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 mois  avait produit  trente et un petits  vivants.  De  Maupertuis  (loc. cit.)  avait  
 trouvéia  foetus  dans  les  oviductes  d'une  femelle  et  54  chez  une  autre.  
 Le  plus ordinairement,  la femelle  fécondéeen  automne  et  imprégnée  pendant  
 l'hiver,  ne  produit  ses  petits  vivants  qu'à  la  fin  du  mois de  février  ou  
 en mars.  Cependant,  on  en  a  trouvé encore de  vivants  dans  le  corps  d'une  
 femelle  au  mois  de  juin.  Ces  petites  Salamandres  sont  cles  têtards,  c'està 
 dire  qu'elles  ont  des  branchies,  et  sous  cette  première  forme,  elles  ont  
 la  plus  grande  analogie  par  la  structure  et  le  genre  de  vie  avec  les  Tritons,  
 ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  déjà  dans  cet  ouvrage,  tom.  VI I I ,  p.  u i ,  
 et  comme  nous  aurons  d'ailleurs  occasion  d'y  revenir  en  traitant  de  ces  
 ÏJrodèles.  
 Les  Salamandres  se  nourrissent  d'insectes,  de  petits  mollusques  etd'annelides. 
   On  a  dit  qu'elles  pouvaient  s'alimenter  aussi  d'humus  ou  de  terre  
 végétale,  probablement  parce  qu'on  en  avait  trouvé  dans  la  cavité  de  leur  
 estomac;  mais  comme  ces  Reptiles  mangent  très-souvent  des  Lombrics,  
 à  la  recherche  desquels  elles  vont  pendant  la  nuit,  il  est  probable  que  
 cette  terre provenait  de  celle  que  les  Lombrics  avaient  eux-mêmes  avalée  
 pour  en  extraire  les  sucs  organiques  qui  s'y  trouvent  ordinairement  mélés  
 et  qui proviennent des corps organisés,  végétaux et animaux dontcette  terre  
 contient  les  détritus.  Ces  Batraciens  peuvent  supporter  l'abstinence  pendant  
 des  mois  entiers  dans  des  lieux  humides,  sans  maigrir  en  apparence. 
   On  les  trouve  engourdis  pendant  l'hiver  dans  des  souterrains,  dans  
 des  cavernes  et  les  caves  de  nos  habitations  champêtres.  Les  Salamandres  
 sont  généralement  lentes  dans  leurs  mouvements.  Quand  elles  sont  restées  
 exposées  à  l'action  d'un  air  chaud  et  sec,  ce  qu'elles  craignent  et  
 évitent,  elles  perdent  beaucoup  de  leur  poids;  mais  comme  les  autres  
 Batraciens,  elles récupèrent  bientôt  l'eau par  l'absortion cutanée,  lorsqu'on  
 les  replace  dans  un  air  humide.  On  a  trouvé  des  Salamandres  gelées  
 au milieu  de  glaçons  solides  :  leur  corps  était  dur  et  inflexible,  mais  déposé  
 avec  soin  dans  la  neige  ,  qu'on  a  fait  fondre  lentement,  on  s'est  assuré  
 que  ces  animaux  pouvaient  continuer  de vivre,  de  sorte  que  c'est  un  fait  
 curieux  observé  positivement  par  nous,  que  ce  même  animal,  cette  Salamandre, 
  qu'on avait supposée pouvoir vivre dans  le feu, jouissait  au  contraire  
 de  la  faculté  de  résister,  plus  que  tout  autre,  aux  effets  de  la  congélation.  
