retentissante du Latreienfall au jet unique d’une centaine de mètres de hauteur, et
la Latreienalp, cirque dans lequel il faut se trouver à l’époque de la floraison ; c ’est
alors une merveille. Un peu plus tard dans la saison, on risque de rencontrer sur
son chemin une pittoresque théorie de bergers en train de passer d’un alpage à
l’autre, ensevelis aux trois quarts sous d’énormes chaudières et suivis de deux ou
trois robustes chevaux chargés des objets les plus usuels, puis de la mère et des marmots,
joyeuse bande de blondins et blondinettes aux joues brûlées par le soleil et le
grand air; tout en arrière un « bouèbe » cherche à maîtriser une bande de veaux indociles
dont il n’arrive pas toujours à faire façon, tant la joie du changement excite
les pauvres bêtes ! En continuant à gauche par les pentes fleuries de bruyère rouge,
on atteint bientôt le Tanzboedelipass (1880 m.), où en imagination on voit tourner en
rond sur la prairie voisine une troupe de pays et de payses au temps jadis.
Une rapide descente amène au paisible village de Saxeten ( n 3om .), modeste
villégiature au milieu des érables, et au centre de riches prairies couronnées de sommets
gris et verdoyants, striés d'e couloirs de neige, parmi lesquels se distingue le
Morgenberghorn (2252 m.), dont on ne saurait trop recommander l’ascension raide^
mais facile. Bientôt des sentiers ombragés ou la route elle-même, aboutissent à Wil-
derswyl, à huit bonnes heures de Reichenbach.
La c de Thoune.
DE THOUNE A BRIGUE PAR LA LIGNE DU LOETSCHBERG 43
Morgenberghorn et Schwalmeren vus du Kohlenberg.
Laissant de côté Frutigen, où nous avons déjà passé, nous franchissons la Kander
sur un grand viaduc et pénétrons dans l’antichambre de Kandersteg, dans le bassin
de Kandergrund. Debout devant la fenêtre du wagon pour ne rien laisser échapper,
nous nous tenons du côté droit du train (face à la locomotive électrique) et voyons
passer sous nos yeux de grands éboulements préhistoriques, aujourd’hui boisés,
au milieu desquels se dissimule, enchâssé dans un écrin de sombres sapins, le lac
Bleu; c’est une curiosité à voir, une vraie larme de cristal perdue dans la forêt, d’une
merveilleuse transparence, malgré ses trente-quatre mètres de profondeur, et d’un
bleu à peu près unique dans les Alpes. On s’y arrêtera volontiers entre deux trains
en descendant à la station de Blausee-Mitholz, immédiatement après la première
boucle que fait la ligne.
Celle-ci pénètre ensuite dans le long tunnel hélicoïdal de Furthen (1645 m.) où
s’opère le second grand lacet. Il ne faut pas être distrait en ces lieux; toute l ’attention
dont on est capable n’est pas de trop, sous peine de laisser échapper tel site impressionnant
ou d’un romantique achevé, comme l’apparition subite, au travers d’une fenêtre
colossale, de la fière et splendide ruine de Felsenburg. Cette tour, haute de v ingt