^ ^ ^ BATRACIENS URODÈLES,
d'après la nature vivante, tels que les auteurs les ont transmis
dans l'intérêt de la science.
La plupart des espèces du genre Triton restent habituellement
dans l'eau et même constamment et nécessairement tant
quelles conservent leurs branchies, qui chez le plus grand
nombre, persistent au moins pendant six mois après leur sortie
de 1 oeuf. Alors elles sont plus vives; elles se meuvent avec
plus de facilité et comme elles se nourrissent de petits animaux
aquatiques, de larves et de mollusques, elles peuvent se
diriger vers la proie et la saisir comme le feraient les poissons.
Quand les Tritons sont hors de l'eau, ils sont encore
plus agiles ou moins "lents et tardifs dans leurs mouvements
que les véritables Salamandres dites terrestres ou à queue
arrondie; cependant, comme nous l'avons dit, lorsque ces
Tritons sont restés longtemps hors de l'eau, leur queue s'arrondit
et à peine peut-on reconnaître qu'elle avait été trèscomprimée.
Comme c'est principalement sur les grandes espèces de ce
genre que Spallanzani et M. Rusconi ont fait des observations
très-suivies sur l'acte de la génération et surtout sur les fécondations
artificielles, nous devons présenter ici une courte
analyse des faits principaux qu'ils ont fait connaître.
On ne trouve jamais les deux sexes dans l'acte immédiat de
l'accouplement proprement dit; car il n'y a pas de copulation
reelle par intromission des organes mâles dans le cloaque de
la femelle. L'époque déterminée par la nature pour l'acte
de la fécondation , est ordinairement dans les premiers
beaux jours de l'année, pour le climat de Paris par exemple,
vers la fin de février, ou au commencement du mois dé
mars; presque aussitôt après :1a cessation de l'engourdissement
que produit la saison de l'hiver, pendant laquelle les
oeufs se sont très-visiblement développés dans le corps de la
femelle quand ils se sont détachés de l'ovaire et introduits
dans les oviductes. Les individus de sexe diiTérent cherchent
ATRÉTODèllEg. G. TRITON. m
à se rapprocher. Ce sont surtout les mâles, très-faciles à reconnaître
par les crêtes dont leur dos est alors orné, qui se
mettent à la poursuite des femelles qu'ils suivent dans tous
leurs mouvements, de sorte qu'alors ces Tritons se trouvent
constamment réunis par paires.
Pendant plusieurs jours, le mâle reste ainsi dans le voisinage
de la femelle; il l'empêche de s'éloigner en faisant en
sorte de lui barrer la route qu'elle veut prendre dans sa fuite,
en se plaçant sans cesse en travers au devant de sa tête pour
l'arrêter. Dans ce rapprochement, ces animaux se trouvent
placés de manière que les deux troncs forment par leur position
un angle très-ouvert qui correspond aux deux têtes.
Pendant cette situation, on voit le mâle agiter vivement la
queue par petites secousses comme conYulsives, en se servant
de son extrémité libre qu'il agite plus ou moins vivement
comme un fouet, pour la diriger sur les parties latérales du
ventre de la femelle. Celle-ci, comme fatiguée de cette sorte
de caresses, commence alors à laisser entre-baîller les lèvres
très-gonflées de son orifice génital. Aussitôt que le mâle s'en
aperçoit, il fait lui même écouler, par petits jets, son humeur
spermatique dans l'eau dont la transparence se trouve alors
légèrement troublée par la teinte blanchâtre de sa liqueur
prolifique. On s'est assuré que cette humeur absorbeé par le
cloaque vient féconder les oeufs ou au moins ceux de ces oeufs
qui sont prêts à sortir et que la liqueur séminale du mâle
arrive ainsi dans l'oviducte sur une assez grande étendue pour
y vivifier les germes dans lesquels elle pénètre. Cette sorte d'éjaculation
du sperme se répète à certains intervalles. Le plus
souvent, quand cette opération est terminée, la femelle cherche
à aller déposer ses oeufs sur les feuilles submergées de quelques
plantes aquatiques, telles que celles des potamogétons,
de laberle, du cresson. Cette femelle plie avec ses pattes
postérieures la feuille soit en travers, soit en longueur pour
en former une sorte de gouttière, dans la rainure dç laquelle,
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