y J
16 BATRACIENS DRODÈLES.
Tieur, soit que les individus, de sexes divers, se soient mis
réciproquement en contact intime; soit que le mâle ait laissé
sortir sa semence dans l'eau oii la femelle était baignée, et
que cette liqueur prolifique ait été absorbée par les organes
extérieurs. Dans ces deux cas, qui paraissent avoir eu lieu,
on a expliqué comment quelques espèces étaient véritablement
ovo-vivipares, puisque les oeufs se sont développés,'à
l'intérieur, et que ces femelles ont produit des individus vivants,
plus ou moins avancés dans leur développement.
La plupart des Batraciens Urodèles, à quelques exceptions
près, sont donc physiologiquement, sous le rapport de la
génération , analogues au plus grand nombre des poissons;
de même que, par leurs organes internes, ils sont à peu près
semblables aux Anoures.
La forme oblongue de l'abdomen des Urodèles et son étroitessse
relative, ont tout-à-fait modifié la configuration des
parties, et c'est surtout en cela que les animaux de ces deux
sous-ordres diffèrent dès la première apparence. Bailleurs,
leurs changements successifs sont à peu près les mêmes. Les
têtards présentent cependant quelques différences dans le
mode de leurs développements ultérieurs. Ainsi, chez les
Urodèles, qui ne perdent jamais leur queue, ce ne sont pas j e s
pattes postérieures^qui se développent les premières. Le nom
de têtards, qui semblerait indiquer une très-grosse tête, ¡leur
convient moins cependant sous cette première forme, car leur
ventre n'est pas aussi gros, et il n'est pas arrondi ni confondu
avec la partie antérieure ; ils ont la forme d'un petit
poisson ordinaire, mais avec des branchies visibles ou apparentes
au dehors. Leur bouche est, comme dans les têtards de
grenouilles, munie d'un bec corné, et leurs yeux ne sont pas
distincts. Plus tard, ces larves diffèrent aussi suivant les
groupes; quelques-unes conservent, pendant toute la durée
de leur existence, les branchies extérieures, avec ou sans yeux;
constammeat les pattes antérieures se développent les pre-
EN GÉNÉRAL.
mières, et les postérieures, si elles doivent se manifester , ne
sont bien distinctes que sous la dernière forme, et plusieurs
n'en n'ont jamais. Le plus ordinairement, les branchies semblent
s'oblitérer peu à peu. Par suite de ce changement, le
mode de la respiration devient tout autre, et suit en cela les
altérations nécessaires des organes de la circulation, ce quj
ne se réalise pas chez les espèces qui restent semblables aux
larves pisciformes et primitives de tous les Batraciens.
Au reste, nous ne relatons ces diverses circonstances que
pour les lier aux faits exposés dans l'histoire générale des
Batraciens.
Nous rappellerons enfin une autre observation non moins
importante pour la physiologie ; c'est la propriété dont
jouissent les Urodèles, de reproduire leurs membres et quelques
autres parties du corps, lorqu'ils les ont perdus par
accident, par maladie, ou même quand ils leur ont été
retranchés par les expérimentateurs. C'est un fait important
que nous avons vérifié et constaté plusieurs fois de la manière
la plus authentique (i).
Telle est l'histoire abrégée de l'organisation générale et
des moeurs des Batraciens. Leur structure, successivement
modifiée, semble établir une sorte de transition naturelle à
la dernière classe des vertébrés respirant uniquement par des
branchies, qui est celle des Poissons.
Nous allons présenter dans le paragraphe suivant l'historique
des études zoologiques entreprises sur ces mêmes Batraciens
, en indiquant dans un ordre chronologique les diverses
classifications destinées à faciliter la détermination et
les distinctions des genres et des espèces, et nous suivrons
dans le reste du volume celle que nous avons proposée et
dont les bases ont été publiées en 1841 (2).
(1) Erpét., t. VIII, p. 184. Bonnet (Charles), Jour, de Phys.
r (2) Erpét., t. VIII, p. 81 et 52.
BEPTILES, TOME IX. 2.