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ce coté, il est très-dilHcile de le regarder, [laree (|iril rélléchit
nue lumière trop éclataute. On nous dit que ce volcan avait eu,
en 1 7 7 I ) inte éruption qui avait causé de grands ravages dans
l’île, et qu’à-présent il vomit souvent de la fumée.
Nous étions encore à-peu-près à cinq milles de la terre, loi’sqne
plusieurs canots nous accostèrent; ils nous vendirent des melons
d’e a u , des ignames et des patates. Ayant le projet de mouiller à
l’de de \ a l io u , parce ([ue son port est excellent, nous voulions
demander à Tamméamca, roi de cet archipel, la permission d’y
aller.
Nous lûmes très-surpris de ce qu’ayant demandé aux insulaires
oû le roi était alors, ils ne voulurent pas nous le dire; enfin nous
apprîmes qn’il se trouvait dans la baie de Tiritatéa ou Kiekakéa.
Comme il fait ordinairement calme dans le voisinage des iles
hautes, nous ne pûmes arriver dans la baie que le 12, au lever
du soleil. Plusieurs milliers d’insulaires armés étaient rassemblés
sur le rivage, et quelques centaines d’entre eux avaient des fusils.
On nous conduisit an roi ; il était assis près de la pla g e , à côté
de la maison de Kahoumanou, sa femme favorite, sur une belle
natte étendue à terre et fàbric|née dans ces îles ; une grande pièce
d’étoffe noire, de manufacture indigène, lui servait de manteau;
les principaux chefs, tous armés, se tenaient autour de lui ; pins
loin était le peuple. Un homme qui était assis derrière le roi,
avait à la main un monchoir et un crachoir fait d’un très-beau
bois brun et orné de dents humaines ; le |)rince ne se servit pas
de ce dernier meuble.
Tamméaméa nous reçut très-froidement, parce qifim navire
américain arrivé dans cette ile |)en de temps avant nous, ([iii
avait à bord lieancoup de poudre et d’armes et qui |)iobal)lemenl
voulait les vendre promptement, raconta (pie le vaisseau russe le
Puink, accompagné de plusieurs aiilres bàlimenls de sa nalioii,
devait venir aux îles Sandwich afin de s’en enqvarer pour son
souverain. A cette nouvelle, le roi Ht aussitôt construire im fort à
Vallon. Ensuite , lorsque l’on aperçut notre pavillon , le peuple se
rassembla en aianes auprès du roi. Nous avons ap[)ris depuis que
les insulaires armés étaient an nombre de 4000 hommes.
M. Eliot, auquel le roi témoigna beaucoup d’amitié dûs cpi’il le
reconnut, ayant représenté à ce prince (jue les nouvelles déliitées
|)ar le navire américain étaient fausses et que le but du voyage
du Rurik était entièrement pacifique, les inquiétudes de Tamméaméa
se calmèrent, M. Eliot lui ayant dit ensuite que nous lui
demandions la permission d’acheter des provisions, il nous promit
tous les secours qui étaient en son pouvoir, ajoutant (|u’il é|)roii-
vait nue vive satisfaction à fiiire quelque chose pour une expédition
de découvertes, et que tout ce dont nous avions besoin
nous serait fourni gratuitement.
Tamméaméa nous permit de parcourir l’i le , mais nous fit ton-
jours accompagner de quek[ii’u n , sons prétexte que ces promenades
pourraient être dangereuses pour nous, parce que les
insulaires n’avaient pas confiance à nos intentions jyacifiqnes.
H nous conduisit ensuite à sa maison, ([ui ne se distinguait des
autres que par sa grandeur; le plancher en était couvert de belles
nattes; on voyait au milieu une table à l’européenne et une chaise.
Je demandai à Tamméaméa la permission de foire son portrait;
cette proposition parut lui plaire beaucoup; mais il m’invita à sortir
un instant, parce (ju’il voulait s’habiller; il ne tarda pas à me laire
rappeler ; que l’on juge de ma .surprise, en voyant ce monarque
se pavaner dans un vêtement de matelot; il avait im pantalon
bleu, un gilet rouge, mie chemise blanche propre, et une cravate
de soie jaune, ,1e le priai de changer de costume, il refusa absolument,
et insista pour être peint comme il était vètii. Dans la jilancbe
il esl rcpré'senté avec son manteau noir. Planche 11.