BATRACIENS URODÈLES.
aient aussi Io dessus du corps orné de cette lame membraneuse à l'époque
où la fécondation doit s'opérer.
Variété A. La première que nous appellerons la très-grande atteint
ordinairement la taille de la Salamandre terrestre des plus grandes dimensions
ou d'un double décimètre de longueur. Le mâle et la femelle
se ressemblent tout à fait par les teintes générales. Ils sont d'une couleur
noire terne en dessus et les petits points blancs ne se font apercevoir que
sur les côlés. Le mâle est facile à reconnaître par sa créte dorsale festonnée
et surtout par la hauteur de la queue qui est aplatie fortement et
dont les dimensions sont telles que, vers la région moyenne, elle est près
du tiers de sa longueur totale. Le plus souvent la portion gutturale ou inférieure
du cou est comme gonflée et non rétrécie ainsi qu'on le remarque
dans la femelle. On y voit aussi le plus souvent au dessous de la mâchoire
inférieure quelques taches jaunes qui ne s'observent que bien rarement
dans l'autre sexe. Les taches noires du ventre sont aussi plus distinctes
plus arrondies et plus foncées. Rarement la tranche inférieure de la queu^
est colorée en Jaune dans toute son étendue c'est à peine si on retrouve
quelques marques de cette teinte vers la base. Quant à la couleur blanche
et brillante qui est étalée dans la région latérale moyenne et sur les deux
tiers postérieurs de la queue, c'est un des caractères essentiel des mâles •
mais seulement dans la saison des amours. '
Les femelles de cette première variété se distinguent par un moindre
aplatissement de la queue et à peine par la présence des crêtes dorsale
et caudale qui ne sont pour ainsi dire qu'indiquées, mais la couleur jaune
du ventre , avec des taches moins foncées en teinte noire et moins arrondies
que chez les mâles, se prolonge le plus ordinairement sous toute la
longueur de la queue et il n'y a pas de taches. La gorge est moins gonHée
et la einte brune pointillée de blanc n'est pas tachetée de jaune comme
chez les mâles.
Variété B. La seconde variété principale du Triton à créte, quoique
recueillie à l'époque de la fécondation et réellement adulte, diffère considérablement
par la taille qui n'est que d'un peu plus de moitié de la longueur
qu atteint la première. Les teintes sont aussi différentes ; en dessus elles sont
brunes ou beaucoup moins noires; car chez les mâles elles sont grisâtresmais
on distingue dans les deux sexes des taches arrondies d'un brun foncé
ou d un bleu violâtre qui sont semées régulièrement sur toute la longueur
des flancs et de la queue. Les crêtes du mâle sont, relativement à sa grosseur,
à peu prés les mêmes, et dans la femelle on a peine à en distinguer
les rudiments. La couleur jaune du dessous du ventre est aussi beaucoup
moins foncee dans fes deux sejes, mais quant à celle de tranche infé-
ATRÉTODÈUES. G. TRITON. 1 ET 2. 13 5
rieure de la queue c'est absolumeut la même que dans la grande variété,
puisque la femelle se reconnaît à la ligne jaune sans taches qui règne dans
toute la longueur du bord inférieur.
Ces variétés peuvent tenir à l'âge des individus ; nous devons dire cependant
que, dans les environs de Paris, la seconde race est beaucoup plus
commune, car on pourrait dans une même journée en réunir une centaine
d'individus ; on la trouve dans les mares et dans les ruisseaux où l'eau n'est
pas très-courante. La première semble habiter de préférence les grands
étangs où môme on n'en aperçoit qu'un petit nombre et par couples, tandis
que les autres, semblent se plaire à vivre en sociétés plus nombreuses.
Mais en Normandie et dans les divers départements de la Bretagne, la
première variété est presque la seule que nous y ayons observée.
La troisième variété est peut-être celle que les auteurs ont nommée le
Triton bourreau ou Carnifex d'après Laurenti. Nous présumons que ce
sont des femelles de petite taille. Aucun n'a de crête dorsale. Chez la
plupart cette crête est remplacée par une ligne jaune-pâle qui se prolonge
sur la queue ; tantôt la peau des flancs est grise ou noirâtre avec des
points blancs jaunâtres ou ¡cendrés , peu distincts tantôt. Cette teinte générale
est d'un brun plus ou moins foncé, avec des maculatures noires plus
marquées ; mais ce qui distingue surtout cette variété c'est que le dessous
du ventre est d'une couleur jaune-pâle ou blanchâtre , rarement avec des
taches dans la région moyenne, mais avec de grandes taches noires arrondies.
Deux de ces individus nous ont été envoyés de Vienne sous le nom
de Carnifex. Nous verrons dans l'article suivant que l'une des variétés du
Triton marbré s'en rapproche beaucoup , mais elle n'a pas les taches arrondies
qui se voient sur les côtés de l'abdomen. Ce qui les a fait peut-être
regarder comme le Triton carnifex de Laurenti, c'est que la tranche inférieure
de la queue est jaune , mais nous ne l'avons jamais vu de la belle
couleur rouge qui se voit chez les Tritons marbrés, surtout dans les individus
que nous rapportons à la première variété.
2. TRITON MARBRÉ. Triton marmoratus, Latreille.
(ATLAS, pl. 106, flg. 1).
CARACTÈRES, Corps rugueux ou verruqueiix, tantôt d'un vert
tendre ou plus ou moins foncé avec des taches marbrées noires
plus ou moins confluentes ou avec des taches d'un brun rouge sur
un fond plus brun; le plus souvent une ligne jaune ou d'un beau
rouge carmin , s'étendant dans toute la longueur du dos, depuis
la nuque jusqu'à la partie moyenne de la queue, Le dessous du