Le vent de nord-est, extrêmement (ort, ne nous permettant pas
d’avancer, nous ne vimes que le 8 avril les Tchetirekh-sopotch-
miya-ostrova, c’est-à-dire les iles des quatre piques.
Le temps était très-beau, le soleil dorait les cimes des montagnes
couvertes de neige; la température était assez froide. A dix
heures du matin, nous découvrîmes Onnalachka, a 3o milles de
distance. Nous mimes toutes les voiles dehors, pour profiter du
vent favorable; mais bientôt il fraîchit de plus en pins et souffla
avec impétuosité; la brume vint obscurcir l’air, et la neige tomba
si abondamment que toute la terre en fut couverte. Étant très-
près de file d’Oumnac, nous courions le pins grand danger, car
nous pouvions calculer que dans quelques moments nous serions
jetés sur les rochers qui l’entourent;henreiisement une forte rafale
venant de terre nous tira de péril. Après avoir louvoyé pendant tonte
la nuit, nous avons passé le 12 le détroit entre Ounalga et Ouna-
lachka. Le courant parcourait huit noeuds par heure ; le vaisseau
voguait donc avec une très-grande vitesse, puisque nous avions vent
arrière ; ainsi nous eûmes débouqné en très-peu de temps. Le vent
augmenta ensuite de force, et devint contraire, de sorte que ce
ne fut qu’avec une extrême difficulté et en courant les plus
grands dangers, que nous pûmes, à huit heures dn soir, entrer
dans le port du Capitaine dans Oiinalaclika, où nous laissâmes
aussitôt tomber l’ancre.
Le i 3 , des canots du pays nous remorquèrent dans le port,
et nous mouillâmes à quelques brasses de la cô te , près du village
d’Oi i lulnk, principal établissement russe, sur les iles Aléoii-
tiennes. Tout le pays était encore couvert de neige. M. Krukolï,
agent de la compagnie, et les habitants dn village, vinrent nous
complimenter.
On se mit sur le champ à réparer tout ce qui avail été endommagé
dans la traversée en venant de Hadak. M. Krukolf
nous donna un très-bon tronc d’arbre, dont nous limes nn màt
de beaupré.
Notre séjour en ce lieu devant être long, puisque nous étions
obligés d’attendre que la saison fût pins avancée, et que notre
dessein était d’y prendre des hommes et des embarcations pour
lions aider à continuer la reconnaissance du détroit de Béring,
que nous avions entreprise l’aimée précédente, ou commença à
constrnii'e pour nous de grands bateaux de cuir, et l’on lit des
provisions pour les vingt-deux Aléoutes qui devaient nous accompagner.
Onnalachka est le siège principal de la compagnie d’Amér ique,
dans les iles Aléoutiennes. Le pins grand village auquel les Aléoutes
donnent le nom d’Onlnluk, reçoit des Russes celni de Seleniyé
Dobraho Soglasiya. Il renferme une chétive église en bois, cpa-
tre maisons aussi en b o is , et à peu près une trentaine de cabanes
des indigènes, en terre. La population se compose de seize Russes,
et à peu près de cent-cin([uante Aléoutes.
Les fenêtres des maisons des Russes ont des carreaux de mica
an lien de verre; celles des Aléoutes sont garnies de vessies ou
d’intestins d’animaux.
La compagnie fait tuer par les Aléoutes, les renards et les
loutres marines. Les peaux de renard sont extrêmement belles ;
il y en a beaucoup de noires; les peaux de loutre sont aussi très-
renommées; mais ces animaux sont jiliis rares. La compagnie paie
ces peaux en marchandises qui sont, dn tabac, de l’ean-dc-vie,
dn nankin, dn thé, dn café, dn sirop de sucre et de la farine,
ainsi qu’avec des vêtements en peaux d’oiseaux. L u renard se
paie de trois à quatre roubles; une loutre de mer cinq roubles
évalués en marchandises ; une baleine se partage ordinairement
entre la compagnie et le chasseur. Quand l’Aléoute vent vendre
sa part , il reçoit ciiK| roubles en marchandises.
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