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Il nous invita à déjeuner dans sa maison des saci’idces, près
dn temple. Les mets nous furent présentés sur des assiettes de
porcelaine de la Chine. Un cochon de lait rôt i , ainsi que les
ignames, les patates et antres racines furent servis sur des feuilles
fraîches de bananier; le bon vin ne maïupia point au repas.
Le roi y assista, ainsi que queltpies Anglais et Américains étalilis
dans f ile; ancim d’eux ne voulut rien prendre. Le repas lini , on
nous dit que c’était une offrande d’actions de grâce aux Dieux,
de ce que nous étions venus non comme ennemis, ainsi qu’on
l’avait craint, mais comme amis.
Tamméaméa déjeuna ensuite seul dans sa maison; on lui servit
du poisson grillé, des bananes, des patates, et dn paya, c’est
une bouillie faite de racines de tarro écrasées dans l’eau. Le roi
ne se servit ni de couteau, ni de fourchette ; il semblait aimer
beaucoup le bon vin de Madère. Nous lui finies présent d’excellent
vin doux du Chili, qui ne fut pas de son gont ; il le
comparait à de la mélasse. Les domestiques et même les chefs
aiaient les épaules découvertes en présence du roi.
Tamméaméa a sept femmes qui sont toutes âgées et extraordinairement
grosses, de même que tontes les femmes des chefs
sans exception. Kaboumanou , celle qu’il aime le mieux, esl très-
grande et très-forte; si elle n’était pas si noiie, elle pourrait passer
pour une belle femme. Pl. III.
Nous vimes chez elle ses deux filles; l’une âgée d’environ dix-
huit ans, l’autre de treize. Celle-ci est très-jolie, mais irès-iioire ;
elles sont, comme toutes les femmes de ces iles, découvertes jusqu’à
la ceinture.
On dit que Tamméaméa, dans sa jeunesse, était extrèmemeul
jaloux. Deux de ses lils devinrent amoureux de Kahoumanou; il
en fut instruit et résolut de les jxmir; il les étrangla de ses piaqires
mains sur une place public|ue,en présence dn peuple.
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Les leines, de même (jue tontes les femmes de distinction , oui
auprès d’elles de jeunes garçons pour chasser les moiiclies avec
des toidfes de plumes on de rubans. Pl. 111. On se préserve de
l’ardenr du soleil avec des parasols.
Nous avons rendu visite à Liolio, lils du roi, et héritier du
l’oyanme ; il était assis à terre sur une belle natte, a-peu-près
tout nu ; il nous reçut très-froidement, ne proféra pas une paro
le , et eut l’air de faire à peine attention à nous : il était entouré
de plusieurs chefs. Liolio a été eu Angleterre; il parle bien
anglais; il déteste tons les étrangers, et les changements que son
père a introduits dans le gonvei'nement. On dit que tous les vieux
chefs ont embi'assé son parti.
La baie de Tiritatéa n’est pas grande ni commode pour les bâ-
timens qui veulent y mouiller, parce que le fond est de rochers
de corail aigus qui coupent les câbles. Nous y avons trouvé mouillé
un arand navire américain à trois mâts, le Bruti/s, de Boston.
Le mauvais temps lui avait fait perdre deux de ses mâts dans
sa traversée de la côte Nord-Ouest d’Aménc|ne à cet archipel. Il
avait réparé ses avaries dans la baie de Karakakoua , tristement
célèbre par la moi't du capitaine Cook. Il devait aller ensuite à
la Chine.
Le village situé sur le bord de la mer est assez grand et ombragé
de beaux cocotiers. On \ voit trois maisons en pierre, qui
servent de magr*asins au roi.
Les insulaires ont construit le long du rivage de grands hangars
sons lesquels ils ccmservent leurs pirogues de guerre au nombre de
plusieurs centaines; cpieUpies-imes on! (piarante el jiisqua soixante
pieds de longueur; toutes sont eiensées dans im seul tronc d arbre.
Les pins longues sont oïdinairement doubles.
Ovaïhy lies! pas aussi abondante en fruits que les autres îles
de cet ai cliipel ; notamment <pi(' Mov\ et Vahou ; mais on dit <|ue