énorme barrage au Spittallamm, la submersion
de Palpe d’Unteraar et créait ainsi un
vaste réservoir dont la surface aurait atteint
l’altitude des deux lacs de l ’hospice et se serait
étendue du pied du glacier d’Unteraar jusqu’à
celui du Nàgelisgràtli. Ces Valaisans têtus ont
par là rendu service non seulement à eux-
mêmes, mais aussi aux touristes et aux ascensionnistes,
en assurant par des servitudes perpé-
tuelles 1 accès des glaciers de l’Ober- et de l’Unteraar.
L a c co rd passé là-dessus en i g i 3 est l’anneau qui boucle la longue chaîne des bons
rapports entre l’Oberhasle et le Valais que nous avons suivie dès i 3g3, et là-dessus
nous prendrons congé de l ’un et de l ’autre, ainsi que du col du Grimsel qui les relie.
D r H . D übi.
A P P E N D IC E
Nous nous trouvions un jour devant l’hospice du Grimsel, quand le maître de céans nous appela
a son secours. Une dame d’outre-Jura, accompagnée de ses quatre filles, cherchait en vain à se faire
comprendre de l’hôtelier; elle ne savait pas un mot d’allemand et semblait fort troublée ! Nous nous
approchons. « Oh! Monsieur, je vous en prie, où sommes-nous donc? dites-le moi! Parties de là-bas
dernère la montagne de... de... - enfin je ne sais pas ! — avec un muletier pour nos bagages, dans l’intention
de nous rendre à Berne, il nous a fait passer par je ne sais où, et nous voici ! Comment Élire
pour aller à Berne?» Il ne nous fol pas très difficile de lui organiser son voyage jusqu’à la capitale et de
mettre les choses au point avec le muletier et l’hôtelier. S’il est très facüe de descendre à Berne, il est
un peu plus compliqué de se rendre à Lauterbrunnen par les glaciers de l’Aar ; la course, cependant, est
a recommander chaudement à ceux que la traversée de deux ou trois cols glaciaires n’eflraie pas.
Du reste, ce sera pour nous une excellente occasion de pénétrer dans l’intimité de ce massif, l’un
des plus grandioses de toute la chaîne des Alpes.
Abondamment pourvus de provisions prises à l’hospice et de bois mort ramassé sur l’alpe d’Unteraar,
nous nous élevons par la moraine frontale sur la partie centrale du glacier d’Unteraar, que nous
remontons jusqu’au pied de la paroi qui porte l'esplanade du Pavillon Dollfuss (2393 m.), à trois heures
et demie de notre point de départ. Comme nous avons encore du temps devant nous, nous déposons
quelque part nos sacs lourdement chargés et nous nous rendons en une heure jusqu’au pied de l’Ab-
schwung, vers 1 énorme bloc connu dans le monde scientifique sous le nom d’Hôtel des Neucbâtelois, à
la jonction des deux bras supérieurs du glacier d’Unteraar, le Lauteraar et le Finsteraar. C’est sous 'ce
rocher qu’en 1840 une cohorte entreprenante de naturalistes neu-
châtelois aménagea un abri que nous trouverions aujourd’hui des
plus inconfortables. Elle n’y séjourna pas moins plusieurs semaines
derrière un mur de pierres sèches, avec du foin étendu sur de froides
dalles pour tout lit, par des températures qui, même en août, ne
ressemblent en rien à celles de l’Arabie. Le résultat des travaux de
Louis Agassiz, l’initiateur de l’entreprise et l’auteur de la nouvelle
théorie glaciaire, de Charles Vogt, Ed. Desor, Célestin Nicolet,
Henri Coulon et François de Pourtalès, fit un tel bruit dans le
monde des savants, que l’année suivante ceux-ci accoururent de tous
les points afin de constater eux-mêmes le bien-fondé de ces théories.
L’hôtel devint alors trop petit; Agassiz fit construire, en 1842, une tente de vingt mètres de long
sur quatre de large, installation princière en comparaison de la précédente, dans laquelle on resta deux
mois pleins; au moment de partir la saison se terminait par un bal offert aux frères, soeurs, fils et filles
des porteurs! Mais l’instabilité d’un sol mouvant et l’insécurité de cet asile décidèrent cette société
à élever un refuge sur les hauteurs de la rive gauche de l’Aar,
qui prit le nom de Dollfuss, l’un des membres de cette société
distinguée. En 1882, la cabane était remise au Club Alpin suisse; v
en 1894, on l’agrandissait, chose alors bien urgente, qui le serait
encore plus aujourd’hui, où les douze places utilisables sont
constamment occupées et obligent les autres voyageurs à passer
la nuit sur un banc, comme cela est nous arrivé.
L’une des excursions le plus souvent faite est celle de
l’Ewigschneehom (3331 m.) ; ce n’est pas long — quatre
heures du Pavillon par le glacier de Lauteraar, aux tables nombreuses,—
et c’est très facile. La vue en est absolument grandiose,
surtout dans la direction des Schreckhômer, des Lauteraarhôrner
et du puissant j
Finsteraarhorn, un peu à
l’arrière-plan. La descente
sur la Cabane Gauli se fait presque tout le temps sur la neige
en deux heures. Voilà justement une caravane formée d’un touriste
et de deux guides qui en vient et qui arrive au sommet peu
après nous ; ils paraissent surgir du vide et viennent s’asseoir
derrière le steinmann, auquel nous sommes adossés;... pas un
mot, pas la moindre salutation pendant la demi-heure qu’ils ont
passée près de nous! Nous sommes non existant pour ces
gens-là pour une raison bien simple : nous sommes quatre