(3go5 m.), sur les flancs duquel il faut
tailler d’innombrables marches, gagne
beaucoup à être gravi depuis la Concor-
dia. Nous laissons d’abord passer l’orage
qui s’annonce e t, un peu plus tard, nous
partons pour la Strahlegg ; en une heure
et demie nous sommes au col (3351 m.)
sans difficulté; le rayon de soleil qui en
cet instant perce les nuages n’a rien à
faire avec le nom de notre col ; celui-ci
rappelle le passage des « Strahlern » qui
viennent en ces lieux chercher les cristaux
dont il y avait sans doute passablement
autrefois.
Mais que voyons-nous sur l ’autre versant
de la crête? Une pente très raide,
d’une inclinaison maximale de 48 degrés,
semblable à celle des toits de jadis, toute
en glace ou en neige dure, aboutissant à
une belle plaine glaciaire? Il faut des-
Au passage d ’une crevasse. cendre Par là! c ’est une bagatelle quand
on vient du Schreckhorn; c ’est plus inquiétant
quand on n’a pas la tête et le pied très solides ! Mais un peu de courage
et une série de marches taillées avec soin et nous serons bientôt au bout de nos
peines; le reste ne sera plus qu’une agréable promenade sur le Strahleggfirn et le
Finsteraargletscher par lesquels nous gagnons le glacier d’Unteraar. Là-haut, sur
son esplanade verdoyante, le Pavillon Dollfuss nous salue amicalement; nous y montons
vite et y passons deux heures. Ah ! qu’il fait bon ici ! Comme l’on voudrait y
rester ! Impossible d’oublier les courts séjours que nous y avons faits, les moments
d’exquis farniente et de contemplation heureuse de ce splendide panorama ! Comme
nous ne voulons pas empiéter sur le territoire que notre collègue, M. le Dr Dübi,
s’est chargé de nous faire connaître, nous remontons la grande avenue que forme
le Lauteraargletscher, l’un des trois bras supérieurs du glacier d’Unteraar,
puis la formidable pente de neige ou de gla ce, — analogue à
celle de la Strahleg g ,— qui précède le point culminant du Lauter-
aarsattel (3 i 56 m.). Quelle vue! Quel cirque que celui sur
le bord duquel nous trônons, quelle gloire en cette fin de
journée où les jeux de lumière donnent tant de relief au
tableau que nous avons sous les yeux !
Après être descendus d’abord par une
pente de neige raide et ennuyeuse, nous
atteignons la vaste surface du Grindel-
walderfirn ; à la nuit nous poussons devant
nous la porte de la cabane de Gleck-
stein, tout près du petit hôtel de ce nom
(2333 m.). Cette fois le refuge, qui ne
contient guère plus de douze places, n’est
pas envahi ; nous nous y trouvons en tranquille
compagnie et, une fois lestés, nous
nous endormons d’un sommeil profond sous
l’oeil paterne du surveillant.
L e lendemain nous errons dans les environs,
allons prendre une consommation
au Restaurant de l’ascenseur du Wetter-
horn et rentrons vers le soir dans notre
cabane déjà plus occupée que la veille ;
les hôtes trop tardivement arrivés s’en
vont à l’hôtel. Après une bonne nuit et
avant le jour nous partirons pour le Wetter- Finsteraarhorn vu de l’a rête du Mönch,
horn proprement dit ou Hasle Jungfrau (3yo3 m.), de beaucoup la sommité la plus
connue et la plus courue de ce massif. Pendant la première partie du trajet on
s’élève par une serie de cailloutis ou de névés rapides et de couloirs jusqu’à la
Wettersattel (3540 m.); après quoi on doit remonter une pente de neige des plus
rapides qui en impose vivement aux têtes à vertige et qui aboutit à une corniche
au travers de laquelle il faut le plus souvent se
frayer un passage. D’aucuns ont été déçus du panorama
; d’autres au contraire en sont revenus
enthousiastes, et nous croyons que ceux-ci ont
raison contre ceux-là. Le vide presque absolu qui
s’ouvre immédiatement sous vos pieds n’est pas
l’une des moindres impressions que l’on puisse
ressentir dans les Alpes ; et d’autre part l’on est
subjugué par ce hérissement des hautes cimes
environnantes parmi lesquelles trône le puissant
Schreckhorn toujours sévère, to u jo u r s g r a n d
p r in c e .
Mis en appétit par les succès remportés nous
essaierons peut-être au retour de gra v ir encore