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Quand Yfoung se vit Idrcé de rester dans un jiays dont il ignorail
la langue, où il n’y avait pas d’antre européen, et d’oii i! ne
pouvait espérer de sortir bientôt, cà moins d’un événement extraordinaire,
il tomba dans le chagrin et l’abcattement. Le roi chercha
à le consoler et à liii rendre le courage ; il lui témoigna beaucoup
d’affection et d’estime, lui donna des champs et des hommes
pour les cultiver, lui fit aussi présent de cochons, enfin ordonna
aux chefs de lui maripier de l'amitié et des égards, dons prodiguèrent
leurs dons .à Young, de sorte qii’en peu de temps, il
fut un des pins riches particuliers du pays. 11 apprit la langue,
se fit aimer des habitants, épousa une femme d’une chasse distinguée,
et fut élevé an rang des chefs; alors il résolut de finir ses
jours dans File. Avant de parvenir à ce degré de considération,
il avait Formé avec un autre Anglais le projet de s’enfuir; ce dessein
échoua. Depuis cette époque il s’était résigné à son sort ; sa
bonne conduite envers les indigènes et envers les étrangers qui
abordent à cette ile, lui avaient .acquis l’estime générale et la
conllance illimitée d e l ’amméaméa. l ’outes les affaires 1 ni passaient
par les mains.
Le fort de Vahou est gardé par une garnison d’insulaires; les
canonniers sont Américcains ou Anglais. M. Billey, officier de la
compagnie anglaise des Indes, en était commandant.
Kraïnioküii , vice-roi de Vahon, gouverne cette de an nom de
Tamméaméa. C’est un homme de beaucoup d’esprit, qui entend
le commerce aussi bien que son souverain. Les Américains relâchent
à cette de tous les ans au printenqis, quand ds arrivent
dans le grand Océcan ; et en automne, dans leur traversée de la
cf'ite nord-ouest du Nonveau-CoiitinenI àlaCliine. Ils y prennent des
rafraicliissements, et v chargent aussi dn bois de Santal. Ce bois
ne coûte aux des Sandwich que six piastres le ipiintal, et se vend
dix et onze |iiastres à la Chincq oii Ion eu (ait toutes sorles de
petits ouvrages, tels que des éventails; on en extrait aussi une
liiiile odorante, el on le brûle comme offrande devant les images
des Dieux. Ce bois étant très-lourd, un navire peut en charger
pour une valeur considérable sans en prendre une quantité qui
l’encombrerait. Comme d est très-abondant sur ces de s , c’est un
de leurs principaux objets de commerce. Le roi ne prenait autrefois
que du fer en échange, ondes outils de ce métal, et des
armes ; il reçoit volontiers aujourd’hui des armes, de la pondre,
du biscuit de navire, et aime lieaiicoup, lorscpie c’est possible,
([u’on lui paie une partie de la somme en piastres.
On pêche dans cet archipel, et sur-tout à Vahon, de très-
belles perles. Llles appartiennent au roi; il les rassemble soigneusement.
Souvent des Américains et des Anglais restent ici pendant
quelques mois avec des marchandises pour les échanger secrètement
avec les naturels contre des perles ; mais ce commerce
clandestin ne leur est pas très-avantageux; car les insulaires,
s’imaginant c[iie c’est une marchandise extrêmement précieuse,
en demandent un [irix à-peu-près égal à celui cpi’oii peut espérer
d’en obtenir en Lurope ou en Chine.
Parmi les objets que ces iles fournissent abondamment aux
navires c[Lii arrivent, on peut compter les femmes. Tous les soirs,
au coucher du soleil , ils sont entourés de centaines de pirogues
chargées de jeunes illles qui appartiennent aux basses classes du
peuple; celles qui sont nées dans un rang plus élevé, ne cèdent
(|u’à des sollicitations réitérées. Au reste , les femmes de cet archipel
, de même que celles de beaucoup tle pays de la zone
torride, ont, très-jennes encore, et tpielquefois même avant Fàge
de dix ans, commerce avec les hommes.
J.es hommes sont extrêmement jaloux de leurs compatriotes;
mais ils cèdciil aux blancs, sans répugnance, leurs femmes, leurs
soeurs ou leurs (illes. Un bomme peut avoir aLit.ant de femmes
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