6 4 BATRACIENS UHODELES.
DESCRIPTION.
FORMES. Celte espèce nous paraît tout-à-fait distincte delà précédente,
dont on l'a regardée d'abord comme une variété ; mais elle est constante,
absolument la même, dans les lieui élevés des montagnes couvertes de neiges
qu'elle habite de préférence ; enfin, elle présente ^des caractères très-particuliers
dans l'apparence de ses tégumens et surtout par son mode de propagation.
Elle est généralement d'un tiers au moins pins petite que |Ia première
espèce, sous le double rapport de la longueur et de la largeur, de sorte
qu'elle est plus grêle en totalité ; mais elle lui ressemble beaucoup pour la
forme. La couleur de la peau est, comme nous l'avons dit, tout-à-fait
noire. La tête est plane et lisse, mais les parotides, bien développées,
plus rapprochées et arrondies en arrière, semblent rendre l'intervalle
qu'elles laissent entre elles un peu creux. Le corps présente en dessus
douze ou treize enfoncements transverses, que séparent sur les flancs autant
de mamelons verruqueux, percés de pores. La queue, légèrement
comprimée, mais arrondie en dessus et en dessous dans la longueur ,
est marquée dans toute son étendue de plis transversaux, qui forment
comme autant d'anneaux au nombre de 27 lesquels vont peu à peu en diminuant
de diamètre et de longueur. Le dessous du corps est recouvert
d'une peau lisse ; le pli du cou forme un véritable collier qui s'efface sur la
nuque , mais qui rend la téte tout-à-fait distincte du tronc , car ensuite
le cou est un peu plus étroit.
DIMENSIONS. NOUS avons pris les mesures sur un individu des plus grands
d e l à collection. Sa longueur totale est de O™,12. La Tête, 0'^,03t. Le
Tronc, dans l'espace compris entre les aiselles, 0™,04.. Le plus grand
diamètre du ventre un peu affaissé, 0'",012. Les Membres, étendus, à peu
près égaux, 0,'°,02. La Queue, 0m,06.
PATRIE. On n'a encore rencontré cette Salamandre que dans les montagnes
principalement sur les Alpes, dans le voisinage des neiges ; en Autriche
, dans la Carinthie et la Carniole ; on l'a trouvée également dans les
Alpes de la Suisse. Elle se retire dans des cavités souterraines. Il est probable
qu'elle ne recherche sa nourriture que pendant la nuit. Les individus
que le Musée de Paris possède proviennent de ces diverses contrées et
ils ont été donnés par M. de Schreibers, M. de Joannis, M. le comte de
Castelnau et M. le duc de Rivoli. Nous les avons fait figurer d'après des individus
vivants, femelles qui avaient été remises par M. de Schreibers.
Le vélin qui représente l'animal sous trois aspects a été fait en août 1815
sous nos yeux, par Huet.
ATRÉTODÈRES. (3. SALAMANDUE. 3. 6' )
Tjneieune Salamandre noire qui a conservé ses branchies quoiqu'elle
aitTès de quatre centimètres de long a été rapportée des Alpes par M.
Biickland d'Oxford.
MOEDRS. Nous avons déjà eu occassion de parler par anticipation, dans
le volume qui précède, en traitant de la fonction reproductive (Tome VIII,
page 242), de la particularité la plus curieuse que présente celte espèce
de Salamandre dans son mode de génération (1).
M de Schreibers s'est beaucoup occupé de ces animaux, dont il a étudié
les habitudes et l'organisation. Pendant un court séjour que ce savant a
fait à Paris, il a bien voulu nous communiquer les beaux dessins qu'il en
a fait éxécuter. Pour éviter;des répétitions nous renverrons le lecteur aux
aiticles que nous venons d'indiquer et que probablement M. Rusconi no
connaissait pas lorsqu'il a présenté plus que des doutes sur des faits observés
avec tant de soin, parce qu'en effet le mode de fécondation et le
développement des germes est différent chez ces IJrodèles de la plupart
des circonstances si bien étudiées, décrites et représentées par l'auteur
des Amours des Salamandres ou plutôt des Tritons. Cette particularité
n'en était pas moins importante à constater.
Si M. Rusconi, dont les travaux consciencieux ont acquis à cet auteur
une si grande auforité dans la science, avait mieux connu le fait, il
n'aurait pas à regretter aujourd'hui les railleries peu obligeantes qu'il s'est
permises à notre égard, en exprimant son incrédulité, dans une lettre
imprimée que nous n'avons jamais reçue en original, mais dont nous avons
pris connaissance à la Bibliothèque de l'Institut (2).
J e n'ai pas dit, comme l'auteur l'a imprimé, que l'histoire générale de
la propagation dans les Reptiles Batraciens est loin d'être complète, mais
que l'histoire de leur génération n'avait point été publiée d'une manière
complète et la preuve c'est que sans y comprendre le fait observé par
M. de Schreibers, nous ajouterons encore celui-ci extrait du tome I I , des
Comptes-rendus de l'Institut page 532: M. Gay, voyageur au Chili, a
constamment trouvé des oeufs fécondés ou des têtards vivants dans uno
femelle de Batracien anoure voisine du genre Rhinelle de Fitzinger et
que nous croyons être notre Rhinoderme de Darwin ou du Chili
(Tome YIII, pag. 659).
L'auteur m'a encore prêté gratuitement une locution, dont il se moque :
(1) J'ai fait connaître à l'Académie des Sciences le 27 août 1838 les
observations de M. de Schreibers Comptes-rendus des séances tome VII,
page 469. Voir, en particulier, les détails observés tome YIII, p. 243.
(2) Lettre adressée à M. Duméril: dams un journal de Pavie en 1839,
8.° Delle scienze medico chirurgiche tome X. fase. LV.
HEPTÌLES, T O M E IX, Ì>,