Dans la vallée de la Kander.
prette de Frutigen où nous arrivons. Il faut aller contempler de la terrasse de l’église,
dont le grand toit se dresse monumental au-dessus des maisons, complété par un
merveilleux groupe d’érables, les sommets du Balmhorn, du Doldenhorn et de la
Blümlisalp apparaissant au fond du Kienthal, et qui constituent les cimes par excellence
de cette belle vallée de la Kander dans laquelle nous débouchons et sur laquelle
l’ouverture de la ligne du Lôtschberg a attiré l’attention mondiale. Nous n’utiliserons
pour le moment ce chemin de fer que pour gagner, à Mülenen, le pied de la pyramide
du Niesen, dernier belvédère des Simmenthaloises qu’il nous reste encore à gravir.
L a chose est du reste des plus simples : un funiculaire nous transportera rapidement
là-haut. Gomme nous avons beaucoup marché ces jours, nous jouirons d’autant plus
de ce repos.
A Mülenen, je cherche la gare du Niesenbahn ; elle doit évidemment s’imposer à
la vue du voyageur en ce siècle de réclame. Je vois bien en descendant du train une
jolie maison de campagne style bernois du XVIIIe siècle, toute fleurie de géraniums
aux couleurs variées, de capucines, entourée d’un jardin anglais fort bien entretenu;
serait-ce donc cela*? Eh oui, c’est cela ! Les ingénieurs et les architectes auxquels certains
refusent obstinément le sens de la beauté ont décidément fait ici quelque chose de
très bien! E t la ligne elle-même, où passe-t-elle? A part ses tout premiers débuts,
elle est si habilement dissimulée dans une rainure boisée de la montagne, que l’on ne
se doute presque pas de son existence. Mais en route ! Ah ! c ’est raide, vertigineux,
very exciting, clame une dame américaine qui se fait hisser avec nous, mais que c’est
intéressant! En 55 minutes, avec un changement de wagon à la Schwandegg (1677 m.),
où commence la seconde section du funiculaire, après avoir vu s’abaisser l ’un après
l’autre les monts voisins, vous voilà transportés à la ga re supérieure, celle du Niesen-r
Kulm (2343 m.), construction grise dissimulée avec une discrétion digne de tout respect
à l’ombre d’un rocher gris,
à quelques pas de la terrasse
qui forme le sommet (2637 m.).
D è s l’a b o r d l ’ o b s e r v a t e u r
attentif constate d’une part le
fait que la chaîne glorieuse des
h a u t e s A lp e s b e rn o is e s se
trouve à une distance suffisante
pour être admirée dans
son ensemble ; d’autre part elle
est en même temps assez rapprochée
pour pouvoir être étudiée
dans ses moindres détails.
C ’est un panorama qui n’a rien
d’impersonnel, ce qui est volo
n t ie r s le c a s d e s g r a n d e s
vues. En outre le regard du
spectateur plonge directement
dans les diverses vallées qui
forment les préalpes bernoises
et qui se développent en un
parfait éventail autour de lui :
S im m e n th a l, D iem t ig th a l ,
Engstligenthal, K a n d e r th a l ,
Kienthal et Suldthal, sans parler
de la vallée évasée de l’Aa r
dont on suit le cours jusque
près de la ville de Berne. Ici
l’on est bien placé pour égren
e r le c h a p e l e t d e s h a u te s
Alpes bernoises; les groupes A rentrée du Kienthal.