Schwarenbach que nous venons de dépasser est l’une des plus anciennes des Alpes
suisses; elle date probablement d’un peu avant 1776; Bourrit et Goxe la mentionnent
en 1776 et 1781. Un voyageur appellé Robert, qui y passait en 1790, écrivait à son
sujet une appréciation qui sent bien le xvme siècle : « Je me trouvai inopinément dans
un hospice établi pour ceux que la nécessité, je ne dis pas la curiosité (on ne la présume
pas) dirige par ces affreux déserts. Quoiqu’il ne fût pas six heures, je me déterminai
facilement à y passer la nuit, pour ne point m’engager à ses approches dans
des lieux aussi sauvages. Une cahute habitée par un homme seul, en tout autre lieu
que la Suisse, m’eût présenté un réduit redoutable ; ici j ’y entrai avec joie, j ’y dormis
avec sécurité et 1 idee meme du danger ne se présenta point à mon esprit sous un
ciel ou des lois conformes à la Nature n’ont point dégradé les hommes. »
En arrivant au pied de la montagne, nous passons devant l’étroite fissure donnant
accès dans le Gasterenthal et dont il sera parlé plus loin, puis devant l’ouverture du
tunnel du Lôtschberg, et bientôt à la gare même de Kandersteg.
Apres avoir passé tant de journées sur les glaciers et les sommets, nous éprouvons
le besoin de nous détendre, de nous reposer et de nous rendre directement à la Ri-
viera bernoise dont les charmes, par contraste, nous apparaîtront encore plus grands
que si nous nous y étions arrêtés immédiatement en arrivant de Berne.
Château de Spiez.
IV
DE THOUNE A BRIGUE PAR LA LIGNE DU LOETSCHBERG
Nous avons eu deja l’occasion d’user de la ligne dii Lôtschberg, mais nous avons
renvoyé a plus tard 1 avantage d’en parler comme elle le mérite. L ’ouverture de cette
voie ferrée a contribue d une manière exceptionnelle à mettre en valeur toute la région
comprise entre Thoune et Brigue; elle facilite considérablement l’accès rapide de
centres ou de vallons demeurés jusqu’ici à l’écar t; elle permet des excursions splendides
en un très petit nombre d’heures. Ajoutons que, combinée avec d’autres, elle
rend possible l’organisation d’excursions circulaires d’un haut intérêt et faciles à exécuter.
En une journée, des bords du Léman par exemple, en prenant le premier train
du matin de Montreux pour l’Oberland, on peut le plus aisément du monde gagner
Spiez et Mülenen, gravir le Niesen et y rester plus d’une heure et demie ou, si l’on
préfère, de Kandersteg visiter le lac d’Oeschinen, pour rentrer le soir même par
Brigue a Lausanne et Genève, et cela pour un prix des plus modiques, grâce à des
billets circulaires spéciaux. Et si en une journée l’on fait tant de chemin en parcourant
tant de sites admirables, que n’en fera-t-on pas en deux jours !
En une douzaine d’heures, des mêmes localités romandes, vous pourrez atteindre