coup. Les planches XI et XII montrent les pirogues de Ratlak;
la planche XVIII celles des Carolines.
D’après les récits de Kadou et nos propres observations, les
habitants de Radak ne rendent pas nn culte public à un être suprême.
Cependant on voit ordinairement dans le coin oriental de
leurs cabanes divers objets entassés, tels ([ue de petits cailloux,
des feuilles de cocotiers, des cocos, des tètes de poissons. Lors([ue
nous y touchions , ou même lorsque nous les regardions , les insulaires
montraient de l’impatience et nous criaient aussitôt émo! emo!
Nous pûmes donc juger que c’étaient pour eux des choses sacrées.
Nous vimes aussi plusieurs fois , autour du cou des chefs, des
cordons de feuilles de baquois noués d’une manière particulière
( pl. I. ). Il nous parut qu’ils avaient aussi quelque chose de
sacré ; enfin le tatouage nous sembla aussi appartenir à ce qm
concerne la religion ; car quelques-uns de nos compagnons de
voyage ayant demandé à être soumis à cette opération, ne purent
y parvenir, les chefs la différant toujours. Kadou nous dit que
cela ne pouvait se faire sans la permission de la divinité, et qu’il
fidiait fimplorer pendant plusieurs nuits consécutives; alors on
entend un sifflement qui est le signal de fapprobation. Cependant
tous les hommes âgés de plus de vingt ans sojit tatoués; les femmes
reçoivent cette parure quand elles arrivent cà dix-sept ans;
mais ce n’est que dans file d’Aour que le tatouage est pratiqué.
Suivant le récit de Kadou, un bomme peut épouser plusieurs
femmes ; ordinairement il se contente d’une seule ; les chefs en
ont deux. Les femmes sont extrêmement fécondes; mais la mère
tue sans pitié tous les enfants qu’elle met an monde, quand elle
en a déjà trois ; elle se défait de même de ceux qui naissent
faibles ou mal conformés.
Comme chez la plupart des peuples dans l’enfance de la civilisation,
la pudeur et la chasteté sont étrangères aux idées de ces
insulaires, un homme peut offrir sans déshonneur, à nn autre,
les faveurs de sa femme; un père livre sans rougir sa fille aux
embrassements (fini étranger.
TonteCois ils sont moins déréglés que les hcabitants des iles
Sandwich. Nous n’avons pas aperçu parmi eux de maladies vénériennes
; cependant Kadou nous dit quils en connaissent une
qui lui ressemble beanconp. Si celui qui en est attac[ué ne se
hâte pas de recourir aux vieillards qui connaissent les vertus des
simples, il meurt en peu de jours.
Il paraît que la guerre règne ordinairement dans les iles Carolines,
excepté néanmoins dans l’île Ou lé a , où l’on jouit (finie
paix continuelle. Éap est au contraire la pins troublée; elle est
partagée entre plusieurs petits chefs. Quand fnn (feux, on un de
ses sujets, se croit offensé par un antre, il sonne aussitôt de la
conque, rassemble tous ses sujets, déclare que la guerre est inévitable,
et envoie à l’instant instruire ses adversaires de cette détermination.
On met en ordre les armes, qui consistent en javelots
de bambous, en longues piques de bois et en frondes. Cliacmi se
barbouille le corps de rouge, de noir et de blanc, et le visage de
suc jaune de cnrcuma, pour avoir fair pins terrible, et orne sa
tête de fleurs; on chante et on danse toute la nuit; au lever dn
soleil, tout le monde se rend au lieu fixé pour le combat, et
où le parti opposé est déjà arrivé. Alors commence la bataille,
qui se donne avec le plus grand ordre. Les chefs ont des conques
pour trompettes.
Au coucher du soleil ils donnent le signal, et tout le monde
fait retraite, ü n ne songe plus qu’à danser, à se divertir, à se
reposer; mais quand le soleil reparait sur fhoi izon, les deux
partis se montrent de nouveau sur le champ de bataille. On fait
des (leux cotés les plus grands efforts })Our s’emparer du corjis
d’un chef ennemi, après l’avoir tué; si l’on y parvient, on le cmqve