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fer (lu cauol amarre^ à rarrif're du bâtiment; ils s’étaient mémo
emparés de la gaffe. On leur cria de cesser, eu se servant du mot
tabou, pour leur faire comprendre qu’ils ne devaient toucber à rien ;
l’inutilité de cette remontrance força de leur tirer deux coiqis
de fusil à poudre; aussitiit ils se précipitèrent tous dans l’eau,
et jetèrent ce qu’ils avaient pris; revenus de leur (rayeur, quand
ils virent qu’ils n’avaient pas de mal, ils ne voulaient plus nous
remettre les objets pour lesquels ils avaient déjà reçu ce que
nous leur donnions.
Le ressac était si fort sur le rivage, le temps si variable, et
les raffales se faisaient sentir si souvent, ([ue nous renonçâmes
au projet de descendre à terre; on s’en éloigna; plusieurs pirogues
nous suivirent pendant long-temps, et finalement, ne
pouvant nous rejoindre, retournèrent vers file. La pluie ayant
commencé à tomber, plusieurs insulaires se couvrirent les épaules
de petits manteaux de feuilles de cocotier tressées, et qui étaient
si courts qu’ils descendaient à peine jusqu’au milieu du dos.
Ces Indiens n’étaient pas tatoués ; quelques-uns avaient pourtant
la poitrine et les bras tailladés avec régularité, en lignes parallèles;
d’autres avaient la tête ornée de plumes de frégates; les
cheveux coupés très-courts, la barbe assez forte.
Le 9 ( 2 1 mai ) on découvrit un groupe d’iles basses jointes
l’une à l’autre, comme une chaîne, par un récif de corail. On
observa sur plusieurs de ces iles des cocotiers, et bienlait de la
fumée sur l’une d’elles; enfin, sur le rivage des hommes, qui de
loin paraissaient tout noirs.
Le lendemain, on s’avança vers la terre, et l’on aperçut deux
pirogues à grandes voiles triangulaires, qui naviguaient enli'e
les îles. Bient(ât une de ces embarcations se détacha du groiqie,
passa par dessus le récif, et vogua vers nous. Les insulaires nous
montraient la terre en criant, mais sans vouloir venir pri-s de
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nous; on alla doue les accoster dans un |)Clit canot. Ils se boi-
nèrent à nous jeter une de leurs nattes en feuilles de baquois
Ire.ssées, et une grappe de fruits de cette plante, tout en continuant
leurs cris et leuis gestes pour nous indicjuer la terre. Ils
firent voile. Nous voulûmes les suivre à l’aviron; mais ils allaient
si vite en serrant lè v e n t , qu’il fallut renoncer au plaisir que
nous nous promettions de passer quelques jours dans ces îles,
et de faire connaissance avec les habitants dont la conduite
était fort amicale. Le peu de temps elont nous pouvions disposer
nous commandait de nous diriger au |)lut6t vers le Kamtchatka.
Ce groupe d’iles , qui reçut le nom de Koutousoff en l’honneur
du général d’armée sauveur de la Russie, est situé par 11° 18’
,58” de latitude nord et igo° 7’ 10” de longitude ouest.
Nous ne l’avions pas encore entièrement perdu de vue, lorsque
nous en aperçûmes un autre dénué de cocotiers; oû ainsi, que
nous l’apprîmes ensuite, il n’y a pas d’eau, et qui est inhabité.
On lui donna le nom du général Sonvoroff Rimnisky.