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pas nous accoster. Nous sommes entrés dans le groupe qui est
très-considérable; toutes les iles sont couvertes de belles lorêts
de cocotiers. Kaben est File principale; elle est située par 8°. 5a’
o” . nord et 189°. 11’. 3o” . à l’ouest de Geeinvich. 191°. 3 i ’. 45” -
O. de Paris. Nous avons laissé tomber l’ancre.
Le 3 i janvier (^12 février), une grande pirogue s’approcha; elle
était montée par quinze hommes; nous les avons appelés; plusieurs
insulaires se jetèrent à la nage et vinrent à bord. Ils nous
montrèrent leur chef, qui se distinguait par le tatouage de ses
côtés. Nous leur avons acheté beanconp de Fruits de baquois,
dont nous avons observé plusieurs variétés, une grande quantité
de cocos et de fruits à pain; on leur donna dn fer cpfils préféraient
<à tout. Nous leur avons fait de grands présents, et nous
avons conclu un pacte d’amitié en changeant de noms avec
plusieurs d’entre eux. A cette occasion nous avons renouvelé une
observation que nous avions déjà faite à Otdia et dans tous les
groupes de cet archipel que nous avions visités; c’est tpie les insulaires,
malgré toute la peine qu’ils se donnaient, ne pouvaient
pas jn'ononcer la lettre S. \ e r s le soir la pirogue nous quitta;
plusieurs insulaires qui avaient changé de noms avec nous, répétèrent
en criant bien fort cenx qu’ils avaient obtenus.
Le 2 ( 14 février), nous avons levé l’ancre et fait voile vers
d’autres iles situées au vent. Nous avons mouillé près de celle
que les indigènes nomment Tjan , et nous y avons débarqué.
Llle abonde en cocotiers; on y voit lieancoup de maisons; elle
est infestée de rats. Nous y avons aperçu quelc[ues poules cpii
couraient dans les bois; elle est bien peuplée. La couche de terre
végétale y est bien plus profonde que dans le groiqie d’Otdia,
elle a deux à trois pieds de pi'ofondem', de sorte que les insulaires
cultivent le taro; ils en ont deux variétés fpfils nomment
ouat et kndak. Nous y avons aussi trouvé ipiclques bananiers ipie
l’on appelle kaïbaran.
Les insulaires y vivent dans une plus grande abondance que
leurs voisins ; ils ont des fruits à profusion, aussi ne sont-ils pas
si maigres que les habitants d’Otdia ; nous y avons vu des femmes
très-jolies, elles ont sur-tout le haut du corps très-beau.
Le 7 ( 1 9 ) , nous avons mouillé près d’une jolie ile nommée
Aïrik par les habitants; elle est couverte de cocotiers. Nous y
avons vu le chef du groupe qui réside ordinairement à Kaben;
c’était un grand bel homme, d’un brun très-foncé.
Un soir nous descendîmes à ter re, pour assister aux divertissements
des habitants qui continuent toujours leurs chants très-
tard. Notre curiosité était d’autant plus vive, qu’ils nous avaient
invités pour ce jour-là. A notre arrivée, ils nous reçurent très-
froidement. Ils étaient rassemblés an nombre au moins de quatre-
vingts, tous très-robustes. Plusieurs pirogues pleines de monde,
débarquèrent sur différents points de f ile, et sur-tout des deux
côtés de nos canots. Les insulaires, qui auparavant nous témoignaient
toujours du respect, en ce moment se mirent à fouiller
sans façon dans nos poches où ils savaient bien qifil y avait
toujours des clous et d’autres objets en fer. Lusuite tous se réunirent
au signal du chef, en même temps les femmes s’éloignèrent;
ces indices nous faisant croire qu’ils n’avaient pas des dispositions
très-amicales pour nous, nous nous sommes rembarqués
pour retourner à bord du vaisseau qui n’était pas à plus de deux
portées de fusil de la côte, ü n tira un coup de canon à poudre;
aussitôt des cris se firent entendre à terre. On fit partir une fusée
qui se dirigea sur l’ile comme nn trait de feu. Alors la confusion
augmenta parmi les insulaires, qui s’éloignèrent peu-à-pen de la
côte. Deux heures après, nous entendinies nn grand tumulte dans
file.
Le 9 (21 février), nous sommes allés à terre. Notre feu avait
produit une grande impression sur les insulaii es. Auparavant tout
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