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ÎLES S.-GEORGES ET S.-PAUl,.
C e s deux îles, nommées par les Russes Kotoviyu - Ostrova ( îles
des ours marins ) , sont situées dans la partie boréale du Grand-
Océan, au nord des iles Aléoutiennes; elles sont aussi babitées
par les Aléoutes. Ces insulaires se donnent à eux-mêmes le nom
d'Ounanagh : celui d’Aléoute , que leur attribuent les Russes,
vient, disent c eu x - c i , dn mot û//iX ( que v e u x - tn ? ) ([ui lut
adressé aux premiers navigateurs de leur nation <à leur arrivée
dans cet archipel.
Le i8 ( 3o ) juin 1817, nous aperçûmes File Saint-Georges
(platitude nord, 56° 4 i ’ 55” ; longitude ouest, de Greemvicb,
169° 7’ 28” ). Quoiqu’elle ne soit pas très-bante et que sa surface
soit unie, ses côtes sont escarpées. Le 19 ( i " juillet ), en nous
approchant de la côte nord-ouest oii se trouve 1 établissement de
la compagnie d’Amérique , nos oreilles furent frappées des
rugissements des lions marins. Ayant débarqué, nous entrâmes
dans plusieurs cabanes d’Aléoutes.
Le rivage était couvert de troupes innombrables de lions marins.
L ’odeur qu’ils répandent est insupportable. Ces animaux
étaient alors dans le temps du rut. L ’on voyait de tous côtés les
mâles se battre entre eux pour s’eidever les uns aux antres les
femelles. Chaque mâle en rassemble de dix à vingt, se montre
jaloux, ne souffre aucun autre mâle, et attaque ceux qui tentent
de s’approcher; 11 les tue par ses morsures ou s’en fait tuer. Dans
le premier cas, il s’empare des femelles dn vaincu. Nous avons
trouvé plusieurs mâles étendus morts sur la plage, des seules
blessures ([u’ils avaient reçues dans les combats. Qnel(|iies femelles
avaient déjà des petits. Les Aléoutes en prirent pinsiems
douzaines pour nous. L’animal n’est pas dangereux; d but à l’approche
de fhomme, excepté depuis la mi-mai jusqu’a la ml-jiiin.
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qui est le pins fort temps du rut , et où les femelles mettent bas
leurs petits; alors il ne se laisse pas approchei- et il attaque
meme.
L’ours marin, en russe sivoutch, couvre par milliers les rivages
des iles Kotoviya, où sont jetées abondamment des plantes marines
[fucus). On entend de très-loin le cri de ces animanx,
lorsqu’on est en mer.
Les femelles sont beaucoup plus petites que les mâles; elles
ont le corps pins fluet et de couleur jaunâtre.
Les mâles ont jusqu’à six pieds de haut lorsqu’ils lèvent la tête;
les jeunes sont ordinairement d’im brun noir; il parait que les
femelles ne font jamais ])lus d’nn petit.
Ces animaux sont aussi très-communs au port de San-Francisco,
sur la côte de Californie, où on les voit en nombre prodigieux
sur les rochers de la baie. Cette espèce m’a paru se distinguer
de ceux qui fréquentent les iles Aléoutiennes; elle a le corps plus
fluet et pins allongé, et la tête plus fine; quant à la couleur,
elle passe fortement au brun, tandis que ceux des iles Aléoii-
tieimes sont d’ime couleur plus grise, ont le corps plus rond,
les mouvements pins difficiles, la tète plus grosse et plus épaisse;
la couleur du poil des moustaches plus noirâtre que celui des
iles Aléoutiennes.
On trouve les lions marins depuis le 3o”'“ jusqu’au 60“ “ parallèle
nord, dans les iles et sur le continent d’Amérique.
On compte cent vingt habitants dans file Saint-George, hommes
, femmes et enfants ; et sur ce nombre trois Russes, tous au
service de la compagnie.
On y tue une grande quantité de lions marins; mais seulement
des mâles, à cause de leur grandeur; on se sert de leur peau
pour recouvrir les canots, et des intestins pour faire le karnlejki,
espèces de blouses ([ue l’on endosse |)ar dessus les autres vète