muni d’une douzaine de canons. Le port ne peut recevoir que
des navires qui ne tirent pas plus de huit à neuf pieds d’eau.
C’était auparavant l’entrepôt des marchandises que l’on vendait
en contrebande aux Espagnols. M. Kouskof a actuellement dans
son établissement des chevaux, des vaches, des moutons, et
tout ce qui peut s’élever dans ce beau et excellent pays. Il a eu
beaucoup de peine à obtenir des Espagnols im couple de chacun
de ces animaux; car le gouvernement avait sévèrement défendu
d’en laisser sortir.
Tous les ans M. Kouskof, aidé du peu de monde qu’il a avec
lui, prend sans peine à-peu-près deux mille loutres; il est d’ailleurs
obligé d’employer les bras de ses gens auX constructions et
à l’arrangement de son établissement. Ces peaux de loutres sont
ordinairement vendues aux Américains qui font la traite des pelleteries;
quand c e u x - c i n’ont pas leur chargement complet, ils
vont à Si tka , où ils prennent des peaux en échange pour du
sucre, du r um , du drap, du nankin ; mais comme la compagnie
russe n’a pas, dans ce comptoir, un nombre suffisant de navires,
elle charge souvent les peaux à fret sur les bâtiments américains,
pour la Chine ou seulement pour Okhotsk.
Deux cent cinquante navires américains de Boston, New-York,
etc., visitent annuellement cette côte. La moitié fait la contrebande
avec un profit énorme, sur toute l’étendue des côtes de
l’Amérique espagnole baignées par le Grand-Océan, depuis le
Chili jusqu’en Californie ; aucun lieu de débarquement n’est oublié.
Il arrive très-souvent que les bâtiments de guerre espagnols
poursuivent les navires américains; mais ceux-ci étant très-bons
voiliers, ayant un équipage nombreux , et en outre des armes
pour se défendre , il leur arrive rarement d’être arrêtés.
Les meilleures marchandises pour les sauvages de la côte nord-
ouest d’Amérique sont les fusils, la poudre, les balles et le
plomb à tirer. Les couteaux, de grosse couvertures de laine ; de
la nacre de perle du Grand Océan, qui s’emploie à faire des ornements
de tête et de cou. Très-fréquemment les navires sont
attaqués par les mêmes armes C|u’ils ont vendues, et le jour même
qu’ils les ont livrées; mais, la plupart étant montés de huit à quatorze
canons, ils sont en état de se défendre. Souvent même ils
tirent avantage de cet incident; car, en' s’emparant d’un des chefs de
ces sauvages, ils sont sûrs d’obtenir pour sa rançon une grande
quantité de marchandises, et d’avoir plus dé facilités pour leurs
achats.
Que le ciel préserve un navire de faire naulfage sur cette
côte! On dit que, chez plusieurs des tribus qui l’habitent, règne
encore la coutume barbare de dévorer’ leurs prisonniers. Quand
on construit une maison, c[uand on termine une affaire importante
, on met plusieurs esclaves à mo r t , de même cjue lorsqu’une
guerre est terminée. A la mort d’un bomme, on enterre avec lui
sa femme et les esclaves qu’il aimait le mieux.
m
te!
P L ANCHE X.
La planche représente une pipe qui a été trouvée aux États-
Unis de l’Amérique septentrionale, état de Connecticut, dans un
tombeau ( iumulus ) indien, et envoyée à M. le baron de Humboldt
par M. le baron Hyde de Neuville. Cette pipe ressemble
beaucoup, par le travail et la position de la ligure sculptée, à
celles que l’on lait aux des Charlotte à la côte nord-ouest d’Amérique
, où l’on a aussi la coutume d’enterrer avec quelqu’un
les objets auxquels il a été le plus attaché pendant sa -vie.
Au détroit de Béring, sur la côte d’Amérique, nous avons vu
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