L a route du Grimsel elle-même a naturellement bénéficié, au cours des siècles, de
nombreuses améliorations, depuis l’état primitif décrit par Schôpf et Stumpf jusqu’à
1 ouvrage d’art qu’est la route actuelle.
Joh. Stumpf.; qui dans sa « Chronique » (Zurich i 548) nous raconte son voyage en
sens inverse de 1544, nous dit ceci « Un peu au-dessous de l ’hospice, l’Aar court en
palier a travers une plaine d’environ une demi-lieue appelée Ràtissboden; en amont
comme en aval, par contre, ses eaux écumeuses bondissent entre ou par-dessus les
roches sauvages ; les pierres de son lit s’entrechoquent si furieusement qu’il s ’en élève
une vapeur insupportable et une odeur de chaux brûlée. L a route qui court le long
de l ’eau est entretenue à grands frais par les gens du pays ; elle est en plusieurs
endroits pratiquée à même le rocher nu ou soutenue par des murs de pierre sèche ;
elle passe plusieurs fois d’un rocher à l’autre sur des passerelles de bois et en plus
d’un point elle peut être dangereuse pour les gens inexpérimentés. On y passe cependant
avec des bêtes de somme. »
Après des commencements si heureux, le col du Grimel voit son trafic plutôt diminuer
pendant le cours du XVIIe siècle ; en tous cas, les rapports entre le Hasle et
Conches se tendent et deviennent moins amicaux sous l’influence de la contre-réformation.
Cette malveillance réciproque se fait jour au commencement du XV IIIe
siècle dans une série d’incidents de frontière sur la Hausegg, dont le récit nous mènerait
trop loin.
Sans contredit, le territoire bernois comprenait déjà alors le versant N. du Zin-
kenstock, ou la découverte en 1719 de superbes cristaux contribua nécessairement à
ranimer le trafic sur la route du Grimsel. D’après les informations les plus dignes
de foi1, il en fut extrait en quelques années plus de 1000 quintaux pour une valeur de
3o 000 florins. Cette découverte attira aussi dans cette région sauvage des naturalistes
et des « amateurs de curiosités » qui peu à peu attirèrent à la route du Grimsel, dans
un cercle de plus en plus étendu, un intérêt bien différent de l’intérêt mercantile
qu’elle avait suscité jusqu’alors.
Ce David Màrki dont il vient d’être question, pasteur à Diemtigen, avait fait une
excursion de Meiringen par Grund, Boden, Guttannen et Handeck jusqu’à l’endroit
où les cristaux étaient extraits et de là à l’hospice. Dans les impressions de voyage
qu’il en a laissées, il nous donne divers renseignements intéressants. Il nous apprend
par exemple que la vallée de Guttannen dépendait autrefois de l’église mère de Hasle,
mais que, « la paroisse devenant trop considérable et le service trop pénible », les
deux localités de Gadmen et de Guttannen en avaient été détachées en 1713 pour
former une nouvelle paroisse dont le pasteur habitait Grund et devait desservir alternativement,
outre Grund, ces deux annexes, la première à 3 ou 4 heures, l ’autre à
2 ou 3 heures de marche de chez lui ; ces deux endroits, le dernier surtout, étaient
' Voir I’*rt!d' d’Adolphe WSber : La découverte des cristaui au Zlnkenstock eu 1719 d’après en 1721. Annuaire du C. A. S. XXV (1889). le rapport de David Màrki
L'Aar près du Grimsel.