Quo i tp ’ils aiment à chanter, ils veulent alors être seuls, on sc
trouver avec leurs amis; s’il arrive quelqu’un qui les dérange, ils
cessent aussitôt, deviennent de mauvaise humear, et ne recommencent
que lorsqu’on s’est éloigné. Il ne faut pas non plus les
troubler quand ils causent amicalement avec un ami. Ils sont
constants dans leur amitié, mais jaloux.
Les Aléoutes se nourrissent de coquillages,de baleines, de poissons,
notamment de mornes; en été ils les mangent frais; et en
font sécher pour l’hiver. Quelquefois ils les font cuire. Ils se servaient
autrefois de pots de terre qu’ils fabriquaient; aujoard’lmi ils
emploient des vaisseaux de cuivre.
Ils sont bons chasseurs; ils tuent les animaux de mer avec un
javelot qu’ils lancent par le moyen d’une petite bascule. La chasse
aux oiseaux est la pins dangereuse, parce que ceux-c i , plaçant
leurs nids dans les rochers sur le bord de la mer, il est très-
difficile d’y grimper ; quelquefois on ne peut pas s’y tenir. On
gravit aussi sur ces rochers du côté de terre; on se fait attacher
autour dn corps avec une courroie; et on prend avec soi une corbeille
pour y déposer les oeufs des oiseaux. La courroie est empoignée
par plusieurs hommes robustes, qui la lâchent peu à peu,
et tiennent le chasseur suspendu en le dirigeant, d’après ses cris, à
droite ou à gauche, le soulevant ou l’abaissant, suivant qu’il rencontre
des nids. Très-souvent les courroies se cassent, et le pauvre
chasseur est déchiré par les pointes des rochers sur lesquels
il tombe. Malgré ses dangers, cette chasse est celle que les
Aléoutes préfèrent.
Ils vont ordinairement à celle des loutres de mer, dans de grands
bateaux. Quand ils aperçoivent un de ces animaux, ils forment
tout à l’entour, un grand cei’cle (pl. IV); et comme la loutre marine
nage avec beaucoup de vitesse, elle cbercfie à ,s’éclia|q)er hors de
cette enceinte. Alors il dépend de l’agilité des rameurs de décrire
de nouveau le cercle autour de l’animal. Etant obligé de respirer
souvent, il se montre à la surface de l’eaii ; alors on le lue en Ini
jetaMt de tous côtés des lances. Quand c’est nue femelle avec ses
petits, on la voit se défendre juscpi’au dernier moment. Elle les
prend avec ses pattes de devant; et comme elle ne peut pas nager
avec autant de vélocité, on la tue pins aisément.
La planche VIII représente les bateaux des Aléoutes. Lne
des iigiires en montre la carcasse, et l’autre le représente revêtu
de peau. On les fait aller à Faviron ■. ils marchent avec
beaucoup de rapidité; mais chavirent aisément, et ne se maintiennent
droits que par l’adresse du rameur. Cependant les Aléoutes
s’en servent pour de longs voyages. On envoie des bateaux
d’Ounalaclika à Kadiak et même à Sitka. Ils ne s’éloignent pas de
terre; s’il survient nn gros temps, on attache plusieurs bateaux
les uns à côté des autres •. alors ils peuvent délier les vagues les
pins furieuses. Les Aléoutes, quand ils sont en mer, mettent devant
leurs yeux une espèce de visière pour les préserver de l’atteinte des
flots (pl. IV , V et Vil) .
Les femmes sont très-adroites à tous les ouvrages des mains;
elles cousent avec beaucoup de délicatesse. Leurs fils sont faits de
fibres de baleines. Elles tressent de jolies corbeilles avec de fherbe
cpi’elles teignent en orange, en ronge, en brun et en noir; et les
décorent d’ornements très-agréables (pl. X ).
Elles ont l’air très-modeste •. cependant leur conduite ne répond
pas à cette apparence. Les hommes n’ont pas Pair de se soucier
beaucoup de leurs infidélités.
Apri's avoir fait à notre vaisseau les réparations nécessaires,
voyant ([iie la saison nous permettait de poursuivre notre navigation
au nord, nous [irimes à bord les Aléoutes qui devaient nous
servir de chasseurs et de rameurs dans le détroit de Béring et le
27 juin (10 juillet) nous mimes à la voile. Né
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