 Quant  au  préjugé  vulgaire  que  les  Salamandres  peuvent  vivre  dans  le  
 f e u ,  il  provient  d'un  fait  mal  observé.  Placées  en  efl'et  au  milieu  de  charbons  
 de  bois  en  pleine  ignition,  ces  victimes  d'une  si  cruelle  curiosité  
 mises  en  expérience,  ont  à  l'instant  môme  laissé  exsuder  des  pores  nombreux  
 dont  leur  peau  est  criblée,  UDe  humeur  gluante,  assez  abondante  
 pour  former  une  couche  visqueuse  sur  la  portion  du  charbon  incandescent  
 avec  laquelle  l'animal  était  en  contact,  et  comme  cette  surface  à  
 A T R É T O D È R Ë S .  6.  SALAMANDFTE.  2.  61  
 rinstant même  est  redevenue  tout  à  fait  noire, n'étant  plus  en  rapport  avec  
 l'air,  on  a cru qu'elle  était  éteinte;  mais  l'animal  en  a éprouvé  des  brûlures  
 telles  qu'il  ne  tarde  pas  à  succomber.  
 2.  SALAMANDRE  DE  CORSE.  Salamandra  Corsica.  Savi.  
 (ATLAS,  pl.  103,  fig.  2  ,  l'intérieur  de  la  bouche.)  
 CARACTÈRES.  Corps  noir, à grandes  taches  jaunes irrégniières  ;  
 à  dents  palatines  formant  deux  séries  longitudinales  droites,  
 parallèles,  rapprochées  et légèrement  excavées  en  avant  où elles  
 circonscrivent  un  petit  espace  circulaire.  
 SYNONYMIE.  1839.  Salamandra  Corsica.  Savi. Descrizione  d'alcune  
 nuove  specie di Rettilli.  Giornal.  de Letterati  Pise n".  102,  
 p. 208.  Salamandra  Moncherina.  Bonaparte  Faun.  liai.  fol.  131,  
 pl.  83,n.M.  
 18S2.  Salamandra  Corsica.  Dugès.  (Alfr.) Ann.  des scien.  nat.  
 3.«  série  t.  XVI I ,  pag.  258  ;  le  crâne  pl.  1 ,  B.  fig.  4  et  3.  
 DESCRIPTION.  
 FORMES.  Ce  n'est  qu'avec  le  plus  grand  doute  que  nous  inscririons  cette  
 espèce  comme  tout  à  fait  distincte  de  la  Salamandre  terrestre  avec  laquelle  
 elle a une  très-grande  analogie  de  formes,  de  couleur  et  d'apparence,  si  
 l'on  ne  reconnaissait  une  différence  fort  notable  dans  la  disposition  des  
 dents  qui  occupent  la  partie  moyenne  de  la  voûte  palatine.  En  effet,  dans  
 la  Salamandra  maculosa,  cette  série  de  dents  forme  deux  arcs  concaves  
 qui,  sans  se  joindre  complètement  en  avant,  laissent  entre  eux  un  espace  
 concave  ovalaire;  tandis queparderrière,  cette ligne, qui  porte  les dents,  est  
 tout  à  fait  courbe  en  dehors,  rapprochée  dans  un  point  seulement.  Il  en  
 résulte,  comme  le  dit  M.  le  prince  Ch.  Bonaparte  qu'elles  circonscrivent  
 un  espace campaniforme,  ou bien  en  forme  de  spatule.  Dans  la  Salamandre  
 de  Corse,  au  contraire,  l'individu  qui  a  servi  à  la  description  et  d'après  
 la  figure  qu'en  a  donnée  le  prince  Bonaparte  ,  et  c'est  ce  qui  est  trèsbien  
 indiqué  dans  le  texte ,de  ce  savant  Zoologiste  et  sur  le  dessin  qui  
 l'accompagne  ,  les  dents  forment  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  les  
 caractères  ci-dessus,  deux  séries  longitudinales  parallèles  l'une  à  l'autre  
 dans  plus  des deux  tiers  de  leur  longueur,  pour  s'écarter  seulement  un  peu  
 en  avant  où  elles  laissent  entre  elles  un  espace  légèrement  arrondi  ;  puis  
 en  arrière,  elles  se  relèvent  brusquement  en  travers.  
 Les  descriptions  données  par  MW.  Savi  et  Bonaparte  sont  compa