par une gorge naturelle, un sentier séculaire dégringole dans les profondeurs où mugit
Aar. Des monnaies celtiques, trouvées dans cette région, ont amené l’imaginatif
archéologue bernois Albert Jahn à supposer qu’elles y furent jetées par des voyageurs
de antiquité en offrande au dieu du fleuve qui demeure et gronde au fond du gouffre.
Quoi qu’il en soit, il est probable que ce passage fut utilisé dès les temps historiques"
de meme que celui de la « Lautere Schlauche » plus au N ., par les flotteurs’
pour amonceler le bois de flottage dans le cours du torrent/barré par des falaises à
1 entree et à la sortie de la gorge et entre les deux « Schlauchen », et le mener nlus
loin. ^
En suivant la nouvelle route du Grimsel ou le sentier qui en coupe les lacets, nous
descendons du Kirchet vers Innertkirchen. Le premier groupe de maisons que l ’on
atteint, en traversant l’A a r sur un pont couvert en bois, est Hof. J’ignore d’où ce
hameau tire son nom. Pa r contre, celui d’Innertkirchen provient évidemment du fait
que e 1713 a i 8 i 5 se trouvait ici, au pied de la rampe qui monte à la vallée de
Gadmen, 1 église « de dedans » du Hasle, — par opposition à l ’église « de dehors »
de k vallée à Meiringen, - et par laquelle Gadmen et Guttannen étaient desservis.
Dans ete de 1816, nous dit le Prof. J. R. Wyss ( Voyage dans l’Oberland bernois,
. Pasteur de Grund transféré à Guttannen et un nouveau pasteur
installé a Gadmen. Plus tard la paroisse de Hof fut rétablie, de sorte qu’actuellement
trois paroisses voisinent dans le territoire du Kirchet. Celle de Gadmen est hors du
cadre de notre étude ; nous ne conduirons pas non plus nos lecteurs dans la direction
sud-ouest, dans cette vallée d’Urbach que le prof. Wyss appelle encore en i8 i5 « un
coin perdu ». Nous nous dirigeons vers Guttannen, le long de la vallée principale- là
nous foulons un sol historique, car aussi loin qu’on peut remonter dans la suite des
siècles, il est question de migrations de peuples, d’expéditions guerrières et de trafic
commercial par le passage du Grimsel.
Il est vrai que la légende, telle qu’elle est racontée dans le « Ostfriesenlied » et
d autres compositions factices du X V I ' siècle, de l’arrivée dans des temps extrêmement
reculés de hordes de Suédois et de Frisons qui se seraient établies dans les
régions jusque-là inhabitées du cours d e la Reuss, des bords du lac des Quatre-
Cantons, autour du Pilate et du Brünig, et enfin dans le Weissland, ne mérite aucune
créance, pas plus que les légendes analogues concernant Frutigen, le Haut Simmen-
thaï, Gessenay, Ablæntschen et Jaun (Bellegarde),
Nous avons déjà parlé, à propos de la vallée de Gastern, de l ’immigration des
‘ “ * qUi S’éteDdit SUr i PIanalP Près de Brienz jusqu’aux confins de
Oberhasle. Des noms et des dates isolés témoignent encore auX V I ' siècle à Guttannen
de 1 établissement d’autres Valaisans. Mais tout ceci ne constitue que des fragments
d un grand mouvement migratoire de la fin du moyen âge, encore insuffisamment
connu. L a première expédition guerrière dont nous ayons connaissance est celle du duc
oerthold V de Zæhrmgen en 1211, qui se termina par une défaite que lui infligèrent
l ’OBERHASLE ET LA ROUTE DU GRIMSEL I I 5
Schreckhom-Wetterhorn vue prise de Reuti.
les Valaisans à Ulrichen. L e même sort atteignit les Bernois, à Ulrichen encore, le
I er octobre 1419, lorsqu’ils passèrent le Grimsel avec une nombreuse armée pour
aller au secours de leur allié Guichard de Rarogne, chassé par la mazze valaisanne.
Ce fut par contre une pacifique traversée que celle de la bannière de la ville de
Berne avec 5ooo hommes, lorsqu’en novembre 1425, les Schwytzois demandèrent à
Berne d’aller délivrer leur milice assiégée dans Domo d’Ossola par les Milanais.
« Comme peu d’années auparavant, raconte Justinger, on avait été en grande guerre
avec ceux du Valais, on y envoya Rodolphe de Ringgeltingen et H ans Mühlibaçh