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rite, nous voulions monter sur l’élévation que le tombeau lormait;
aussitôt tons les insulaires nous ci'ièrent : émo émo. Nous appri-
mes par la suite que ce mot avait ici la même signification que
celui de tabou dans les autres archipels du Grand-Océan.
Ces hommes nous considérèrent avec la pins grande attention.
Ils s’étonnèrent beaucoup de ce que notre poitrine n était pas de
la même couleur que notre visage et nos mains. Souvent en regardant
nos habits , ils s’écriaient : irio, irio (admirable, admirable).
Les noms de nombre de ces insulaires sont ;
I. Dnon. 6 . Dildimi.
2. Rouo. 7- Dildinim diion.
3. Dilli. 8. Edinu.
4- Emen. 9- Edinim dnon.
5. Lalini. 10. Tabatat.
Ils ne comptent pas au-delà. Pour exprimer onze, douze et
davantage, ils recommencent par un , d eu x , etc.
Après avoir visité cette ile, qui ne diffère en rien des autres,
nous sommes allés aux cabanes qui sont situées à la côte sous le
v en t , de même que tontes les habitations des groupes que nous
avons vues ensuite. Nous y avons rencontré plusieurs femmes
et des hommes qui chantaient ; de jeunes filles battaient du
tambour ; c’était un morceau de bois creux , couvert à une extrémité
d’une peau de requin, que l’on frappait avec la main en
trois temps rapprochés, puis l’on recommençait ( pl. I I , fig. 6. ).
Ces insulaires, ainsi que nous avons eu souvent occasion de
l’observer, chantent sur le même air toutes leurs chansons , qui
renferment les traditions et les principaux événements de leur
pays. Andant e L e n t o .
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Ils ont aussi de petits airs courts et gais.
Quand nous revînmes dans cette île, en retournant en Europe,
les habitants avaient composé de grandes chansons sur notre première
visite; il y était question de la grandeur du vaisseau, de
la quantité de fer qu’il contenait, de nos habits, de tous les
noms qu’ils avaient appris, et de plusieurs mots de la langue
russe. Ils chantaient ces chansons d’un air joyeux mêlé de respect.
Tout le monde faisait choru s , et ils continuaient de la sorte pendant
plusieurs heures de suite. Ces chants sont accompagnés de
mouvement des bras et des mains; les chansons pins vives le
sont de claquements de mains précipités. Enfin, nous avons souvent
entendu leurs chants de guerre ; alors ils prennent leurs
lances à la main, les agitent d’une manière terrible; leurs yeux
étincellent; les femmes font cbo rns , et tout le monde a l’air de
perdre l’esprit à force de crier. Après un exercice si violent, ils
ont besoin de plusieurs heures de re[)os pour reprendre leur
gaieté.
Le 8 ( 20 ) janvier , nous avons laissé tomber l’ancre devant
O td ia , la principale de de ce groupe, et qui lui donne son nom.
Comme nous l’avions découverte les premiers, nous crûmes pouvoir
lui donner celui du protecteur éclairé des arts et des sciences,
qui avait entrepris à ses frais notre expédition; et en conséquence,
ces iles furent nommées îles Romanzoff. Otdia est situé par 28’ 9”
nord, et 189° 43’ 4 5 ” à l’ouest de Greenwich ( 192° 4’ o” de Paris).
Ayant débarqué dans cette ile, nous y avons trouvé à-peu-prcs
quatre-vingts habitants des deux sexes, y compris les enfants;
c’est la plus forte population que nous ayons rencontrée dans ce
■oiipe. Nous avons ensuite calculé qu’elle at ne s’y élève, en tout.
qu’à cent cinquante personnes.
Nous avons retrouvé à Otdia, le chef que nous avions vu le
5 dn mois, et qui réside tlans cette ile. 11 se nomme Rarik, mot
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