BATRACIENS URODÈLES
fécondation en général, et sur le développement des germes
(1).
Ainsi généralement, chez lea^Urodèles, il n'y a pas de conjonction
intime entre les mâles et les femelles, c'est-à-dire
une intromission immédiate et réelle de l'organe générateur
masculin , dont aucune partie ne fait extérieurement saillie,
pour pénétrer dans le cloaque de l'individu de l'autre sexe!
Cependant, à l'époque de la fécondation , ces Batraciens se
rapprochent par paires ; ils restent ainsi réunis, le mâle
poursuivant la femelle dans tous ses mouvements ; et c'est au
dehors que l'acte de la vivification des oeufs a lieu.
Cette fécondation s'opère presque constamment dans l'eau,
laquelle sert de véhicule à la liqueur spermatique, comme
l'air atmosphérique devient l'intermède obligé qui , chez les
plantes, est chargé de transmettre, sur les stigmates des
fleurs femelles, le pollen ou la poussière fécondante contenue
d'abord dans les anthères des espèces mâles unisexuelles.
C'est à cette époque de la fécondation que les différences
chez les deux sexes peuvent être plus facilement saisies. Les
mâles, plus sveltes, ont généralement l'abdomen moins gros,
et les couleurs d'une teinte remarquable par une plus
grande vivacité dans leurs nuances. En outre, ces individus
mâles présentent, assez ordinairement, des expansions de
membranes ou des prolongements de la peau dans les régions
du dos et de la queue. Plusieurs sont ornés de lobes membraneux
qui garnissent leurs membres et surtout leurs doigts.
Ces sortes de panaches, de crinières régulièrement festonnées
et découpées, ne sont que des parures de noces,
toujours passagères, qui correspondent à d'autres modifications
de quelques régions du corps. L'animal les fait flotter
dans l'eau et onduler activement avec uùe grâce, une rapidité
(1) Erpét. génér., tom. VIII, p. 190-234-242 et dans le présent volume,
les détails relatifs au genre Triton.
EN GÉNÉRAL. 15
qui se ralentit ou s'accroît comme le simulacre effectif de ses
jouissances. Les téguments du cou , des lianes et de la partie
inférieure du ventre se colorent également des teintes les plus
vives, plus ou moins foncées, dégradées, affaiblies, ou limitées
d'une manière à peu près constante chez tous les mâles
d'une même espèce ; mais cet appareil brillant de la saison des
amours, qui se prolonge rarement au-delà d'un ou deux mois,
s'efface, s'oblitère et disparait, et les individus des deux sexes
peuvent êtres confondus. Ils sont alors dépouillés de leurs ornements
comme certaines plantes qui perdent avec leurs fleurs,
leurs feuilles radicales et ordinairement toute leur parure.
Le plus souvent le mâle est placé en travers ou obliquement
dans le voisinage du corps de la femelle, vers l'époque où
elle est disposée à pondre. Il épie tous ses mouvements, la poursuit,
s'en approche, l'excite, la stimule et l'agace en relevant
et en faisant flotter les dentelures de la crête colorée
dont son dos est orné, et en agitant légèrement la queue dont
il dirige adroitement la pointe, à la manière d'un fouet, sur
les flancs de la femelle, comme pour l'engager à pondre.
Lorsqu'il s'aperçoit qu'un oeuf sort du cloaque, ou quand il
est près d'en franchir l'orifice, on voit jaillir de la fente longitudinale
de ses organes génitaux externes, dont à cette époque
les bords ou les lèvres sont, comme nous l'avons dit, toujours
gonflés et diversement colorés, une petite quantité de son
humeur séminale, qui suspendue et mêlée à l'eau la trouble et
la blanchit, comme le ferait uu peu de lait. Ce véhicule du
sperme vient envelopper l'oeuf et le vivifier, très-certainement
de la même manière que la laitance des Poissons osseux sert
à la fécondation des germes ; car ils resteraient stériles et seraient
bientôt décomposés sans cette inter-vention de la liqueur
prolifique dont le mâle vient les inonder.
Il paraît cependant que chez quelques espèces en particul
i e r , et dans certaines circonstances obligées, mais prévues
par la nature, la spermatisation des oeufs se réalise à l'inté