Bassin du glacier d e l’Oberaar.
M1Ie Osterwald. A partir de ce moment sa célébrité se répandit dans le monde entier
par des gravures coloriées, d innombrables lithographies et descriptions de voyages,
si bien que, le flot des touristes et des étrangers augmentant en proportion, l’industrie
hôtelière, dès la seconde moitié du siècle dernier, s’empara de la cascade et par clôtures
et par péages se l’asservit. Mais en 1895, la construction de la grande route,
d’où l’on domine les deux chutes, rendit la cascade à sa glorieuse liberté.
C est plutôt des dangers que des beautés de ces parages que nous parle le pasteur
J . J. Schweizer dans ses « Ombres au lumineux tableau du Grimsel ». Cette publication,
qu il fit dans les « Alpenrosen » de 1827, était le fruit d’un séjour de plusieurs
années à Guttannen et de voyages fréquents dans l ’Oberhasle. Ainsi il compte, entre
Im Boden et Guttannen, cinq avalanches périodiques, « auxquelles il arrive parfois de
tomber toutes dans la meme matinée, de sorte qu’elles ne forment plus qu’une seule
et immense mer de glace à travers laquelle il faut péniblement se frayer un chemin à
la pelle. » Ainsi que diverses inscriptions en font foi, ces avalanches ont fait maintes
victimes parmi les habitants de la vallée, et Schweizer remarque non sans justesse que
1 incurie des hommes accroît encore, par le déboisement criminel des pentes, la fureur
destructive de la nature.
Il est d’ailleurs avéré qu’aujourd’hui encore, le danger des avalanches à Guttannen
et a la Handeck est grand. Ainsi en février 1889, une avalanche poussiéreuse (un arein),
descendue du glacier d’Ærlen , a balayé, par-dessus la cascade, l’ancienne auberge de
1
Studerhorn et Finsteraarhorn.
la Handeck, la buanderie et les pins quatre fois séculaires qui se trouvaient en arrière
de ces bâtiments et les a précipités dans le gouffre. On lit dans Schweizer, comme
une description anticipée d’un événement de 1912, que « sur le chemin du Grimsel
les lieux funèbres ne font que se succéder, » et qu’il n’y a guère plus d’une heure « de
la place où le montagnard fameux Aloys Volker, du Fieschertal (qui avait accompagné
MM. Meyer, d’Aarau, au sommet de la Jungfrau), fut, deux ans après, précipité dans
la gorge de l’Aar par une de ces corniches de neige délitées sous l’action du fôhn
(Fôhnschild), lui seul d’une nombreuse caravane (son corps ne fut retiré de la tourbillonnante
chaudière que le lendemain par son ancien compagnon Arnold Abbühl),
jusqu’au Spitallamm, une demi-heure en-dessous de l’hospice, où le 21 février 1814
Melchior Schlappi tomba dans l’Aar, « victime lui aussi d’un de ces « Fôhnschilder »
qui s’accrochent de roc en roc et font même quelquefois au-dessus du torrent comme
un pont léger et perfide ; le malheureux put encore se hisser hors du précipice, mais
les amis partis à sa recherche le retrouvèrent près du Râterichsboden, assis sur une
pierre et gelé. »
Même à l’hospice on n’était pas en sécurité durant l’hiver. Au moment où l ’établissement
jouissait de la plus grande prospérité, — il servait entre autres de point
d’attache à Agassiz, à Dollfus et à Desor et aux naturalistes qui se groupaient autour
d’eux dans leurs recherches scientifiques, — Gottlieb Studer recueillit en 1839, d’un
témoin de l’événement, l’information suivante : « Dans la nuit du 22 au 23 mars 1838,