L E C A L L I T R I C H E * .
V>Al l i t r iX eft un terme employé par Homère,
pour exprimer en général la belle couleur du poil des
animaux : ce n’eft que plufieurs fiècles après celui
d’Homèré que les Grecs ont en particulier appliqué
ce nom à quelques efpèces de guenons ou finges à longue
queue, remarquables par la beauté des couleurs de leur
poil ; mais il doit appartenir de préférence à celui dont
il eft ici queftion ( pl. x x x v n ). Il eft d’un beau vert
fur le corps, d’un beau blanc fur la gorge & le ventre ,
& il a la face d’un beau noir; d’ailleurs il fe trouve en
Mauritanie & dans les terres de l’ancienne Carthage :
ainfi il y a toute apparence qu’il étoit connu des Grecs
& des Romains, Si. que c’étoit l’une des guenons ou
finges à longue queue, auxquels ils donnoient le nom
de callïtrïx ; il y a d’autres guenons de couleur blonde
dans les terres voifines de l’Egypte, foit du côté de
l’Æthiopie, foit de celui de l’Arabie, que les Anciens
* Cercopithecus ex cinereo fiavefcens, genis, lotigis pilis albis obfitis.
Le Singe vert. Briß~. reg. anim. pag. 204.
Le Singe de I’île Saint-Jacques ; on donne fouvent J cet animal le
nom de Singe vert, & nous le diftinguons par ce nom; nos gens de mer
l’appellent en général le Singe de Saint-Jacques, parce qu’il fe trouve
dans cette île du Cap-vert. Ghnures d’Edwards, pag. 1 0, fig. ibid.
Aux îles du Cap-vert, il y a des finges à longue queue, qui ont
}g vjlâge noir. Voyage de Dampier, toute I V , page y 4 ,
ont
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ont aufli défignés par le nom générique de calliirix.
Prolper Alpin & Pietro délia Valle *, parlent dé ces
callitriches de couleur blonde ; nous n’avons pas vu
cette efpèce blonde, qui n’eft peut-être qu’une variété
de celle-ci ou de celle de la moue, qui eft très-commune
dans ces mêmes contrées.
Au refte, il paroît que le calliinche ou finge vert fe
trouve au Sénégal, auiïï-bien qu’en Mauritanie & aux îles
du Cap-vert. M. Adanfon rapporte que les environs :
des bois dePodor, le long du fleuve Niger, font remplis
de finges verts. « Je n’aperçus ces finges , dit cet
Auteur, que par les branches qu’ils cafloient au haut «
desarbres, d’où elles tomboient fur moi : car ils étoient «
d’ailleurs fort filentieux & fi légers dans leurs gambades, «
qu’il eût été difficile de les entendre ; je n’allai pas plus |j
loin , Se j’en tuai d’abord un, deux & même trois, lans «
que les autres paruffent effrayés ; cependant lorfque la «
plupart fe fentirent bleffés , ils commencèrent à fe «
mettre à l’abri ; les uns en fe cachant derrière les «
großes branches, les autres en defcendant à terre ; «
* Simium Callitrichum Cairi in cedibus habuimus, fekm magnam qua-
damtenus magnitudine cemulantem, prolixiori corporis figura, capite parvo
erat à 1 rotundo. . . . . corpore circa ilia gracilijjîmo, toto corpore rufo ruti-
love fpeâabatur, faciès vero humanæ fimilis fu it nigra, undique barbata
fed barba albi erat coloris. . . . . caudamque longam rutilamque habebat.
Prolp. Alp. Hifi. Ægypt. lib. IV, pag. 244, f i g . ab. X X , n.° 4. — J’ai
vu auffi dans le Caire plufieurs animaux vivans, comme des Callitriches
ou Guenons de couleur blonde, Voyage de Pietro délia Valle, tome I ,
page 401 .
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