
p. BON-CHRETIEN,
q u ’il ne les faut pas éloigner de la m aiso n , ains les p lanter (si faire se peut)
d ans les basses c o u rts. » Cl. Mollet, Théâtr. des Plans el J a rd ., p . 20 [1652].
« P en d an t le mois de jan v ie r e t les suivans se mange la Poire de Bon-
C hrestien, qui est de p lusieurs espèces. Il y a le d o r é , qui est le plus ten d re
e l le p rem ie r m eu r ; celuy d ’A u c h , qui est sans p é p in , trè s - lo n g . et le meilleur
(le to u s; il se colore comme les autre s Bons-Chreslicns, suivant l’aspccl q u ’on
le u r d o n n e , mieux en Espalier qu ’en Buisson: le Bon-Chreslien verd a plus
d ’eau e t se co n se rv e ju sq u ’en avril e l may ; le meilleur vient en Calebasse. »
M erle t, Abrégé boJis F ru its , p. 112 [1667J.
« ... Cette Po ire a été des p rem iè re s à se faire c o n n o ître ; les grandes m o narchies
e t su r to u t ra n c ie n n c Rome l’u c o n n ü e , e t cultivée sous le nom de
Crustumium ou de Volemum, si b ien q u ’ap p a rem m en t elle y a fait souvent
figure dans les magnifiques regales qui s’y faisoient, soit p o u r au gm en te r l’é clat
des triom p h e s , soit p o u r ho n o re r les rois trib u taire s q u iv en o ien t rendre
hommage aux maîtres du m o n d e ... Il fa u t co n v e n irq u ep a rm y les F ru its à pépin
la n atu re ne nous donne r ie n de si beau e t de si noble à voir q u e ce tte Poire,
soit dans sa figure qui est longue e t p y ram id a le , soit dans sa gro sse u r qui est
su i'p ren a n te , e l p a r exemple de trois à q u a tre pouces dans sa la rg e u r, e t de
cinq à six dans sa h a u te u r, si bien q u ’on en voit fort com m u n ém e n t qui pèsent
plus d ’u n e liv re , e t on en voit aussi qui en p èsen t ju sq u ’à deux, ce qui est en
vérité u n e chose b ien s in g u liè re ;... c ’est celle q u i fait le p lu s d ’h o n n eu r su r les
tables, e t qui p a r tous pays, e t p rin cip a lem en t dans la F ran c e, où les ja rd in s en
p ro d u isen t u n e merve illeuse q u a n tité , s’est acquise le plus de ré p u ta tio n ; c’est
celle qui est la plus o rd in airem en t employée, quand on v eu t faire des pré sents
de F ru its considérables, e l su rto u t p o u r en envoyer dans les lieux éloignez, soit
au dedans, soit au dehors du R oyaume; c ’est enfin celle p o u r la b eauté de laquelle
tous les habiles ja rd in ie rs o n t toujours travaillé avec le plus d ’em p re ss
em e n t. e t celle qui est aussi de plus g ran d e u tilité p o u r ceux qui en élèvent
en vue d e les vendre ; la m a tu rité de chaque Poire de Bon-Chrétien esl des
mois entiers à se m ain ten ir en éta t, a tten d a n t ce semble p atiem m en t q u ’on luy
fasse l’h o n n eu r de l’em p lo y e r à l’usage auquel la n a tu re l’a d estin ée ... >> I.a
(Juint., In s tr . Jard. f r u it., p. 437 [4692].
«Les fru its so n t trè s -g ro s , les uns py rifo rin e s, les au tre s im itan t un peu la
Calebasse, la p lu p a rt figurés en pyramide tro n q u é e . Le-côlé de la tète est très-
renflé ; l ’oeil e s t placé dans une cavité large e t p ro fo n d e , souvent ovale ou
a p la tie , b o rd é e de bosses qui s’é te n d en t su r une p a rtie du fru it, e t y forment
des côte s, de sorte q u ’il e s t to u t anguleux. Le côlé de la q ueue d iminue beaum
coup de grosseur, sans se te rm in e r en p o in te ; il est tronqué o b liq u em e n t; la
qu eu e est o rd inairement longue de quinze lignes et un peu ch a rn u e à sa naissance
; elle e st plantée dans une cavité d o n t les bo rd s sont relevés de bosses
on côtes. Il sc trouve d e ces fru its qui o n t ju s q u ’à q u a tre pouces de d iam ètre
.sur six pouce s de h au te u r. La p e a u est fine, d ’un jau n e c la ir tiran t su r le vert
(lu côté d e l’om b r e , et frappée de rouge in c a rn a t du côlé d u soleil. La cha ir
e st fine e l ten d re , quoique cassante. L’eau e s t assez abondante, douce , sucrée,
cl même un peu p arfumée e t vineuse. Ce fru it commence à m û rir en janvier
e t d u re ju s q u ’au prin tem p s. S u r un même a r b r e , dont les b ra n ch es seroient
de différente fo^ce, différemment exposées, plus ou moins garnies de feuilles,
e tc ., on po u rro it trouver du Bon-Chrélien o rd in aire, du v ert, du d o ré , du
long, du ro n d , d ’Ausch, de Ve rnon, etc. » Duham., Arbr. f r u i t ., p. 412,
tab. 43 [4768].
«La Quintinye a proclamé le Bon-Chrétien la p remiè re des P o ire s; mais la
p ostérité, loujours épilogueuse, n ’a pas ratifié ce ju g em en t ; elle a même cru
voir que le ju g e avait agi dans son p ro p re in té rê t, en ce q ue, é ta n t obligé par
sa place à fournir des compotes à la table du roi p en d an t l ’h iv er, aucune Poire
n’éta it capable de lui en d o n n e r aussi longtemps que le Bon-Chrétien d ’hiver.
Le Bon-Chrétien esl ce q u ’on appelle avec ra ison u n fru it d’h iver ; il ne mûrit
jamais su r l’arb re dans noire climat, e t m êm e , p o u r l’o b te n ir d ’un beau volum
e , il faut le cu ltiv er co n tre un m u r k l ’exposition la plus ch a u d e . Quoique
sa forme , sa grosseur su rto u t v a rie n t un p e u , on le reconnaît toujours à sa
longue q u eu e , à sa dépression vers les d eu x tiers de sa h a u te u r c l au pointillé
de sa p eau , qui ro u g it trè s -ra rem en t au soleil e t prend un b eau ja u n e dans la
fru ite rie. On ne cueille ce fru it q u ’à la veille des g e lé e s , p a rc e qu ’il grossit
encore dans l ’arrière -saison, e t on ne doit commenc er à le m e ttre en consommation
qu ’au mois de jan v ie r ; si on en a une c e rta in e q u a n tité , on p o u rra en
m ange r ju sq u ’en ju in . Sa c h a ir est blanche, ferme, cassante, d ’un gra in plus
ou moins gros, fondant difficilement dans la b o u ch e , mais imprégnée d ’une
eau abondante, su crée, p arfumée e t souvent vineuse. Si ce fru it avait la chair
fine e l fondante, ce se ra it la Poire la plus délicieuse, mais il ra ch è te ce défaut
p a r sa longue garde el p a r la ressource q u ’il pro c u re aux offices lorsqu’il esl
ap p rê té e t cuit de différentes manières. » P o it., Pomol. fra n ç . [1846].
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