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 DESCRIPTION.  
 FORMES.  Celte espèce  nous  paraît  tout-à-fait  distincte  delà  précédente,  
 dont  on  l'a  regardée  d'abord  comme  une  variété  ; mais  elle  est  constante,  
 absolument  la même, dans les lieui élevés des montagnes  couvertes  de  neiges  
 qu'elle  habite  de  préférence  ; enfin,  elle  présente ^des  caractères  très-particuliers  
 dans  l'apparence  de  ses tégumens  et  surtout  par  son  mode  de  propagation. 
   
 Elle  est  généralement  d'un  tiers  au moins  pins  petite  que  |Ia  première  
 espèce,  sous  le  double  rapport  de  la  longueur  et  de  la  largeur,  de  sorte  
 qu'elle  est  plus  grêle  en  totalité  ; mais  elle  lui  ressemble  beaucoup  pour  la  
 forme.  La  couleur  de  la  peau  est,  comme  nous  l'avons  dit,  tout-à-fait  
 noire.  La  tête  est  plane  et  lisse,  mais  les  parotides,  bien  développées,  
 plus  rapprochées  et  arrondies  en  arrière,  semblent  rendre  l'intervalle  
 qu'elles  laissent  entre  elles  un  peu  creux.  Le  corps  présente  en  dessus  
 douze  ou  treize  enfoncements  transverses,  que  séparent  sur  les  flancs  autant  
 de  mamelons  verruqueux,  percés  de  pores.  La  queue,  légèrement  
 comprimée,  mais  arrondie  en  dessus  et  en  dessous  dans  la  longueur  ,  
 est  marquée  dans  toute  son  étendue  de  plis  transversaux,  qui  forment  
 comme  autant  d'anneaux  au  nombre  de  27  lesquels  vont  peu  à peu  en  diminuant  
 de  diamètre  et  de  longueur.  Le  dessous  du  corps  est  recouvert  
 d'une  peau  lisse ;  le  pli du  cou  forme  un  véritable collier  qui  s'efface sur  la  
 nuque  ,  mais  qui  rend  la  téte  tout-à-fait  distincte  du  tronc  ,  car  ensuite  
 le  cou  est  un  peu  plus  étroit.  
 DIMENSIONS. NOUS avons pris  les mesures  sur  un  individu  des plus  grands  
 d e l à  collection.  Sa  longueur  totale  est  de  O™,12.  La  Tête,  0'^,03t.  Le  
 Tronc,  dans  l'espace  compris  entre  les  aiselles,  0™,04..  Le  plus  grand  
 diamètre  du  ventre  un  peu  affaissé,  0'",012.  Les  Membres,  étendus,  à  peu  
 près  égaux,  0,'°,02.  La  Queue,  0m,06.  
 PATRIE.  On  n'a  encore  rencontré  cette  Salamandre  que dans  les  montagnes  
 principalement  sur les Alpes,  dans  le voisinage  des  neiges  ;  en  Autriche  
 ,  dans  la  Carinthie  et  la Carniole  ; on  l'a  trouvée  également  dans  les  
 Alpes  de  la  Suisse. Elle  se  retire  dans  des  cavités  souterraines.  Il  est  probable  
 qu'elle  ne  recherche  sa  nourriture  que  pendant  la  nuit.  Les  individus  
 que  le Musée  de  Paris  possède  proviennent  de  ces  diverses  contrées  et  
 ils  ont  été donnés  par M.  de  Schreibers,  M.  de  Joannis,  M.  le  comte  de  
 Castelnau  et M.  le  duc  de Rivoli. Nous  les  avons  fait  figurer  d'après  des  individus  
 vivants,  femelles  qui  avaient  été  remises  par  M.  de  Schreibers.  
 Le  vélin  qui  représente  l'animal  sous  trois aspects  a  été  fait  en  août  1815  
 sous  nos  yeux,  par  Huet.  
