10 BATRACIENS URODÈLES.
ces organes n'existent plus, ou plutôt on n'en retrouve que
les rudiments sous la peau, dans les Protées qui vivent dans
des cavernes où la lumière ne pénètre pas. Ces yeux, comme
chez les Poissons, n'ont pas de paupières dans les Amphiumes
et les Sirènes. Chez les Salamandrides, ces organes sont généralement
bien constitués avec des paupières mobiles et même
avec des glandes lacrymales.
Organes de la nutrition. (1). Le canal intestinal est relativement
plus long et même plus ample dans les têtards, parce
que, sous cette forme, ces jeunes animaux s'alimentent de
matières végétales. Généralement les Urodèles recherchent des
animaux vivants ou qui donnent encore quelques signes de vie
ou de mouvement: Cependant, comme la bouche des Urodèles
n'est pas très-dilatable et que la plupart n'ont pas les dents
tranchantes, il était nécessaire que l'orifice destiné à l'introduction
de la proie fut calibré, ou au moins d'une largeur
égale au plus grand diamètre de la victime ou à l'évasement
que permet la disjonction de la symphyse un peu mobile des
branches de la mâchoire inférieure, car ellesnesont maintenues
en contact que par un court ligament élastique. Comme les
muscles temporaux et les autres organes destinés au rapprochement
des mâchoires ont généralement peu de puissance,
parce qu'ils sont grêles et très-courts, leur action se trouve,
par cela même, très-bornée.
La plupart offrent sur le palais de petites dents pointues,
recourbées, sur lesquelles la langue fait frotter la surface de
la proie, comme sur une râpe. On peut croire que les dents
des mâchoires ne remplissent l'office que de crochets analogues
aux pointes nombreuses des fils métalliques dont ôn
arme les plaques de cuir pour former les cardes destinées h
séparer, redresser et démêler les brins de matières qui doivent
être employées dans la filature. La distribution des cro-
<A) Erpét, génér., torn. VIII, p. 24,
EN GÉNÉRAI. H
chets palatins, leur mode d'implantation symétrique en travers
et en long sur des lignes régulières et diversement courbées,
nous ont fourni, comme à M. de Tschudi, de très-bons
caractères pour rétablissement de certains genres.
Ces dents sont donc destinées uniquement à saisir, pincer
et retenir la proie dont une portion est déjà introduite dans la
bouche.
Il n'y a dans cette cavité buccale ni épiglotte, ni voile du
palais, ni de grosses glandes salivaires, mais des cryptes qui
fournissent une sorte de bave visqueuse destinée à engluer la
surface de la proie pour la faire glisser plus facilement dans
l'oesophage ou à l'entrée du tube alimentaire.
Cette sorte de trémie musculaire courbe , plissée , extensible
se prête, ainsi que la gorge , à une assez grande expansion.
Ce gosier, ou ce pharynx, est soutenu dans l'épaisseur
de son tissu musculeux par les cornes osseuses et cartilagineuses
de l'hyoïde dont les moyennes font l'office de lames
thyroïdiennes. Ces parties restant ainsi fort développées,
puisqu'à l'époque première de la vie , chez les Urodèles , le
mode de la respiration était uniquement aquatique, s'opérant
en dehors sur des branches semblables à celle des Poissons.
Ces pièces, ou cornes de l'os hyoïde , sont surtout très-prolongées
chez les grandes espèces d'Urodèles qui conservent,
pendant toute la durée de leur existence, les longues branchies
, flottantes comme des panaches rutilants , tels qu'on
les voit dans les Protées , les Sirènes et les Axolotls, lesquels
restent constamment dans les eaux qui les ont vus naître,
t L'estomac des Urodèles est un sac dilatable , qui fait pour
ainsi dire portion continue de l'oesophage ; on y voit une sorte
de rétrécissement pylorique; mais le reste du tube intestinal,
abstraction faite de sa forme allongée , correspondante à celle
de la cavité abdominale , ofi're les plus grands rapports avec
ce qu'on observe dans les Batraciens Anoures. Il se termine
par un cloaque en fente longitudinale, dont les bords portent