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P . D ANGOISSE.
OU petit, turbiné ou arrondi, à queue droite ou arquée, cylindracée
ou un peu renflée aux deux extrémités, insérée dans l’axe du fruit, où
se présentent souvent de légers plis;peaw jaune terne à l’ombre, lavée
de rouge brun ou de couleur de brique du côté du soleil, parsemée
de nombreux points bruns ou rougeâtres entremêlés de marbrures
ferrugineuses ou brunes, squammeuses et rudes; oeil moyen, placé au
milieu d’une faible dépression ou à fleur de fruit, à divisions tronquées
ou plus rarement persistantes, étalées, cotonneuses, entourées
de larges taches fauves marquées de zones concentriques; coeur
arrondi, accompagné de grosses granulations; loges moyennes; pépins
noirâtres ou bruns ; lacune centrale étroite, subéreuse, atténuée vers
l’oeil.
C h a ir cassante ou demi-cassante, granuleuse, grossière, blanchâtre,
assez juteuse; eau sucrée, assez relevée. — Fruit à cuire,
mais mangeable cru, quoique très-granuleux.
Le poirier d’Angoisse se cultive dans plusieurs de nos provinces,
telles que la Bretagne, le Perche, le Berri, la Brie, etc., où partout on
l’estime au même titre que le poirier de Martin-Sec. C’est, m’écrit un
des plus grands pépiniéristes du département du Cher, M. Ch. André,
une des plus anciennes variétés de la contrée; nous en possédons de
nombreux individus qui mesurent plus de 2 mètres de circonfé-
lence à 3 mètres au-dessus du sol et à la naissance des premières
branches. Ses fruits sont considérés dans le pays comme l’un des meilleurs
fruits à cuire.
Les pépiniéristes continuent encore à donner la Poire d’Angoisse
comme synonyme de la P. de Bon-Chrétien, malgré la profonde
différence qu’elles présentent, malgré l’autorité des plus célèbres
pomologistes du dix-septième siècle, et malgré l’excellent article que
M. Debouteviile a publié àson sujet en 1860 (1).
( l ) De la h a u te a n liq u ilé a ttr ib u é e à q u e lq u es fru its , o u sy n o n ym ie e t h is to ire d e la Poire de
Bon-Chrétien d ’h iv e r. Bu ii« /iu de la S oc. d 'HorlicuU. de la S e in e-In fér., p age 80, 1860.
P . d ’a n g o i s s e .
Voici ce q u ’en d it Charles Estienne ;
« P roxima his (P o ire s (i’Estran g u illo n ) fe ra su n t quæ Aiigustiana sive An-
gustioe p y ra n om iiia n tu r, vulgo Poires diAngoisse : quo d dum ed im lu r, ac erljo '
et au ste ro quodam sap o rc ita molesta sunt, u t angustioves fauces re d d a n t, e t
p lu rim um n o ce an l, nisi m a tu ra adm o d um elem o llitis s im a c a rp a n tu r. » Ch. E s t,,
r r x d . rustic., p. 178 [1S84],
Le Dictionnaire de Trévoux re p ro d u it l ’a rtic le de Ménage : « P. d ’Angoisse
sont poires de mauvais goût, qui p re n n en t à la g o rg e , ainsi nommées dans un
village qui est en Limousin (f) du m êm e n om , oû elles fu re n t trouvées en
l ’an 1094. P irum anginam p r em em... — Po ire d’Angoisse est aussi une es-
pèce de cadena s qui s ’ouvre p a r un re s so rt,-e t que les voleurs m e tten t dans
la bou ch e d ’une perso n n e p o u r l’em p ê c h e r de c rie r. » Diet. T r iv ., voce Ax-
GOISSE, e t Mag. p itto r ., page 213, tah. [18S7J.
Le Journal de Seine-et-Marne a publié un bon article sur les poiriers
cultivés dans la Brie, d’où j’extrais le passage suivant, relatif à la Poire
d’Angoisse,
« Vient enfln la Po ire d ’Angoisse, pe tit fru it d o n t l ’o rig in e e st inconnue
comme celle de la p lu p a rt des p ré céd e n ts. C’est l’espèce la p lu s cnlüvé e d a n ;
tous les p a y s , e t il n’est pas de p ro p rié ta ire qui n’a it au moins son P o irie r
d'Angoisse. La faveur d o n t jo u it c e t a rb re s’explique fa cilem en t t il charge
én o rmém en t, et, q u an d le fru it est à sa g ro sse u r, P a rb re re ssem b le p lu tô t à
un Saule p le u re u r q u ’à un p o irie r. Il n e fait jam a is ja c h è r e , comme le fonl la
p lu p a rt des fruits k pépins. Un des cu ltiv ateu rs les p lu s an c ien s du p.iys nous
a affirmé q u e depuis son enfance il ne se ra p p e lle avoir m an q u é de Poires
d ’Angmsse qu ’en f8ô9. Néanmoins il a toujours u n e anné e m e illeu re que
l’autre . — Le fru it est exc ellent cuit, soit au fo u r, soit dans la casserole et
sans s u c r e , pelé e t même non pelé. Il fait d ’exc ellent c id re , et, si on le g^ûle
c ru , on y trouve moins d 'â p re té q u ’aux fru its à c id re o rd in a ire , e t u n e saveur
sucree q u i, p a r la fe rmentation, d o it fo u rn ir de l ’alcool. - On en conserve
fa cd em en t ju s q u ’en avril, si l’on a la p ré cau tio n de ne pas le fro isse r en ie
rem u a n t; a u trem en t il n o ircit e t devient am e r; su r l'a rriè re -s a iso n il est
comme fa rin eu x , e t n ’est pas mauvais cru . Dans les an n é es d ’a b o n d a n c e , le
(1) Angoisse en P é rig o rd , diooèse c l élec tio n de Pé rig n o u x . C e tte p a ro is se, q u i . ic lilre 'd e
b o u r g , e s t s ilu c e s u r le ru is se a u d e L o u d o u r, à 0 lieu es e n v iro n u o rd -e st do P é rig o eu x m a
geogr. d E a p ilb j . °