leur multiplication, où les canotiers pourront se livrer à leur exercice favori et sur la
surface duquel, en hiver, les patineurs évolueront avec grâce et adresse.
C ’est encore l’eau congelée de nos anciens glaciers qui a produit les deux moulins
glaciaires extraordinairement bien conservés que l’on s’en va examiner sur la colline
du Burgbühl ; au fond du premier on voit encore les deux boules allongées qui lentement,
au travers des siècles, ont opéré le creusage du calcaire. 11 n est pas permis
d’être à L a Lenk, ne fût-ce que pour deux heures, sans aller au moins jusque-là,
d’autant plus que ce mont boisé, qui surgit brusquement des prairies, offre un point
de vue d’ensemble qui n’est point à dédaigner. Nulle part ailleurs on ne peut mieux
s’y orienter et préparer ses projets de courses.
Essayons de mettre quelques noms sur cette longue crête mouvementée, qui borne
notre horizon du côté sud ; nous y reconnaîtrons le Wildstrubel à gauche, le Gletscher-
hom, le Mittaghorn et le Schneidehorn à droite, et, entre deux, la chute du glacier
de Ràzli dont le plateau supérieur constitue l’immense esplanade de la Plaine Morte.
Plus près de nous, l ’Oberlaubhorn (2003 m.) avance sa masse pyramidale entre les
vallées d’Iffigenbach et de la Simme proprement dite; il invite à l’escalade, très facile
du reste, le touriste qui aimerait pénétrer quelque peu dans l’intimité de la contrée.
Celui-ci s’y rendra par Pochtenried, la splendide cascade de l’Iffi-
genbach, l’alpage austère de l’Iffigenalp avec son sympathique
s escarpements énormes du Rawyl, et
rentrera par les « S e p t fo n ta in e s »,
dans le cirque d e l’alpe de Râzli, sources
de la Simme jaillissant d’une paroi de
rochers.
On ne regrettera pas de s’arrêter ici
et aussi de grimper par un petit sentier
très pittoresque, mais un peu vertigineux,
jusqu’au lac de Fluhseeli (2045
m.);-amateurs de sites prenants, sauvages,
vraiment haute montagne, a l’ecart
du mouvement, des hommes et de la vie
factice de la civilisation, vous resterez
là de bonnes heures écoutant le murmure
d’un ruisseau, les craquements du
glacier de Râzli, le sifflement de la marmotte,
ou simplement le grand silence
de cette nature pacifiante, aujourd’hui
tout au moins, car demain, si la tempête
se déchaînait, elle pourrait devenir presL
a Lenk. que effrayante.
Rentré à la Lenk, laissant derrière
nous le col du Trütlis et le massif du
Lauenenhorn, nous franchissons ensuite
le Hahnenmoos (1954 m.), dont nous
corrigerons la traversée un peu quelconque
par un écart dans la direction
du Laveyg rat (2213 m.) ou du Regen-
boldshorn (2195 m.), crêtes dont l’ascension
en somme vite faite est des plus rémunératrices.
Plus intéressante encore
est l’excursion de l’Albritshorn (2766 m.),
la cime reine des préalpes bernoises,
toute voisine, qu’il faut gravir à tout
prix. On y monte en cinq heures d’Adel-
boden par le chalet de Furg g i, où un
foin odorant qui engendre les rhumes de
cerveau, remplace les lits de l’hôtel que
l’on n’y a heureusement pas encore construit,
par le col de la Fermelkrinde et
l’arête est. En temps ordinaire, c’est-à-
dire hors de la saison des touristes, vous
y serez vraisemblablement seul’ pour y
jouir de cet admirable panorama dont les
Alpes bernoises tout entières et quelques
cimes valaisannes constituent naturellement
l’intérêt central. Etre seul sur un
sommet de ce genre par une température
douce d’été ou d’hiver, longtemps
seul ou accompagné d’un ou deux amis Cascade d,Iffigen sur la Lenk
qui savent regarder, jouir et se taire,
laisser couler les heures sans préoccupation autre que celle de demeurer dans ce bain
de lumière, d’air, de beauté et de s’en laisser pénétrer pour acquérir une nouvelle
mesure d’énergie et de ferme volonté, n’est-ce pas là un de ces rêves dont la réalisation
est à la portée de beaucoup ?
Parmi les sommets sur lesquels s’est posé notre regard depuis là-haut, la Mannli-
fluh (2656 m.) nous a certainement attiré ; sa position même et son altitude, de peu
inférieure à celle de l’Albristhorn, a réveillé en nous l’idée de nous y rendre. Nous
descendons en effet tout d’abord dans cette aimable Thébaïde qu’est le Fermelthal,
vallon qu’il faut voir le soir, et où l’on peut facilement loger, à supposer que l’on n’aille
pas d’une traite jusqu’à Matten et à Zweisimmen le même jour ; les derniers rayons