leur territoire, les passages entre la Bassya de Champilç usque an das Balenhorn quod
est super Gandeccum.
« Vers la Croix » est l’appellation encore en usage sur les cartes du dix-neuvième
siècle pour indiquer le col même de Lôtschen (2695 m.). Pa r le terme de Gandegg,
— qui est le vrai mot allemand pour moraine, — les chroniqueurs des quatorzième
et quinzième siècles entendaient désigner la moraine du côté droit (à l’orient) du glacier
de Lôtschen ; plus tard ce nom fut étendu à toute la partie supérieure du col,
côté bernois. Le Balenhorn ou Balmhorn tire son nom d’une caverne (2421 m.), où
l’auteur de ces lignes bivouaqua en 1886, située au bord gauche du glacier et au pied
Est du sommet, sur une petite terrasse qui domine la Gfàllalp ; cette terrasse, mentionnée
en 1419 par Justinger sous le nom de Widelsigki, est placée à tort par l ’atlas
Siegfried à environ 5oo mètres plus haut, sur le plateau rocheux du versant N. du
Balmhorn.
L ’histoire nous apprend que le col de Lôtschen était utilisé déjà au quatorzième
siècle. En i 3o6, en effet, elle mentionne des serfs appelés Lôtscher, établis au fond de
la vallée de Lauterbrunnen et sur les alpages de Sefinen et d’Ammerten, comme
ayant été vendus au couvent d’Interlaken par Pierre de la Tour-Châtillon. Ce Pierre
est fils et héritier de Jean de la Tour , qui par son mariage vers i 3oo avec Elisabeth
de Wâdiswil était devenu seigneur de Frutigen et apparemment aussi de Mülinen et
de Kien. Ce dynaste valaisan pouvait donc transplanter à Lauterbrunnen l’excédent
de population du Lôtschental qui appartenait à sa famille au moins depuis l’année
1233, et cela par-dessus le col de Lôtschen, le Dündengrat et la Sefinenfurgge, sans
toucher nulle part un territoire étranger. Que cette colonie de Lôtscher ait été très
nombreuse, cela ressort clairement de sa grande extension, jusqu’à la Planalp au-
dessus de Brienz' et même aux environs de Thoune et Blumenstein, ainsi que l’a
démontré le Dr Coolidge.
Dans le cours des années nous voyons se produire assez fréquemment des « incidents
de frontière » et des expéditions belliqueuses.
« En 1384, rapporte le chroniqueur bernois Conrad Justinger, ceux de Berne montèrent
vers la Gandegg, dans l ’intention de s’acheminer sur le Valais ; mais les Valai-
sans ayant occupé la fortification, on ne put traverser la montagne. » Pour mieux
défendre le col, les Valaisans avaient donc dépassé la frontière et s’étaient retranchés
sur le bord droit du glacier, vis-à-vis de la « Balme du Wildelsigki », dans une forte
position, d’où ils commandaient le chemin.
Les Bernois eurent plus de succès en 1419, comme nous le raconte encore Justinger:
« Alors les gens de Berne, avec cent de Fribourg, cent de Soleure, ceux de Thoune,
Unterseen, Interlaken, Frutigen, Æsch i, du Haut et du Bas Simmenthal, chaque
corps avec sa bannière, se mirent en route la veille de la Saint-Laurent (9 août). Ils.
étaient bien 5ooo hommes. On envoya en avant des hommes agiles qui prirent le
« Wild Elsigki ». On monta donc contre Gastern le jour de la Saint-Laurent (10 août)
Entrée des gorges de la Kander au-dessus de Kandersteg.