rent de construire une route du v illage de Gastern au col du Lôtschberg et les travaux
en furent poursuivis jusqu’en 1698. Mais les Valaisans s’opposèrent à ce qu’ils fussent
continues sur leur territoire, cette route leur paraissant constituer un avantage stra-
tégique en faveur des hérétiques bernois. Ils se sentaient appuyés dans leur résistance
par les cinq cantons de la Suisse primitive, qui cherchaient avant tout à diriger le
transit commercial de Berne sur le Gothard et pour cette raison voulaient le détourner
du Simplon et du col d’Antrona. Aussi, bien que la route fût construite dans
toutes les réglés de 1 art jusqu’a la croix au sommet du col, le Valais non seulement
ne voulut accorder aucun subside pour la continuer, mais refusa même son consentement
lorsque les entrepreneurs, qui tenaient beaucoup à leur plan, offrirent d’en terminer
l’exécution à leurs propres frais. Le projet resta donc tronqué et la construction,
dont témoigne un dessin en couleurs conservé aux archives d’Etat bernoises et
intitulé Vue de la route réparée sur le Lôtschberg dans le pays de Frutigen, tomba
en ruines, bien que pour un temps le trafic muletier et la circulation des « Lampar-
ten », c est-a-dire des colporteurs italiens, eussent considérablement augmenté. Au
surplus, lorsque de 1736 à 1741 le chemin de la Gemmi, dès l ’altitude de la Daube
jusqu’aux bains de Louèche, eût été remis en état par les Valaisans et pourvu de parapets,
le Lôtschberg dut capituler devant la concurrence.
Dans la partie supérieure, à partir du point nommé Gandegg sur la « Vue » en
question, — moraine droite, — et en suivant les pentes et les bancs rocheux dénommes
« Klerfen » et « Sommertschuggen » sur les vieux plans de frontières, jusqu’à la
croix sur le sol couvert de neige et d’éboulis, les traces de la route construite par de
Graffenried sont encore visibles par places. Il ne reste par contre plus rien de la
partie inférieure et le tracé n’en est en tous cas plus utilisé. D ’après la « Vue », ce
tracé bifurquait du « Vieux chemin » vers l’E. à l’altitude
de Schônbühl (2099 m-)? passait en dessous
du glacier qui à cette époque descendait beaucoup
plus bas, traversait les eaux d’écoulement (le Leiti-
bach actuel) et montait le long du bord droit (à l ’E.)
du glacier par des lacets maçonnés jusqu’à sa jonction
avec la « vieille route » à la Gandegg. Aujourd’hui
on monte de nouveau comme les « gens agiles »
de 1419, tout droit de la Gfâllalp à la Balme; on traverse
en écharpe la « surface large et peu inclinée
du glacier tout coupé de fissures et de crevasses, »
en suivant la ligne pointillée de la « Vue », et c ’est
précisément pour éviter cette traversée que « la
route CC » avait été « remise en état ».
Cette expression, de même que celle de « réparée
», confirme ce que nous avions vu lors des événe-
Dans la vallée de Gastern.