Lainaii voulait mettre la main sur ses richesses, nous reviemlnons
el lions les punirions avec le feu et le tonnerre. Il lui demanda aussi
de faire tirer un coup de canon, et partir une fusée pendant la nuit.
Nous remplimes ses désirs. Kadou avait surtout une peur extrême
de Lamari, qui est un homme robuste et audacieux ; ce n’est que
par le meurtre de son bienfaiteur qn’il esl parvenu à la puissance
suprême.
Le 23 octobre ( 4 novembre), dans la matinée^ nous sortîmes
du port.
Kadou nous manquait. Nous l’aimions tou s , nous avions tous
pour lui l’affection la plus sincère ; aussi fûmes-nous fâchés de le
voir si froid quand il se sépara de nous. Il nous parut extrêmement
triste; mais pourquoi? certainement la principale cause
de son chagrin venait de la crainte de perdre ses richesses. Il nous
quitta donc froidement. Plût à Dieu que l’amour paternel lui eût seul
fait oublier son amitié pour nous, et c|ue ce n’eût pas été une trop
orande indifférence pour tout le bien dont il avait joui avec nous !
Dans ce cas ce serait un fait qui confirmerait ce que l’on sait en
général du caractère des insulaires du grand Océan.
Quand nous commençâmes à perdre de vue le groupe de
Romanzoff ou d’Otdia, nous touchions à celui de Tchitehagolf ou
d’Irigoub.
Le 24 nous découvrinies, dans la même direction, un groupe
couvert de cocotiers touffus, et que les insulaires nomment Lig-
hiep. Il faisait calme et nous n’avançâmes pas beaucoup. Cependant
une pirogue partie du rivage s’avança vers nous à la voile; elle étail
montée par douze hommes bien faits, robustes et gras. Ils montèrent
a bord sur notre première invitation, examinèrent notre bâ timent
avec curiosité, reçurent nos jirésens avec de grandes démonstrations
de joie, restèrent ébahis d’admiration a la vue de
rintérieiir du vaisseau , et manifesti-rent d’abord de la cr ainte en
apercevant leur- (Igur-e dans les miroirs; mais bientôt ils compa-
l'èrent ces nreubles à la surface de la mer.
Le soir ils retournèrent à terre en nous invitant par des e x pressions
amicales à les y accompagner. Nous le désir-ions aussi
beauoonp, mais un fort coup de vent nous oliligea de pousser an
large pendant la nuit. Le lendemain matin nous poursuivîmes notre
route vers les Carolines ; la longue din-ée des calmes ne nous per mit
pas de rester dans les parallèles r approchés de la ligne ; nous
nous dirigeâmes en conséquence sur les Mariannes.
Le II (2 3 ) novembre nous aperçûmes Rota et Guajan, qui font
partie de cet archipel; nous courinnes des bordées pendant la nuit,
et le 12 an matin nous approchâmes de la dernière. La vue d aucune
terre ne nous avait encore causé une impression si agréable
que celle de cette île dont les bords étaient couverts d’arbres de diverses
espèces et enti-e autres de palmiers, tous étalant la verdure la
plus riche. Une odeur extrêmement suave nous était apportée
par le vent.
Bientôt un canot nous accosta. Il avait à bord M. \\ ilson, jeime
anglais, qui nous salua de la part du gouverneur; Il était chargé de
nous conduire dans le port. Un officier espagnol arriva un instant
après ; il nous offrit tons les secours possibles de la part du gouverneur,
qui avait reçu ordre de son souverain de nous bien accueillir
lorsque nous nous présenterions. La pirogue i[ue montait
cet officier ressemblait absolument à celle des insulaires de Radak;
les espagnols, ainsi qu’on l’a obsei-vé plus haut, ont re<;ii
des embarcations des habitants des Carolines.
Le port de Giiajan est, comme celui de Vahon , fermé par un recd
de corail el situé sons le venl ; on y pénètre jiar un goulet étroit.
Nous laissâmes tomber l’ancre près du port San-Carlos de Orote.
Des chevaux et des mulets nous attendaient à terre pour nous
porter à Agaiîa, capilalc de file et résidenee dn gouverneur; elle
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