188 BATRACIENS UEODÈLES.
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se prolongent beaucoup et prennent une belle couleur rouge cartnin ; mais
elles se flétrissent, se racourcissent et elles palissent, lorsque les raraiQcations
vasculaires ne sont pas injectées par l'Hématose qui ne s'y produit
plus de la même manière, probablement parce qu'alors l'animal
respire l'air qu'il introduit dans ses poumons pour remplacer l'action des
branchies.
On peut voir par la Synonymie qui précède que le Protée n'a été connu
des îiaturalistes que depuis l'indication qui en a été faite par Laurenti. C'est
princ'palement d'après les belles recherches do MM. Schreiber, Cuvier,
Configliochi, Rusconi et Delle Ghiaie qu'on connaît bien les moeurs do
ce Reptile, ainsi que les formes et sa structure. Nous en avons nous mêmes
observé et étudié à plusieurs reprises et pendant deux ou trois années de
suite et avec soin deux individus auxquels nous n'inspirions aucune crainte.
Nous leur donnions des vers de terre pour unique nourriture, ainsi que
nous le dirons à la fin de cet article et dans ce moment (18/ti-l847) nous
avons encore sous les yeux un individu vivant que nous conservons depuis
le mois de septembre 1841, qui a été donné au Muséum par M. le Docteur
Mandi.
Hermann, Schneider et Gmelin dans les articles cités avaient regardé ce
Batracien comme une larve de Salamandre ; mais tous les autres auteurs
sont restés convaincus qu'il en diffère complètement par son organisation.
M. Schreibers d'abord, Cuvier ensuite, dans un premier mémoire, puis
MM. Confisliachi et Rusconi, même G. Cuvier, dans un dernier mémoire,
ont fait une anatomie très-détaillée de ce singulier Reptile , et cette anatomie
a encore été illustrée dans un excellent mémoire publié en 1840,
par M. Delle Ghiaie de Naples.
On a cru longtemps que les lacs des environs de Sittich, dans la basse
Carniole,;étaient les seules eaux qui recevaient le Protée, dans lesquelles il
était transporté à la suite des grandes pluies, entraîné par les eaux des
inondations qui pénétraient dans des sortes de grottes souterraines où l'on
en avait observé plusieurs fois. En effet, c'était de ces lieux là, que les premiers
individus avaient été transmis à Laurenti et à Scopoli par M. de
Zoïs qui habitait ce pays ; mais depuis on en a découvert en plus grand
nombre dans les eaux d'une grotte profonde, sur la grande route de
Trieste à Vienne, grotte qui porte le nom d'Âdlelsberg ou Postoina.
Voici quelques-unes des habitudes et des moeurs du Protée. Hors de l'eau,
il se traîne péniblement; son corps étant très-long et muqueux, se colle
sur le sol dont ses pattes, trop courtes et mal conformées, ne peuvent le détacher.
Sesbranchiesetsa peau se desséchent et l'animal ne tarde pas à périr.
TRÉMATODÈRES. PUOTÉÏDE. G . PROTÉE. 18 9
Pans l'eau, cependant, il nage très-bien : il vient de temps à autre se porter
à la surface pour y respirer, d'abord en repoussant l'air vicié , puis
humant l'air atmosphérique pour en remplir de nouveau et rapidement
ses paumons. Dans le premier cas il émet un petit cri ou produit un bruit
qui provient du gargouillement des bulles qui passent de la glotte dans
l'eau que contient sa bouche. Nous avons nourri avec des lombrics, pendant
près de trois ans, ceux qu'on nous avait donnés. Ces lombrics, de
moyenne grosseur, étaient avalés avec voracité et tout entiers : ils étaient
complètement digérés en deux ou trois jours. Nous tenions ces Protées à
la cave pendant l'hiver et dans les jours très-chauds de l'été, ils étaient
contenus dans un compotier de porcelaine avec un couvercle de la même poterie;
mais de manière que l'air pouvait s'y renouveler et la lumière y pé -
nétrer un peu. Nous devons faire remarquer cette dernière circonstance
car les téguments prenaient alors une teinte grise assez prononcée. Quand
nous les laissions à la cave enfermés dans un grand vase de fayence épaisse,
sorle de poterie de terre vernissée, de forme allongée, destiné dans nos cuisines
à faire cuire des pâtés de chair , ces Protées reprenaient la teinte
d'un jaune très-pâle, et c'est ainsi que reste constamment celui que nous
conservons encore dans un grand sceau de zinc. On avait soin de renouveler
l'eau tous les deux ou trois jours, suivant qu'elle était plus ou moins
salie par les déjections de l'animal, ce qu'on pouvant reconnaître par la
diminution de longueur de ses panaches ou de ses branchies. Ces animaux
ont grossi et grandi considérablement, mais ils n'ont jamais changé de
forme ; ce dont nous étions fort désireux de nous assurer. La seule modification
notable que nous ayons observée est celle de la teinte de leur peau,
comme nous l'avons dit, elle était analogue à celle que M. Rusconi a représentée
sur la figure S de la seconde planche de sa belle monographie.
D'après les observations de G. Cuvier (1), la tète osseuse du Protée
ressemble davantage à celle de la Sirène , qu'à celle de toute autre espèce
d'Urodèle. Seulement elle est plus déprimée, munie d'os ptérygoïdiens;
mais la disposition et la forme des dents ont plus de rapports avec ce qu'on
retrouve chez les Salamandres. Au reste pour tous ces détails nous renvoyons
le lecteur àia figure 14 et suivantes de la 27." planche de la seconde
partie du tome V des ossements fossiles de G. Cuvier.
L'anatomie des viscères a été donnée par M. Delle Ghiaie de Naples dans
la dissertation citée et la plupart des organes ont été étudiées et décrits
dans les ouvragesd'anatomie comparée etsurtoutpar MM.Duvernoy et Le
(1) Cuvier ossemens fossiles 2." édit. Tome V, part. 2, pag. 428 et sulv.
planche 27, fig.