reux serez-vous si vous n’êtes pas obligés de coucher dehors ! Dans une cabane, où
l ’on peut raisonnablement loger 60 à 70 personnes, vous vous y trouverez peut-être
une centaine et plus ce soir ! Gomment répondre avec si peu de place aux besoins
d’une pareille foule ?
L a question qui se pose, aiguë pour ce refuge, est plus ou moins la même aujourd’hui
pour la plupart de nos cabanes. Il faudrait des règlements sévères limitant le
nombre des occupants, donc un gendarme pour les faire respecter par ces « hôtes »
qui trop volontiers s’imaginent être propriétaires et se conduisent comme tels à
l’égard des membres du Club alpin suisse qui sont pourtant chez eux ! Que faire ?
Nous n’entrevoyons qu’une seule solution valable : transformer les cabanes les plus
courues en auberges très
simples, payantes, affermées
à des tenanciers
honorables soumis eux-
mêmes à des règlements
précis; puis édifier, loin
des sites fréquentés, des
cabanes plus petites dont
s e u ls le s m em b re s du
Club alpin suisse pourraient
user grâce à l’usage
de clefs déposées
chez des personnes connues
dans les centres les
plus rapprochés. D a n s
ces petites hôtelleries —
a n a lo g u e s à c e l le q u e
M. C a th r e in entretient
à la Goncordia — on aurait
pour 3 à 4 fr. l’essentiel
: le c o u c h e r , la
soupe, le pain et l’eau ;
le vin en s e r a i t b an n i,
sans quoi, gare le désordre!
Comme c e s e r a i t
p lu s c o û te u x et moins
libre qu’ a c tu e llem e n t ,
le nombre des visiteurs
diminuerait, ce qui serait
à l’avantage de chacun. Arête dê neige aü Gspaltenhorn.
Blümlisalp vue du Gspaltenhorn.
Si nous choisissons un moment de l’année et un jour de la semaine où les passants
sont rares, nous pourrons nous aventurer là-haut sans crainte, car nous n’admettons
pas que les sommets des environs continuent à nous narguer, ce qu’ils ont l’air de faire
maintenant que nous semblons hésiter à les gravir à cause des inconvénients d’une
nuit de cabane. Encore deux fortes heures de marche et nous y sommes, non sans avoir
vivement joui de la vue du glacier à la montée. Aujourd’hui nous admirons les glaciers
bien hachés... autrefois on les trouvait horribles. On les considérait volontiers, à
l’instar des éboulements de pierres, comme une malédiction divine destinée à la punition
de vachers coupables qui auraient repoussé un pauvre mendiant ou une pauvre
malheureuse un jour d’orage. L a légende l’affirme pour le site qu’occupe le glacier de
la Blümlisalp (de là son nom, dit-on, origine qui me paraît très douteuse), comme elle
le déclare pour l ’emplacement de Plan Névé dans les Alpes vàudoises, ou pour certain
plateau désolé du versant nord du Gatogne sur Martigny.
De la cabane nous grimperons à la Wilde Frau (325g m.), la plus fréquentée des
cimes de la Blümlisalp, parce que la plus facile, ou encore au Morgenhorn (3629 m.),
qui, avec la Weisse Frau (366o m.) et le Blümlisalphorn (3671 m.), exigent un pied
habitué aux longues pentes de glace ou de neige dure et une tête solide. Inutile de dire
que le panorama en est d’un puissant intérêt et les perspectives plongeantes dans la
direction du lac ou du Gasterrithal vraiment impressionnantes. L a large pyramide
du Doldenhorn, qui forme un si splendide premier plan à la vue du Blümlisalphorn,
ALPES BERNOISES y