Le 18 lévrier mars), nous sommes arrivés licureiisemeiit an
milieu de ces iles. Nous avons péché à l’enlrée du passage beaucoup
de reipiins et de bonites, de même que dans (;enx des
autres iles. Aïln est situé par 10°. i 3’. 5a”. nord et 190“. 17’. 3o”.
à l’ouest de Greemvicb (192°. 87’. 45” - o. de Paris).
Les insulaires nous dirent que toutes les iles que nous avions
visitées, savoir ; Irigoub, Otdia, Medid, Kaben, Aour , Aïlu,
Arno, Medouro et trois autres encore, portent le nom général de
Radak; qu’une chaîne de groupes semblables se trouve au sud-
ouest, qu’elle est plus considérable et plus riche et se nomme
Ralik. C’est probablement la chaine nommée par les anglais Mulgrave
s Range.
Le 28 février (^12 mars), nous sommes partis d’Aïlu avec Kadou.
L’après-midi nous avons vu les deux groupes d’iles, que nous
avions découverts l’année précédente; et auxquels nous avions
donné les noms de Koutosqff Smolenskj et de Souvaroff.
Les coups de vent, les brumes, le mauvais temps, ne nous
ont permis de nous approcher des îles ( Koutousoff Smolenky)
que le i". ( i 3 ) mars. Nos canots étant allés suivant l’usage pour
chercher une passe entre les récifs, ne trouvèrent que deux, deux
et demi, trois et quatre brasses d’ean; il fallut donc renoncer à
l’espoir d’y entrer.
Bientôt plusieurs pirogues nous accostèrent. Le grand chef,
Lamari, se trouvait parmi ces insulaires. 11 s’occupait dans cette
ile à réunir des hommes, des pirogues, des provisions; il devait
dans trois semaines aller aux antres iles, rassembler sa flotte,
puis marcher à l’ennemi.
On nous dit, qu’à deux journées de navigation au nord-est,
il y avait une petite ile dépourvue de cocotiers, et (J’eau, et inhabitée;
mais les habitants de Radak y vont prendre des tortues
et des oiseaux de mer ; on l’appelle Rigar.
Le i 4 mars nous avons quitté les lies Radak, el nous nous
sommes diiigés vers les des Aléouliemies.
Kadoii ne tarda pas à s’accoutumer avec nous, et se conduisit
al)solimient comme un Luropéen. Étant naturellement imitateur,
il nous divciTit beaucoup; il ap[)rit, en très-peu de temps,
pinsicm-s mots russes, et comme nous avions retenu un grand
nombre de mots des iles Radak, nous parvenions à nous comprendre
mutuellement.
Il nous parla beaucoup d’Onléa, sa patrie, ainsi que des des
voisines, c[iic nous connaissons sous le nom d’archipel des iles
Carolines. Kadou les avait parcourues toutes, et avait même
visité les iles Pelew. Ses récits nous apprirent que ses compatriotes
étaient des navigateurs hardis, et entreprenaient souvent
de grands voyages par mer. Ln ef fet , nous sûmes aux iles Ma-
riannes f[iie les habitants des Carolines font tous les ans , au mois
de ma i , le voyage de File de Gnaliam pour y échanger, avec les
Espagnols, leurs pirogues et leurs coquillages contre du fei-.
Kadou nous raconta que ses compatriotes fliisaient un long
voyage à une ile, dont il ignorait le nom, pour y aller chercher
tlu fer; elle étail visitée par de grands navires comme le nôtre,
et les insulaires nommaient le fer lu - lu ; c’est le nom que les
naturels de Guabam donnent à ce métal.
Nous nous convahu[inines que Kadou était très-versé dans la
connaissance des étoiles; mais il lui préférait nos boussoles, car
il voyait que, même dans les temps brumeux et couverts, 011
pouvait régler sa roule avec cet instrument, tandis ipie les habitants
des iles, n’ayant que les étoiles |)our se conduire, sont
fort au dépourvu quand ils ne les aj)ercoi\ eut pas.
Les insidaires de Radak sont aussi de bons navigateurs; leurs
pirogues, de même (pie celles des Carolines, sont construites
pour pouvoir marchei- contre le vent, et leur ressemblent beau- m