qu’a Bomgen, nous revenons au Giesbach, un regret vous saisit : déjà fini ! Eh oui,
souvenons-nous que nous sommes en vo yag e .... Il faut reprendre le bâton du pèlerin’
et recommencer à monter. Aussi bien n’avons-nous pas trop de peine au début,
intéressés que nous sommes par le jeu de l’eau dans les puissantes cascades superposées
et universellement connues du Giesbach, que nous côtoyons. L a civilisation
dont on retrouve des traces à chaque pas au début ne leur a pas fait trop de tort, et
il vaut encore la peine de les aller voir. Du reste, nous aspirons à monter plus haut
et nous serons bientôt à la Schweibenalp ( i i 3 o m.), et à l’Axalp (i53o m.), deux
villégiatures admirablement placées au-dessus des profondeurs bleues du lac. Il
faut encore un rude coup de collier et sept heures de marche pour atteindre le sommet
du Faulhorn, où nous avons déjà été, mais où nous sommes heureux de nous
retrouver, avant de descendre à nouveau par Grindelwald sur Zweilütschinen. Vous
remarquerez certainement en route que bien des aspects et bien des détails vous
avaient échappé lors d’une première excursion. C ’est là un des avantages des voyages
en des lieux déjà visités, c’est que, si l’on sait regarder, on y fait des découvertes
toujours nouvelles, dont l’intérêt s’ajoute à celui des souvenirs.
T o ut en attendant la correspondance pour Lauterbrunnen, où nous avons l ’intention
de passer la nuit, nous nous accordons le plaisir d’une petite promenade aux
environs de la station de Zweilütschinen (655 m.), un trou peut-être, mais un trou
que j ai en haute estime ; il y a tant de retraites à mystère au pied de ces rocs gigantesques
qui le soir semblent disparaître dans la voûte étoilée, près de ces rocs moussus,
sur les bords du splendide torrent qu’est la Lutschine Blanche, transparente, écu-
meuse ! Voici le train qui arrive d’Interlaken et qui se dédouble, les wagons destinés
a Grindelwald filant à gauche, et ceux qui portent la pancarte : Lauterbrunnen, à
droite. L e trajet n’est pas long; on suit la rivière fidèlement, tandis que les cimes blanches
du Grosshorn et du Mittaghorn, qui dressent leur tête bien haut dans le ciel,
semblent invoquer sur nous comme une protection divine dont nous sentons en tous
lieux l ’impérieux besoin.
Reuti-Hasliberg.
x
L’OBERHASLE ET LA ROUTE DU GRIMSEL
Si, quittant Meiringen, autrefois chef-lieu du « Hasle im Weissland », actuellement
« capitale » du district d’Oberhasle, le voyageur prend, à pied ou en voiture, la direction
sud-est vers l’hospice du Grimsel et la frontière du Valais et d’Uri, il est obligé,
aujourd’hui comme dans les temps immémoriaux, de franchir la barrière rocheuse du
« Kirchet ».
Il y a bien eu, au commencement du siècle dernier — et repris dans les années
cinquante —. un projet, conçu et poussé assez loin par d’entreprenants habitants de
l ’Oberhasle, d’une route, tranchée à coups de mine tout droit'à travers les rochers de
la rive droite de 1 Aar, et qui, avec des rampes insignifiantes, relierait directement
Meiringen et le « Hasle im Grund », comme on nommait alors la paroisse d’Innert-
kirchen. Mais l’exécution dut en être abandonnée par suite de circonstances défavorables
et de la concurrence que lui fit l ’hôtel tout neuf des Cascades du Reichenbach
en attirant de son côté le trafic des voitures.
Sans nous attarder,, dans notre description, à la Gorge de l’A a r déjà suffisamment
connue, nous arrivons, sur.la ligne de ce trafic, au haut du Kirchet, à un endroit que
les gens du pays .appellent « die finstere Aarschlauche », le Trou de l’Aar sombre, où,
ALPES BERNOISES