religieux de ce monde demeuré jusqu’ici à l ’écart de la civilisation. Vie fatigante, sans
doute, vie de dévouement, cela va sans dire, mais belle vie quand même, puisque la
beauté de la vie ne se mesure pas à ce qu’elle paraît être, mais à ce qu’elle produit
pour le bien des hommes. Cette localité eut son heure de célébrité l’hiver dernier :
c ’est près de là qu’eut lieu l’avalanche qui, le 29 décembre 1913, emportait quatre
skieurs exercés et en ensevelissait deux. Expérimentés ils l’étaient, assure-t-on ; mais
je ne puis m’empêcher de penser que la plupart des skieurs citadins, même très capables,
ne se rendent que très vaguement compte des dangers auxquels ils s’exposent
en hiver du fait des glissements de neige. Quand on a vécu soi-même pendant de
nombreux hivers dans l’intimité de la montagne, on a eu l’occasion de se rendre
compte combien cette question exige d’esprit d’observation et combien la plupart du
temps les règles de la prudence la plus élémentaire sont inconnues des amateurs de
sport que nos villes déversent dans nos vallées.
En deux bonnes heures depuis la Grimmialp, nous voici à la station d’Oei-Diem-
tigen, à l’issue de la vallée dominée à l’est par les restes des châteaux ruinés de
Grafenstein et à l’ouest par ceux de Grimmenstein (ou Diemtigen), ancienne résidence
des seigneurs de Weissenburg ; nous reprenons le train qui nous ramènera à notre
point de départ, à Zweisimmen, car il nous reste à explorer toute la partie supérieure
de la vallée, la Lenk, la région d’Adelboden, et celle de Frutigen.
A la Lenk.
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LA LENK-ADELBODEN-LE NIESEN-WIMMIS
La ligne de Zweisimmen à L a Lenk, prolongement de celle de Montreux à Zw e isimmen,
dessert d’abord Blankenburg et Bettelried, où nous nous sommes déjà arrêtés,
puis Stoeckli, station de Ried, le centre paroissial de cette circonscription, Sankt
Stephan-Grodei, avec son école ménagère fort appréciée des mères de famille et enfin
Matten et Boden ; partout, sauf dans cette dernière localité, on trouve de modestes
pensions.
A La Lenk, tout le monde descend ! On a réussi dans cet endroit à utiliser l’eau,
qui coule de partout, de la maniéré la plus pratique que l ’on puisse imaginer ! Dans
ce grand bâtiment que l’on aperçoit a droite, on la boit avec succès sous forme d’eau
minérale, riche en hydrosulfures ; ailleurs on s’en sert pour faire marcher des scieries
; sur la plaine absolument horizontale qui s’étend devant nous, on est en train de
la concentrer en un lac artificiel où les poissons trouveront un élément favorable à
à