L’Alëoute peut tuer les phoques et les oiseaux, sans être obligé
cl’eii rendre compte à la compagnie. On foit avec les intestins
et avec les vessies des aiiimanx de me r , des habits ijiie 1 on met
par-dessus les autres ([uand il pleut, ou lorsque Ion va en mer.
On façonne aussi avec les peaux des oiseaux, des vêtements ([iii
sont très-chauds.
La compagnie d’Ainériipie, qui a son siège principal a Sitka,
( Norfolk-Sound ) envoie presque tous les ans des navires a Ou-
nalacbka, pour prendre les peaux qui ont été rassemblées, et
débarquer les choses nécessaires aux habitants.
Les Russes exercent rinspection sur les Aléoutes, sous les
ordres d’un agent q u i , de même que tous les antres, est subordonné
au gouverneur résidant à Sitka. A cette époque, ce poste
était rempli par M. de Baranoft. Les Russes qui demeurent à
Onnalachka, sont généralement des hommes sans éducation, que
leurs dettes ou même leur mauvaise conduite ont forcés d’abandonner
leur patrie. La conqiagiiie tâche de les gagner à son
service, leur avance de l’argent, leur lait de grandes promesses,
et les envoie dans ces contrées lointaines, où ils restent ordinairement
toute leur vie. Quoiqu’ils soient très-misérables, ils ne
laissent pas que de jouer un certain rôle parmi les insulaires ;
car , de même que ilans les possessions espagnoles et ailleurs sur
le continent américain , le nom de blanc suffit pour leur attirer
des marques de respect de la part des indigènes. L n R^usse reçoit
tons les quatre ans au plus, i 5oo à 2000 roubles, valeur en papier,
en marchandises, parce que la compagnie n’arrête ses
comptes que tous les quatre ans. On déduit les frais, el sur le
produit on paie tous les employés; mais ils n’ont pas d’émoluments
fixes. On leur donne ce que l’on appelle des ¡larts,
qui diminuent suivant les pertes de tonte nature que la compagnie
éprouve. Quelques employés n’ont (pi’une part; d’antres
en ont deux; les directeurs en ont jusqu’à cinq et six, et même
vingt, suivant l’importance des places. Il n’est pas permis aux
Russes de commercer avec les navires cpii arrivent; et leur
intérêt leur ordonne de veiller à ce que les Aléoutes s’en
abstiennent aussi.
La compagnie semble favoriser les dispositions des Russes qui
veulent s’endetter; ceux qui ont perdu l’espoir de retourner dans
leur patrie prennent tout ce qu’on veut leur donner, et tout ce
qui se trouve dans les magasins; la compagnie le voit avec plaisir;
cependant elle ne le permet pas volontiers aux vieillards. Lue fois
nous avons assisté à la vente publique des effets d’un Russe cpii,
à sa mort, devait beaucoup à la compagnie. Ses compatriotes avaient
l’air de mettre de l’opiniâtreté à pousser les guenilles dn défunt à un
prix dn double plus élevé que celui auquel on aurait pu se procurer
facilement des vêtements neufs; l’enchère resta au pins entêté, et la
dette du défunt fut transférée au vivant. La compagnie laisse
souvent ses employés manquer des choses les plus nécessaires,
par exemple de farine et de médicaments, et envoie souvent
des objets qui ne peuvent nullement servir cà ces gens. On vit
arriver une fois une grande c[iiantité de poudre à [loudrer, de
pommade, de boucles d’acier, de chcaines de montres, et d’autres
antiquailles; les nicagasins étant vicies à cette époque, les Russes
prirent ces marchandises , comme si elles eussent été de première
nécessité, et s’endettèrent. Depuis que M. Baranoff est gouverneur
de Sitka, ces événements scandaleux ne se renouvellent
plus il fait des échanges avec les navires des Etats-Lnis, et n’expédie
à Onnalachka (pie des objets utiles, à moins que les Américains
ne le forcent de recevoir en paiement une si grande c|uantité
de rhum ou de sirop, qu’il est obligé à son tour de ne pas envoyer
antre chose aux iles. Les Américains prennent de M. Baranoff,
les fourrures en échange de marchandises de Chine. La com