il lut a bord , sa curiosité étail
excessive; il voulait tout voir. Bientôt il examina tout avec indifférence,
étant rassasié de iioiiviNuilé : et enlin il regarda tout comme
[lossiblc.
rji-r
■jt