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196 B A T R A C I E N S ÛRODÈLES
plus importanlM à connaître ; car elles peuvent servir seules à la démonstration
que cet animal est tout à fait différent de ceux auxquels on a
cherché à le comparer, en supposant qu'il était encore à l'état de larve ou
do non perfection. La colonne vertébrale est composée de quatre-vingtsept
pièces dont quarante-quatre font partie de la queue. Ces vertèbres
sont tout à fait ossifiées, fort solides et jointes les unes aux autres à peu
près comme dans les Poissons, c'est-à-dire que leur corps se trouve creusé
de deux fosses coniques remplies de flbro-cartilages qui réunissent les
pièces ainsi appliquées base à base. Il n'y a que huit vestiges de côtes de
chaque côté ; mais c'est surtout la téte qui, par son mode d'articulation
avec les vertèbres et la structure de l'os hyoïde, offre des particularités
propres à faire distinguer de suite les Sirènes de la classe des Poissons.
Cependant sous d'autres rapports, l'absence d'une arcade ou d'un tour osseux
complet à la mâchoire supérieure et la présence au palais de plaques
osseuses, hérissées de dents, offrent une notable différence avec ce qui
«'observe chez les autres Batraciens Urodèles.
On manque de notions positives sur les habitudes de la Sirène dont on a
vu plusieurs individus atteindre plus d'un mètre de longueur. Ce Reptile
habite les marais fangeux de l'Amérique du Nord, de la Caroline et surtout
les fossés pleins d'eau des terrains où l'on cultive le riz. Il s'enfonce dans
la vase à plus d'un mètre de profofideur. On dit que sa nourriture principale
consiste en Mollusques et en Annelides ; car c'est certainement par
erreur qu'on croit dans le pays que la Sirène avale des Serpents. C'est
aussi par préjugé trés-probablement, qu'on l'accuse d'être venimeuse.
Serait-il vrai qu'elle crie et que sa voix ressemble à celle d'un jeune
canard? Ce serait un fait curieux à constater, car la plupart des Urodéles
n e font entendre qu'une sorte de gargouillement quand ils expulsent rapidement
l'air contenu dans leurs poumons. D'ailleurs Barton nie positivement
ce fait avancé par le Docteur Garden dans sa lettre à Linné.
Nous avons conservé durant sept années, dans l'un des bassins de
la Ménagerie des Reptiles, un individu vivant qui s'y est beaucoup
développé. Il est très-vorace et il a mangé souvent des Tritons et
surtout de petits poissons qui se trouvaient en quantité dans le même
bassin où il se tient habituellement caché en partie sous des pierres qu'on
y a placées, afin qu'il puisse s'y retirer. Il fuit la lumière ; souvent même
Il s'enfonce si complètement dans la vase qu'on n'aperçoit que sa tête et
surtout les panaches de ses branchies. Nous en avons fait faire un dessin
colorié sur vélin en 1840 pour être déposé parmi les figures de Reptiles de
la Bibhothèque du Muséum. L'animal était, au moment de sa mort , deux
fois plus long qu'à l'époque où il avait été dessiné.
Le Muséum s'est procuré deqx très-jeunes individus de la Sirène U^
TilÉilATODÈUES. HlOTÉÏDJiS. fi. SliiÈNE. 19 7
cortine qui offrent tous les caractères assignés à l'espèce, mais ils ont tout
an plus huit centimètres de longueur et à peine cinq millimètres d'épaisseur.
Ils nous ont été procurés par une marchande d'objets d'histoire
naturelle en 1846. Leur couleur est brune , moins foncée que dans les individus
adultes, ils présentent des taches jaunes, irrégulières qui ne sont
pas semblables dans les deux individus.
Wagler a rapporté à ce genre comme une seconde espèce, sous le nom
de Siren striata, un petit individu qui est, peut-être, le même Reptile
que Palissot Beauvois avait aussi décrit dans le tome IV des Transactions
de Philadelphie, sous le nom de Siren operculata, et que M. Gray
a fait connaître depuis dans les Annals of philosophy sous le nom de
Pseudobranchus; mais l'individu de M. Palissot ayant été soumis à
l'examen de G. Cuvier, celui-ci reconnut l'identité de la première espèce
qui seulement se trouvait dans un état de développement beaucoup moins
avancé (1). (Voir I'ATLAS, pl. 96, fig. 1.)
Il nous semble aussi que les prétendues espèces décrites par M. Leconte,
en 1826, dans les annales du Lycée de Newyork, sous le nom de
Siren striata et d'intermedia (2), d'abord dans le tome I , page 54, pi. 4.
puis tome II, part. 1. page 134, pl. 1, seraient encore d'autres individus
ou des variétés de la Sirène lacertine. La dernière qui ne paraissait pas
devoir atteindre plus d'un tiers de mètre de longueur avait le même
nombre de doigts; mais ses houppes branchiales étaient moins frangées.
La première n'avait que trois doigts et deux raies longitudinales, jaunes,
sur les parties latérales du corps. Elle était aussi plus petite en proportion
car elle avait un quart de longueur de moins.
Cependant Cuvier, d'après les observations de M. Leconte, a été porté
à regarder ces animaux comme des individus parfaits ou à les considérer
comme des espèces. C'est ce que pourront seulement démontrer des observations
ultérieures. Bailleurs, les moeurs et les eaux dans lesquelles on les
a trouvés sont absolument les mêmes que celles de la Sirène lacertine.
Nous avons dans la collection du Muséum six individus de cette même
variété, en très-jeune âge, dont la longueur est pour les uns comme
pour les autres, de huit à seize centimètres. Mais chez tous, les lignes
longitudinales ou les raies dorsales ne sont qu'au nombre de deux
et varient pour la largeur. Tantôt elles sont égales et parallèles.
(1) 1825, Gray, ann. phil. Pseudobranchus.
(2) 1842. Holbrook, Ilerpet. north Amer. p. 107, pl. 35, intermedia
et p. 109, pl. 56, striala.
(5) 1850. Gray, Catal. of British. Mus. p. 69, fious le nom de Pteudobranchua.
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