2.675, dorment du sommeil éternel. — On s’est rendu compte, depuis cette catastrophe,
du fait que la Kari.der, souvent presque à sec en hiver dans son cours inférieur,
se perd tout à fait en plusieurs endroits, pour reparaître plus bas, considérablement
renforcée par des cours d’eau souterrains ; ces Pertes de la Kander sont
aujourd’hui surveillées de près.
Encore une seconde gorge et on atteint le petit hameau de Gastern ; c’est sur une
prairie près de Selden, devant le chalet de Pierre Künzi, lequel, étant le plus ancien
chef de famille de la vallée, avait l’honneur de posséder la vénérable Bible, que le
culte fut célébré en i g i 3. L a cérémonie se déroula selon l’antique coutume; le pasteur
de Kandergrund, venu pour la circonstance, parla à un auditoire attentif et
recueilli, du grand silence de la montagne et de ce qu’il a à nous dire.
Autrefois, après le culte, le pasteur se rendait dans un des chalets, où l’attendait
« un hospitalier repas, qui consistait en mets frugaux de bergers. » Celui qui réunit
en 1913 dans le petit hôtel « Petersgrat » de Selden le pasteur, ses parents et nous
autres Bernois, ne fut peut-être pas tout à fait aussi frugal ! En prenant congé, mon
ami et moi, qui désirions rentrer le soir même à Berne, — l’affaire de cinq petites
heures, tandis qu’en 1810 il fallait en compter déjà six pour aller jusqu’à Frutigen
seulement, — nous pouvions déclarer avec la même sincérité qu’un visiteur de 1825
que « nous quittions, avec un coeur rempli de reconnaissance, et fortifiés de corps et
d’âme, cette solitaire vallée si riche en beautés naturelles, et que le souvenir de ce
beau jour nous resterait, plein de joie et d’émotion, au milieu de la vie agitée du
monde. »
H e n r i D ü b i .
9U(xinn $sifcator/
Entre Goppenstein et Ferden, une région à avalanches.
VI
DE GOPPENSTEIN AU JUNGFRAUJOCH PAR LE LOE T SCH TH A L
E T LA CO N CO R D IA
Goppenstein, qui n’est desservi que par un petit nombre de trains, est la station
tout indiquée où descendront ceux qui veulent visiter le Lôtschthal ; politiquement
parlant, nous; sommes bien en Valais, mais orographiquement nous ne pouvons négliger
au moins ce qui occupe la rive droite de la Lonza. Nous irons rapidement de
l’avant, renvoyant nos lecteurs à l’intéressant chapitre de notre collègue, M. Julien
Gallet, dans l’ouvrage cité plus haut ; puis, faut-il l’avouer, nous avons si peur de
voir ce chef-d’oeuvre des Alpes qu’est le Lôtschthal devenir la proie de l ’industrialisme
moderne, de la badauderie et du snobisme universels, que nous serons très discret.
Vous qui êtes capables de sentir le charme extraordinaire de ses villages noirs
serrés autour de leur église blanche, de ses mélèzes, de ses lignes partout ascendantes
et venant culminer dans la splendide pyramide du Bietschhorn, de ses prairies, de
ses fleurs, de ses pâturages, venez refaire votre esprit et retremper votre âme en ces
ALPES BERNOISES 1°