 ATRÉTODÈRES.  (3.  SALAMANDUE.  3.  6' )  
 Tjneieune  Salamandre  noire  qui  a  conservé  ses  branchies  quoiqu'elle  
 aitTès de quatre  centimètres  de  long  a  été  rapportée  des  Alpes  par  M.  
 Biickland  d'Oxford.  
 MOEDRS.  Nous  avons  déjà  eu  occassion  de  parler  par  anticipation,  dans  
 le volume  qui  précède, en  traitant de la  fonction  reproductive  (Tome  VIII,  
 page  242),  de  la  particularité  la  plus  curieuse  que  présente  celte  espèce  
 de  Salamandre  dans  son  mode  de  génération  (1).  
 M  de  Schreibers  s'est  beaucoup  occupé  de  ces  animaux,  dont  il  a  étudié  
 les  habitudes  et  l'organisation.  Pendant  un  court  séjour  que  ce  savant  a  
 fait  à Paris,  il  a  bien  voulu  nous  communiquer  les beaux  dessins  qu'il  en  
 a  fait  éxécuter.  Pour  éviter;des  répétitions  nous  renverrons  le  lecteur  aux  
 aiticles  que  nous  venons  d'indiquer  et  que  probablement  M.  Rusconi  no  
 connaissait  pas  lorsqu'il  a  présenté  plus  que  des  doutes  sur  des  faits  observés  
 avec  tant  de  soin,  parce  qu'en  effet  le  mode  de  fécondation  et  le  
 développement  des  germes  est  différent  chez  ces  IJrodèles  de  la  plupart  
 des  circonstances  si  bien  étudiées,  décrites  et  représentées  par  l'auteur  
 des  Amours  des  Salamandres  ou  plutôt  des  Tritons.  Cette  particularité  
 n'en  était  pas moins  importante  à  constater.  
 Si  M.  Rusconi,  dont  les  travaux  consciencieux  ont  acquis  à  cet  auteur  
 une  si  grande  auforité  dans  la  science,  avait  mieux  connu  le  fait,  il  
 n'aurait  pas  à  regretter  aujourd'hui  les railleries  peu  obligeantes  qu'il  s'est  
 permises  à  notre  égard,  en  exprimant  son  incrédulité,  dans  une  lettre  
 imprimée  que  nous  n'avons jamais reçue  en  original,  mais dont  nous  avons  
 pris  connaissance  à  la Bibliothèque  de  l'Institut  (2).  
 J e  n'ai  pas  dit,  comme  l'auteur  l'a  imprimé,  que  l'histoire  générale  de  
 la  propagation  dans  les  Reptiles  Batraciens  est  loin  d'être  complète,  mais  
 que  l'histoire  de  leur  génération  n'avait  point  été  publiée  d'une  manière  
 complète  et  la  preuve  c'est  que  sans  y  comprendre  le  fait  observé  par  
 M.  de  Schreibers,  nous  ajouterons  encore  celui-ci  extrait  du  tome  I I ,  des  
 Comptes-rendus  de  l'Institut  page  532:  M.  Gay,  voyageur  au  Chili,  a  
 constamment  trouvé  des  oeufs  fécondés  ou  des  têtards  vivants  dans  uno  
 femelle  de  Batracien  anoure  voisine  du  genre  Rhinelle  de  Fitzinger  et  
 que  nous  croyons  être  notre  Rhinoderme  de  Darwin  ou  du  Chili  
 (Tome  YIII,  pag.  659).  
 L'auteur m'a  encore  prêté  gratuitement  une  locution,  dont  il  se moque  :  
 (1)  J'ai  fait  connaître  à  l'Académie  des  Sciences  le  27  août  1838  les  
 observations  de  M.  de  Schreibers  Comptes-rendus  des  séances  tome  VII,  
 page  469.  Voir,  en  particulier,  les  détails  observés  tome  YIII,  p.  243.  
 (2)  Lettre  adressée  à  M.  Duméril:  dams  un  journal  de  Pavie  en  1839,  
 8.°  Delle  scienze  medico  chirurgiche  tome  X.  fase.  LV.  
 HEPTÌLES, T O M E  IX,  Ì>,