leur coquille dès qu’on les y replonge. L ’usage
met bientôt au fait de ces petites particularités
qui économisent singulièrement le temps du
naturaliste. L e point important est le renouvellement
de l’eau dont la limpidité s’a ltè r e , et qui
finit par se corrompre très-promptement. Pour
éviter cet inconvénient, il faut laisser les vases à
l ’air aux trois quarts pleins, et couverts d’une
gaze légère pour éviter que les Mollusques sortent
de l’eau et ne se perdent. Nous chargions
de ce soin un des hommes adroits qui sont de
garde la nuit ; mais souvent nous nous levions
nous-mêmes pour le faire; autrement on courrait
le risque de trouver le lendemain ses animaux
morts; tant la chaleur est forte dans les lieux où
ils abondent.
Après que nous avions reconnu par nous-mêmes
les localités qui nous environnaient, ce qui
est 1 affaire d’un jou r ou d eu x , nous nous établissions
sur le pont du navire pour dessiner du
matin au soir. Nous eûmes bientôt façonné à ces
sortes de recherches l’homme ordinairement
chargé de nous accompagner, et qui ne nous
laissait pas manquer de choses nouvelles. D’ailleurs,
par nos rapports avec les matelots, ils se
faisaient souvent un plaisir de nous apporter
tout ce qui leur tombait sous la main. E nfin , il
n’est pas jusqu’à la bonne volonté des naturels
que nous ne fissions tourner à l’avantage de la
science, en les déterminant à nous aller chercher
des animaux dont ils connaissaient seuls les
localités, et que nous n’aurions pu nous procurer
sans eux.
Après qu’on s’est servi des Mollusques, il faut
les conserver dans de l’esprit-de-vin à vingt degrés,
qu’on renouvelle deux mois après pour ne le
changer ensuite que tous les six mois. Sans ces
précautions ils s’a ltéreraient. Il faut bien prendre
soin de casser l’extrémité de la coqmlle à ceux
qui en sont pourvus, afin que la liqueur atteigne
et conserve le foie, qui est un organe très-susceptible
de se gâter. Ce n’est pas toujours une
chose facile que de casser une coquille sans altérer
son animal. Pour cela il faut se servir d’un
étau dans lequel on la brise sans secousses et
sans éclats. Quand on a plusieurs individus, on
en conserve d’en tie r s , afin de pouvoir un jour
déterminer exactement l’espèce par la comparaison.
Autrement il serait facile de commettre des
erreurs si on ne s’en rapportait qu’aux d ess in s,
quelque bien faits qu’ils fussent. Ne possède-t-on
qu’un individu précieux, le test ne doit être que
peu endommagé, ou bien on prend des précau