Wengen.
d’une rare irrévérence ; écoutez plutôt : « Nous allons visiter le Staubbach ; il'e s t
toujours à sa place ; c’est ce qu’on peut en dire de mieux. Mauvaise rigole, bien haute
sans doute, mais sans mérite intrinsèque ; un peu d’eau, de pittoresque moins encore.
C ’est la vallée qui est admirable, mais il est reçu que c’est le Staubbach que l’on va
voir. » L ’on pense aussi aux Gorges du Trümmelbach, à quelque distance au delà,
du côté de Stechelberg ; ici, l’eau se précipite de chaudière en chaudière au fond
d’une sombre fissure, faisant entendre aux oreilles du touriste « un effroyable et infini
chant de douleur », selon l’expression de M. K. Falke dans son intéressant petit
volume sur Wengen et ses environs.
Pour pouvoir juger de l’ensemble même de cette vallée, le plus simple est de
monter à Wengen, la première station de la ligne de la Petite Scheidegg. Nous
tâcherons de ne pas nous y trouver un jour de cohue, car alors il faut à peu près
renoncer à voir quoi que ce soit ; par une des rares belles journées de iq i3, la compagnie
n: a-t-elle pas transporté jusqu’à 4000 voyageurs ! Wengen est très couru, on le
comprend; aussi les hôtels y abondent-ils et dans tous les genres. Une chose qui
étonne quand on voyage dans ce pays, comme dans notre Suisse en général, c’est de
constater de.combien peu d’imagination ont fait preuve ceux qui les ont baptisés ; on
se meut dans les appellations les plus banales, toujours les mêmes : Victoria, T e r minus,
Métropole, Bellevue, Beau-Site, Belvédère, Alpenruhe, Alpenrose, Alpes,
National, Suisse, etc ..., sans parler de tous les hôtels
de la Jungfrau, de l’Eiger, de la Blümlisalp, du Mont-
Blanc, e tc ...! Sans revenir nécessairement au « S o leil
», au « Cheval blanc », au « Singe v e r t, » au
« C e r f », etc. de jadis, on pourrait cependant trouver
du plus original !
Pour apprécier ce plateau à sa juste valeur, allez
DE LAUTERBRUNNEN AU JUNGFRAUJOCH ET A LA JUNGFRAU
dans la direction de l’hôtel
d’Alpenruhe à la recherche
d’un endroit d ’où
vous puissiez obtenir un
coup d’oeil d’ensemble et
regardez. Devant vous,
la petite ville toute moderne
de Wengen comme
délicatement posée dans
une gracieuse corbeille
de verdure, de prairies
et de forêts, adossée aux
hautes falaises boisées du
Mànnlichen ; à l’arrière-
p la n , la grande figure
de la blanche r e in e de
l’Oberland ; tout en bas,
à droite la profonde vallée
de L a u t e r b r u n n e n
que le regard r em o n te
jusqu’à sa naissance, jusqu’aux
glaces du Lauterbrunnen
Breithorn derrière
lequel on devine le
mystérieux L ô t s c h th a l .
Si nous n’étions pas pressés
de gagner le monde
des neiges, nous ferions
ici un court séjour, nous
porterions nos pas vers
le Leiterhorn (1535 m.),
la Steinenwald, la Mett- „ . J L
Cascade du btaubbach.
lenalp, ou encore vers le
Mànnlichen ; nous atteindrons plus commodément du reste ce dernier par la Petite
Scheidegg.
Tôpffer passant un jour en ces lieux, — il y a plus de 75 ans, —- entendit un bruit
sourd et insolite : « C ’est une avalanche, dit Mme Tôpffer. Tout le monde écoute,...
malheureusement il se trouve que ce sont deux cochons qui se vautrent à deux pas
sur un plancher de bois.... Il y a beaucoup d’avalanches, ajoute-t-il spirituellement,
d’avalanches décrites, imprimées, publiées, qui ne sont pas autre chose que cela.
ALPES BERNOISES .8