m
m
( « )
eûmes doublé Pile King et ([ue nous fûmes entrés dans le détroit
de Behring.
Nous avions à gaïu'lie les iles Gvosdeff et la côte d’Asie qui
est très-haute; <à droite, la côte d’Amér ique, dont les montagnes
étaient Irès-éloignées. Vers le soir on aperçut une terre très-
basse dans l’est, et le 19 ( 3 i ), on mouilla près d’une pointe
de terre qui formait une baie à laquelle on donna le nom de
notre premier lieutenant, M. Chichmareff , mon ami (i).
En y débarquant, on trouva plusieurs buttes construites en
bois, moitié dans la terre, moitié en dehors; on y entre en
rampant par un trou qui sert de porte; on y pénètre aussi au
moyen d’une échelle, par l’ouverture pratiquée dans la partie
supérieure pour donner passage au jour. Tout annonçait que
c’étaient des habitations d’hiver.
Un grand nombre de chiens couraient de tons côtés; il y en
eut plusieurs qui vinrent au devant de nous en nous flattant,
ce qui nous surprit beaucoup , car ordinairement les chiens du
Kamtchatka, de l’ile Saint-Laurent et des Tchonktchis ne donnent
pas aux hommes cette marque d’amitié.
On découvrit au loin, dans la baie, un bateau qui allait à la
voile; elle était en cuir; et bientôt deux autres c[ui se tenaient
tranquilles et semblaient nous observer. On les appela inutilement,
ils s’éloignèrent. Avant de revenir à bord, nos gens laissèrent
à terre des outils de fer, des miroirs et du tabac; mais,
chemin faisant, ils virent deux bateaux tpii venaient vers eux.
Alors un de nos canots regagna le navire, et l’autre attendit les
indigènes ; ils s’approchèrent davantage avec beaucoup de hardiesse;
ils semblaient avoir des intentions peu amicales. Ils étaient
( 1 ) M. C h ic lim a r e ii c om m an d e a u jo u r d ’h u i un des d e u x v a is se au x tle l’e x p é d it io n e n v o y é e
pur l ’em p e r e u r île Rus s ie au d é tro it d e B e l i r in g , p o u r faire des d é c o u v e r te s ; il esl p ar ti de
C ro n s ta d t au m o is tle ju i l le t 1818.
( 7 )
armés de (lèches avec des pointes en caillou cl en dents de morse,
et de longues lances garnies en fer comme celles cpie les commer-
çans russes vendent aux Tcbouktcbis; on leur vil aussi de gros
grains de verroterie chinoise bleue et blanche. Notre canot
ne se sentant pas assez fo r t , retourna au vaisseau, accompagné
du second liateaudes indigènes, marchant avec précaution,
et les armes à la main. Ils vinrent le long du bord ; ils ne se
défaisaient pas volontiers tle leins armes, mais ils échangeaient
volontiers leurs vêtements pour du tabac; c’était ce qu’ils aimaient
le mieux; ils recherchaient aus s i , comme nous l’apprimes
par la suite, des coutelas, nous n’en avions pas; ils ne voulurent
pas des couteaux ordinaires, ü n n e j ju t donc pas leur acheter beaucoup
de choses de prix ; ils avaient une c[uantité de belles peaux
de renards rouges et noirs, des [leanx d’ondatra , tle martre, tle
loutre, tle renne. Ils se font d’excellents vêtements avec ces
deux dernières; quant aux autres, ils n’en font pas usage pour
eux-mêmes; ce sont des marcliandises dont ils sont abondamment
pourvus et dont ils connaissent bien la valeur; il est
probable qu’ils les vendent ii des peuplades américaines qui
habitent au sud, et dont ils reçoivent les verroteries de Chine.
Les Tcbouktcbis nous apprirent que souvent les habitants de la
côte d’Amérique, sur le détroit de Behring vont commercer
jusqu’à la Kolyma.
Le 20 juillet ( i août), on laissa tomber l’ancre à quatre milles
à peu près de la cole. On était alors par 66" 3y’ de latitude
nord et 164° 42’ de longitude occidentale. A la distance oii nous
étions de terre, on ne trouvait guère que quatre brasses, et
même (pielqncfois que trois brasses et demie de profondeur, le
long de la cote d’Amér ique, tandis qu’au contraire, le long de
la côte d’Asie (pii est escarpée et rocailleuse, la profondeur tout
prî's du rivage est fréipiemment de plus de dix-huit brasses. La
m