pour demander libre passage et ravitaillement à travers le pays. Les Valàisans v
consentirent et ainsi fut convenu qu’aucune violence ne serait faite à personne et cme
chacun serait paye selon son dû. Promesse en fut faite et honnêtement tenue » On
partit le vendredi ( .o novembre) de Meiringen (où l ’on était arrivé de Berne en trois
jours de marche), et l’on arriva à Guttannen ; le samedi soir on passa par le Grimsel
en Valais jusqu a Münster et Gestelen, etc. L e 14 novembre Domo d’Ossola était
■ H ü H | plus tard la trouPe bernoise repassait par le même chemin
(Albrun et Grimsel) et le 25 novembre rentrait dans ses foyers sans avoir perdu un
seul homme. A part des contestations passagères au sujet de la frontière au sommet
du col (Hausegg) et de 1 utilisation des alpages de l ’A a r, il n’y eut plus de rencontres
belliqueuses entre Bernois et Valaisans.
Mais, comme nous le disions plus haut, le passage a servi dès les temps les plus
recules au trafic des marchandises, ce que prouveraient, d’après le Dr A Bàhler
(Memorres sur le col et l'hospice du Grimsel, p . 9, Bienne i 89 5 ), les monnaies celtiques
trouvées a Aegerstein près de Guttannen. Le même auteur avance aussi comme
preuve la legende « d’aprts laquelle le Juif errant aurait par trois fois franchi le col :
il faurait, la première fois, trouvé planté de vigne ; la seconde fois, couvert d’une
belle foret de sapms; et la troisième, de neige et de glace v. On pourrait objecter que
ht mention d Ahasvérus, le voyageur perpétuel, ne remonte guère pour la Suisse en
général q u au commencement H siècle, et pour le Grimsel en particulier,
au début du XIX ; a cause des traces évidentes d’embellissements littéraires que porte
cette legende, elle n a pas grande valeur pour l’histoire commerciale du Grimsel
surtout renseignés comme nous le sommes par des documents authentiques*.
_ Les prescriptions concernant le Grimsel formaient partie intégrante de la convention
internationale sur le trafic de Berne par le Haut Valais avec la vallée d'Ossola
et l Italie.
En i 393 , les paysans. d e Hasle servirent d’intermédiaires entre leurs voisins d’Un-
terseen et du Haut V ala is dans les contestations qui s ’étaient élevées au sujet de leur
trafic de part et d autre. L e droit de faire passer des marchandises du dehors par le
col tut départagé entre les conducteurs de sommiers du Hasle et du Valais : les premiers
les amenaient jusqu’à l ’hospicë OÙ les seconds les rechargeaient et vice versa
Par conséquent, l ’entretien du chemin jusqu’à l ’hospice incombait aux paysans du
Hasle, tandis que les communes intéressées du Haut Valais s’en chargeaient de
l’hospiçf.au col et sur le territoire valaisan. Ces
dispositions, arrêtées p ar traité entre Berne et le
Valais le 12 août i 39 7 , consacraient une coutume
ancienne qui jusqu’alors n’avait pas été fixée dans
< J'ai tiré de précieux renseignements d'un travail encore inédit
pde M. l'archiviste d'Etat Kurs, à Berne, grâce à sa grande obligeance.
Ils figurent dans les pages qui vont suivre.
L OBERHASLE ET LA ROUTE DU GRIMSEL
tous ses détails. Au début des démêlés avec les Rarogne,
les Valaisans prétextèrent leurs obligations d’entretenir
le chemin entre l’hospice et la frontière pour y
établir des fortifications. Aussi, lors de l’intervention
des Confédérés, les Bernois se plaignirent-
ils amèrement de cet attentat dans le ressort
de leur haute souveraineté (Twing und Bann).
En 1492, les gens du Hasle demandèrent à
plusieurs communes valaisannes la confirmation
de notoriété de la convention de
1397, et il fut stipulé en même temps que
l’hôpitalier du G r im s e l d e v r a i t ê t r e
agréé par les deux parties.
C ’est donc en 1397 que 1’!
Grimsel est mentionné pour 1
fois comme entrepôt de marchandises (souste). Les autres étapes énumérées sur cette
route par Bàhler sont « le Freihof à Thoune, le Comptoir (Kaufhaus) d’Unterseen, le
Pavillon (Landhaus) de Meiringen, le Péage d’Aegerstein et la Souste (entrepôt)
d’Ulrichen. »
Il est très peu probable que 1’ « hospice » du Grimsel ait été un établissement
religieux analogue à ceux du St-Bernard, du Gothard, du Simplon ou du Lukmanier,
et qu’il ait dépendu des moines Augustins d’Interlaken, comme Bàhler le croit, car il
n’est question ni d’ « hôpital » ni d’ « hospice » en cet endroit dans l ’acte daté du
16 avril i382, par lequel l ’écuyer Jean (IV) de Bubenberg vend aux francs paysans
d’Empire du Hasle Palpe dite du Grimsel, soit Niederaaren (Basse-Aar) au territoire
du Hasle « pour 5o florins bons ».
C ’est entre i382 et 1397 9u’un établissement hospitalier doit y avoir été construit,
et nous pouvons déduire de l’état de choses ultérieur que, déjà alors, le tenancier
avait à exercer, outre une certaine surveillance sur les conducteurs de sommiers et
l’echange de leurs marchandises, le devoir de porter secours aux pauvres voyageurs
égarés et de les hospitaliser « pour l’amour de Dieu ». Il avait, pour y pourvoir, la
permission de queter. Déjà avant 1400, du reste, « l’hospice possédait certaines dîmes
dans le Haut Valais, vraisemblablement des fondations pieuses ».
Le péage du Grimsel pour marchandises appartenait dès 1482 à la communauté
d Oberhasle. Nous ne savons pas si, précédemment, les Bubenberg ou leurs prédécesseurs
les Resti de Meiringen l ’exploitaient eux-mêmes.
Deux ouvrages littéraires nous renseignent sur l ’état de l’hospice au X V Ie siècle.
En 1544, le chroniqueur Johannes Stumpf qui, venant de Zurich, avait passé le
Grimsel, raconte ses impressions.
« Au bord de ce lac (celui du Grimsel) il y a une auberge et un hôpital à l ’usage