LE MANDRILL* .
c È Babouin (pl. X V I x v i l ) eft d’une laideur
défiigréable & dégoûtante ; indépendamment de fon nez
tout plat ou plutôt de deux nafeaux dont découle continuellement
une morve qu’il recueille avec la langue;
* Mandrill, nom que les Anglois qui fréquentent la côte de
Guinée, ont donné à cet animai , & que nous avons adopté.
Efpèce fingulière , que les Blaiics -de ce pftÿS de Guinée appellent
mandrill. Je'ne 'finnois rien 'dire de l ’origine de ce -nom , que je
n’avois ijamais entendu auparavant-; ceux même qui le nomment
ainll, n’en peuvent indiquer la raifon , à moins que ce ne loit à
caufe de la relîèmblance de cet animal avec l’homme, pendant qu'il
n’en a point du tout avec le finge. ( M an , en Anglois, veut dire
homme). Nouveau voyage de Guinée, par Smith, Paris , 1751», tome I ,
page 1 04.
Cercopithecus cynocephalus parte corporis anteriore longis pilis obfita
naß vio/aceo nudo, le Magot ou Tartaftn. Brilîon. reg. anim. pag. 2.14.
Nota. Il me paroît que M. Brilîon s’eft trompé; i . ° en donnant
à ce finge le nom de magot ou de tartarin qu’il auroit dû appliquer
à Ion finge cynocéphale ; a .0 en rapportant cet animal au cynocephalus
de Gefner. Icon. fig . pag. t) y , -au cynocephalus fecundus de
Jonfton, pag. 100, tab. y y , & a.u cynocephalus de Clufius Exotic,
page y j o : car les figures de ces trois Auteurs ne reffemblent point
au babouin dont il eft ici queftion, qu’il eft cependant aile de dillinguer
de tous les autres par les filions longitudinaux qu’il a fur la face &
que M. Brillon indique lui - même dans les termes luivans : « Son
33 nez, dit-il, eft fort gros , dénué de poils, cannelé félon là longueur,
& d’une couleur violette 33. Or ces caractères ne conviennent point
gu cynocéphale de Clufius, de Gelher & de Jonfton.
indépendamment de fon très-gros & long miifeau, de
fon corps trapu , de fes fefles couleur de fang & de
fon anus apparent, & placé, pour ainfi dire, dans les
lombes ; il a encore la face violette" & ftllonnée des
deux côtés, de rides profondes & longitudinales qui en
augmentent beaucoup la trifteiïe & la difformité ; il eft
auffi plus grand & peut-être plus fort que le papion,
mais il eft en même temps plus tranquille & moins
féroce ; nous donnons ici la figure du mâle (pl. x v i )
& de la femelle ( pl. x v i l ) , que nous avons vus vivans ;
foit qu’ils euflent été mieux éduqués, ou que naturellement
ifs foient plus doux que le papion, ils nous ont
paru plus traitables & moins impudens fans être moins
défagréables.
Cette efpèce de babouin fe trouve à (a côte d’Or &
dans les autres provinces méridionales de l’Afrique, où
les Nègres l’appellent boggo & les Européens mandrill;
il paroît qu’après l’orang-outang, c ’eft le plus grand de
tous les finges & de tous les babouins. Smith *, raconte
* Le corps du mandrill, lorfqu’il a pris fâ croiflânce , eft aufïi
gros en circonférence que celui d’un homme ordinaire ; les jambes
font beaucoup plus courtes & les pieds plus longs ; les bras & les
mains font dans fa même proportion ; la tête eft d’une grofleur monf-
irueufe ; la face large & plate , fins autres poils qu’aux fourciis ; le
nez eft fort petit, la bouche large & les lèvres font très-minces ; la
face qui eft couverte d’une peau blanche, eft d’une laideur effroyable
& toute ridée ; les dents font larges & fort jaunes ; les mains font
fans poil ; tout le refte du corps , à l’exception du vilàge & des mains ,
eft couvert de poil long & noir comme celui de l’ours ; ces animaux