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lieu et même l’ile où le roi est mort. Rio-Rio dit à ses amis ,
en partant d’Ovaïhy; « Puisque mon père m’a trouvé digne d’être
son successeur, de préférence à mes frères, je ne souffrirai pas
d’autorité supérieure à la mienne ; et je déclare expressément
qu’à l’expiration du terme fixé, je reviendrai comme r o i , on
bien je ne serai rien. » Les chefs restés Ovaïhy s’exercèrent aux
évolutions militaires ; toute l’ile est remplie d’hommes la plupart
armés à l’européenne. Les bâtiments étrangers qui se trouvaient
alors mouillés dans le port , furent dans la nécessité de se tenir
prêts à combattre.
Telle était la situation des iles Sandwich au départ du navire
américain qui nous a apporté ces nouvelles. On croyait que Rio-
Rio , qui a un parti considérable en sa faveur , et que les bâtiments
américains sont préparés à soutenir, si les circonstances
l’exigent, réussira à maintenir son autorité légitime, lors même
qu’il y aurait du sang répandu.
Le trésor trouvé à la mort de Tamméaméa se monte à 5oo,ooo
piastres : il l’avait amassé par son commerce avec les Luropéens.
Ce monarque possédait aussi une grande quantité de marchandises
, et quelques bâtiments marchands bien armés. Ce trésor
peut passer pour être d’une richesse extraordinaire, .si l’on considère
c[u’à l’époque du voyage de Vancouver aux îles Sandwich ,
en 1793, Tamméaméa vint lui-même le trouver avec d’antres
insulaires , pour échanger des bananes et des cochons contre des
clous.
Vancouver, qui était embarqué avec C o o k , lors(|ue ce grand
navigateur découvrit les iles Sandwich, en 17 79 , se rappelait
Tamméaméa, neveu du roi Terriobon , comme un homme d’nne
physionomie extrêmement farouche. Dans l’intervalle, Tamméaméa
était parvenu à la suprême ])nissance. Vancouver fut agréablement
surpris de voir que les années avaleni adouci la (('■rocité
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des traits de Tamméaméa , et que sa figure annonçait de la
franchise, de l’intelligence, de la bonté et de la générosilé. il eut
plusieurs occasions de reconnaître l’esprit d ordre et la sagesse fie
ce prince. Toutes ses questions étaient judicieuses ; rien de ce
qui était utile n’échappait à ses observations.
M. Ricord cite un fait qui donne une bonne idée de l’esprit
et du caractère de Tamméaméa. Un chef très - ambitieux qui sé-
tait échauffé rimagination en buvant dn rum, avait déclaré (juil
n’obéirait pas à un ordre du roi t[ui venait d’être publié; et quelqu’un
lui ayant adressé des représentations, il s’écria avec hauteur-.
« Croyez-vous donc que je ne suis pas aussi bien roi dans mon
ile que Tamméaméa à Ovaïhy? » Instruit de ce propos, le roi
dit à quelqu’un de porter à celui qui l’avait tenu le crachoir
dont le monarque seul a le droit de se servir. Quand le chef reçut
ce présent inattendn, il comprit le motif pour lequel Tamméaméa
le lui envoyait; et le lui reporta avec tout le respect
qu’un sujet doit à son souverain.»
M. Lreycinet, capitaine de vaisseau, qui vient d’achever un
voyage dans le Grand - Océan , attérit a Ovaïhy le a août 1819.
Il nous apprend qu’après la mort de Tamméaméa, son palais
avait été réduit en cendres; et qu’à l’occasion de ses obsèques, la
presque totalité des cochons de l’ile avait, suivant l’usage, été
égorgée.
M. de Lreycinet ajoute que Rio-Rio ne jouissait encore que d’ime
autorité précaire. Les chefs soumis par les armes de Tamméaméa
élevaient des prétentions extraordinaires, ce qui faisait craindre
une guerre [irochaine.
Tamméaméa devait, à l’époque de sa mor t , être âgé de soix
ante-quinze ans environ. Son visage, quand je le vis en 1817,
[)Our la dernière fois, annonçait un septuagénaire.
J’espère ipie l’on me [fardonnera ces détails sur un roi qui a
montré un caractère li-ès-remarquable, et qui , si le ciel l’eût fait
M