« Führerlose »! Et il y a encore des guides qui croient manifester leur supériorité professionnelle de
cette manière-là ! S ils savaient combien ils sont ridicules. Comme nous n’avons nulle envie de tenir
compagnie à des gens aussi aimables dans la Cabane Gauli, nous jetons plutôt notre dévolu sur un
autre parcours dont on nous a dit beaucoup de bien. A cet effet, nous rentrons à la cabane et le lendemain
nous gagnons le col d’Oberaar par la Scheuchzerjoch (3471 m.) en six ou sept heures; comme
nous atteignons de bonne heure la Cabane d’Ob.eraar, un peu au-dessus du col dans les rochers de
droite, nous nous accorderons le plaisir d’aller admirer le coucher du soleil du haut de l’Oberaarhorn
(3624 m.), un belvédère de toute beauté, d’où le Schreckhom produit un effet particulièrement saisissant.
Le lendemain nous poursuivons notre tournée, nous franchissons le Rothhomsattel ou Gemsen-
lücke (3380 m. env.), montons à la Cabane du Finsteraarhorn (3237 m.), splendidement placée, pour
gravir le sommet lui-même du Finsteraarhorn dans la journée et nous rentrons au refuge. Un dernier
effort, et nous traversons l’encolure de la Grünhomlücke (3305 m.), qui nous amène à la Concordia
et quelques heures plus tard au Jungfraujoch ou, par la Lôtschenlucke, dont nous avons déjà entretenu
nos lecteurs, dans le Lôtschthal, d’où il est facile de gagner Lauterbrunnen par le Lôtschberg et Inter-
laken.
Eu g . de l a H arpe.
L a vallée de Lauterbrunnen vue de Wengen.
XI
DE LAUTERBRUNNEN AU JUNGFRAUJOCH ET A LA JUNGFRAU
PAR LA PETITE SCHEIDEGG ET LE ROTHTAL
Lauterbrunnen ! Pays d’eaux courantes et cascadantes, cela est certain ; mais
pourquoi ce « Lauter » ? Qu’ajoute-t-il à « Brunnen » ? On a dit que cela signifiait :
« Sources claires », ou encore : « Rien que des ruisseaux, » ou, ce qui nous semble
être la véritable solution : « L ’eau ou les eaux qui tombent dans le vide d’un précipice,
» sens que le mot « Laut » a, paraît-il, dans le patois de l’Oberland. E t l’on
pense immédiatement au Staubbach, cette chute aérienne, haute de 3o 5 mètres,
qui a éveillé des impressions bien différentes suivant la mentalité de ceux qui la
contemplaient et le moment où on la regardait. Goethe l’appelle « un objet d’une
grande majesté. » Un alpiniste fribourgeois trouve que « la première fois qu’on la
voit, c’est presque une déception ; » Tôpffer va encore plus loin, il est à son égard