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ment mouillés par les vagues qui brisaient sur le rivage, que
nous ne pûmes faire usage de nos armes, car nos cartouclies
étaient toutes trempées.
Nous parcourûmes dans toutes les directions file, dont la longueur
est à peu près d’un mille trois quarts. Partout nous rencontrions
des sentiers, des écales de cocos, des endroits oii l’on
avait fait du feu, enfin deux vieilles cabanes qui tombaient en
ruines et une mauvaise pirogue creusée dans un tronc d’arbre.
Malgré tous ces indices du séjour des hommes, rien ne montrait
que l’ile eût été visitée depuis peu.
Le rivage est bas, et consiste en débris de corail et de madrépores;
l’ile entière en est formée; une couche de terre végétale,
profonde d’nn p ied , recouvre ce roc dans l’intérieur. On trouva
des réservoirs dans lesquels l’eau se conservait très-bien. Les
arbres les plus communs étaient le baquois et le cocotier. Nous
embarquâmes beaucoup de cocos le soir en quittant cette ile, à
laquelle nous donnâmes , à juste titre, le nom de l’homme généreux
qui avait entrepris notre expédition à ses frais. Puisse le
nom d’f/e Rumanzoff, que portera cette terre, être un témoignage
durable de notre reconnaissance. Elle est située par i/ f Sy’ de
latitude sud et i44° ££<8’ de longitude ouest.
Une autre ile basse, bien boisée, mais sans cocotiers, fut vue
le lo (22) avril , et nommée ile Spiridoff. Elle est située par
14° 40’ de latitude sud et i44° 58’ de longitude ouest.
Le 11) ^28 avril, on découvrit une longue chaine d’ilots liés
entre eux par des récifs; on n’y voyait pas de palmiers; elle fut
nommée Tzep Rurika ( Chaine du Rurick )-, le milieu se trouve
par i5° 22’ de latitude sud et 146“ 40’ de longitude ouest.
Le 18 ( 3o) avril, on aperçut de nouveau une terre plate avec
beaucoup de cocotiers; c’étaient les des de Lady P emi iyn , ainsi
nommées par un navire qui les vit le premier en allant de la
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Nouvel le-Hollande à la Chine en 1788; mais il ne .s’eii approcha
pas. Ces iles sont par 9“ 1’ de lat itude sud et 157° 34’ de longi tude
ouest.
Au coucher du soleil, 011 aperçut des hommes sur une pointe
sablonneuse de la côte septentrionale du groupe. Le lendemain on
l’approcha; et bientôt quatorze pirogues dans chacune des({uelles
on compta de six à treize hommes, s’avancèrent vers nous en
ramant, ils étaient entièrement nus, à l’exception d’une feuille
faite de bourre de coco qui leur couvrait les parties naturelles,
et cjui était attachée autour du corps par un cordon.
Le plus vieux de chaque pirogue, qui paraissait en être le
chef, sembla nous adresser un long discours, en levant en Tailles
mains dans lesquelles il tenait une branche de cocotier qu’il
agitait comme s’il eût voulu uous montrer qn’il ne s’y trouvait pas
d’armes. Ces Indiens avaient une feuille de palmier nouée autour
du cou, apparemment en signe de paix; cependant chaque pirogue
était pourvue de piques et de lances très-longues (Pl. XII ). Ces
pirogues, construites avec plusieurs morceaux de bois cousus ensemble,
avaient des balanciers.
Ces Indiens étaient d’une couleur brune-claire ; l’ancien de
chaque piiogue avait beaucoup ¡dus d’embonpoint que ses
compagnons, il était gros et gras; quelques-uns d’eux avaient
Tongle de chaque pouce presque aussi long que ce doigt.
Enfin, ils accostèrent notre bâtiment, et les échanges commencèrent;
ils nous donnèrent des cocos pour du fer, surtout des
clous; ils vendirent aussi des hameçons de nacre de perle, absolument
semblables à cenx des iles Sandwich. Ils finirent même
par se défaire de leurs armes, quand ils n’eurent plus autre
chose à troquer contre le métal qui faisait l’objet de leurs désirs.
Nos invitations pour qu’ils vinssent à bord furent infructueuses.
Plusieurs de ces Indiens commencèrent à arracher tout le